Impact du changement climatique sur les expats : comment s'adapter ?

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Écrit par Asaël Häzaq le 23 octobre, 2024
S'il ne fait pas encore partie de la set-list du futur expat, le changement climatique s'est bien invité dans le plan de vie à l'étranger. Impossible aujourd'hui d'ignorer les conséquences de l'activité humaine sur l'environnement. Mais comment gérer un quotidien subitement bouleversé par la multiplication de phénomènes extrêmes ? C'est le défi des expatriés qui, comme les locaux, subissent les effets de la hausse des températures.

S'adapter à la canicule

Plus personne ne peut ignorer le changement climatique. Iles englouties, vagues de sécheresses et d'inondations, canicules à répétition… Les phénomènes extrêmes en côtoient d'autres, qui pourraient presque passer pour des attractions, s'ils n'étaient pas reliés à la montée des températures. Les expats et les locaux de Dubaï vous le diront. Entre mai et octobre, l'émirat suffoque. Le soleil brûlant presse les habitants dans les espaces climatisés. Les températures peuvent facilement dépasser les 40°. Les températures ressenties sont encore plus élevées : 50, voire plus de 60, comme l'ont indiqué les relevés du 17 juillet. 

Vivre dans une ville qui suffoque 

Que disent les expats ? Les plus anciens rappellent que l'émirat a toujours été l'une des régions les plus chaudes du monde. Mais il y a 50 ans, il était quasi désert au plus fort de l'été (l'été dure plus de 6 mois). Aujourd'hui, Dubaï est habitée toute l'année. Pour rafraichir l'atmosphère, le gouvernement a aménagé 800 m de « plages de nuit » en 2023. Une exception mondiale dont il se félicite et qui a vite conquis les habitants. La nuit, les températures chutent à 30°. Locaux et immigrés viennent se délasser en famille ou entre amis. Ils apprennent à composer avec leur nouveau quotidien : supporter la chaleur de la journée, en attendant un repos nocturne à la plage. Les touristes sont aussi de la partie et découvrent les joies de la baignade nocturne. 

La joie pourrait néanmoins vite tourner court. Les températures sont bien parties pour atteindre 50°. Et comment organiser ses journées ? Quand dormir, si la nuit devient une attraction ? Le gouvernement envisage-t-il, à terme, un changement radical dans l'organisation du travail ?

À cette canicule s'ajoutent d'autres phénomènes extrêmes, comme les pluies torrentielles qui ont frappé l'émirat dubaïote en avril dernier. À la même période, l'Europe (le continent qui se réchauffe le plus) enregistre un pic de chaleur sans précédent. La situation inquiète particulièrement en Espagne, autre pays favori des expatriés. Retraités et actifs le plébiscitent justement pour son temps ensoleillé. Mais avec des relevés dépassant les 35 °C, la réjouissance fait place à l'inquiétude. Avril 2023 s'était aussi ouvert sous une canicule printanière. Les immigrés voient le paysage espagnol se dégrader à mesure que passent les années. La canicule revient perturber l'été européen, notamment en Espagne. Les températures dépassent les 45° à l'ombre. Dans le sud du pays, elles frôlent même les 50°.

Changement climatique et inondations à répétition

Les expatriés prennent-ils en compte le climat du futur pays d'accueil ? Oui, lorsqu'ils sont sujets aux allergies ou qu'ils souffrent d'une pathologie spécifique, par exemple. Mais en règle générale, ils regardent plutôt aux perspectives d'emploi et au cadre de vie général. Malgré la hausse progressive des températures, l'Espagne reste plébiscitée par les expats. Les États-Unis sont toujours courtisés par les étudiants et travailleurs étrangers, malgré la multiplication de phénomènes climatiques extrêmes. L'un des derniers en date, l'ouragan Milton, a balayé la Floride dans la nuit du 9 au 10 octobre. Le gouverneur Ron DeSantis explique cependant que le bilan aurait pu être bien plus lourd. Quelques jours plus tôt, l'ouragan Hélène avait déjà frappé la Floride et une partie du Sud-Est des États-Unis. Plus tôt encore, en septembre, l'ouragan Francine avait déjà touché le Sud des États-Unis.

Expatriation : comment composer avec le réchauffement climatique ?

Comment organiser un quotidien perturbé par le changement climatique ? Les expatriés en Espagne apprennent à négocier avec la sécheresse et les restrictions d'eau. Séville a lancé l'expérience cet été, pour lutter contre le surtourisme. Mais la décision fait débat. Les habitants refusent de payer pour les surconsommations touristiques. Le manque d'eau est l'une des conséquences marquantes du réchauffement climatique en Espagne. Un problème qui bouleverse le quotidien des habitants. L'Espagne dépensera 12 milliards d'euros d'ici 2027 pour pallier le manque d'eau chronique.

Les autres pays européens subissent eux aussi les effets du réchauffement climatique. La France métropolitaine, qui attire retraités, étudiants et actifs étrangers, est une nouvelle fois frappée par des inondations de grande ampleur les 17 et 18 octobre. Du jamais vu en 40 ans, déplore le Premier ministre Michel Barnier. Coupures d'électricité, commerces et habitations sous les eaux, toitures arrachées… Le Sud, l'une des régions les plus attractives de France, est particulièrement touché et enregistre des records de cumul de pluie. Les expats de longue date constatent une augmentation des inondations depuis plusieurs années. Inondations et sécheresses. Comme l'Espagne, la France subit des vagues de canicule. Durant l'été 2023, 45 départements interdisent l'arrosage des jardins et le remplissage des piscines, sous peine de fortes amendes. Ils se situent principalement en région parisienne et dans le Sud-Est.

Conséquences du changement climatique sur le quotidien des expats

Le changement climatique a un impact bien réel sur le quotidien des expats. L'un des plus visibles concerne un poste de dépense essentiel : le logement. Certains étrangers reconsidèrent leur investissement immobilier après avoir subi plusieurs inondations. D'autres déménagent dans une ville plus sûre. La sécheresse cause aussi des problèmes, en fragilisant les murs. Comme les locaux, les résidants étrangers craignent pour leur sécurité et pour la valeur du logement. À cela s'ajoutent des frais d'assurance qui explosent et un projet de vie à reconstruire. 

Le problème de l'eau est tout aussi contraignant. Dans les villes touchées par les restrictions d'eau, on doit apprendre à vivre rationné. Il faut apprendre à comptabiliser les volumes d'eau utilisés pour se doucher, préparer ou entretenir la maison. Le changement climatique touche tous les aspects du quotidien. En Espagne, lézarder sur la plage fait toujours recette, mais pour combien de temps ? À certains endroits, le sable se fait rare. L'eau est surchauffée, le soleil, brûlant. Certains l'ont bien compris et désertent les traditionnels lieux touristiques pour trouver un peu d'air au nord du pays. C'est tout le modèle touristique de l'Espagne qu'il faudrait revoir. Un défi : le tourisme pèse plus de 10 % du PIB espagnol. 

Partir ou rester ?

Dans les autres États frappés par les changements climatiques, les expatriés se posent aussi la question. Pourraient-ils rester dans un État dont le climat devient hostile ? 

D'autres, au contraire, estiment qu'ils doivent rester au nom de la solidarité avec les locaux. Certains prennent en exemple la catastrophe de Fukushima. À l'époque, des voix au Japon avaient regretté la « fuite » des expatriés. Les Français avaient été parmi les premiers à quitter le pays. L'Ambassadeur de France au Japon évoquait 80 à 90 % de départs. Seuls 1 800 Français étaient restés, sur environ 9 000. Il ne faudrait bien sûr pas juger des réactions humaines compréhensibles devant pareille catastrophe. Au lendemain du drame, on craignait néanmoins que l'image des expats soit écornée par ces départs. Les étrangers sont finalement revenus ; le gouvernement japonais s'ouvre progressivement à l'immigration. En 2024, le Japon compte 3,2 millions d'étrangers (2,6 % de la population). Ils étaient moins d'un million (1,6 %) en 2016. 

A propos de Asaël Häzaq

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.