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Découvrez les pays les plus ouverts et tolérants envers les étrangers

groupe de personnes multiculturelles
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Écrit parAmeerah Arjaneele 24 Mars 2025

Aujourd'hui encore, partir vivre à l'étranger expose trop souvent à la discrimination. Pourtant, comme le révèlent plusieurs études récentes, certains pays se distinguent nettement par leur inclusivité et leur faible taux d'incidents discriminatoires envers les expatriés. Ces destinations offrent ainsi un environnement plus sûr et bienveillant à ceux qui franchissent le pas de l'expatriation.

Le point sur la xénophobie : de quoi parle-t-on exactement ?

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il faut différencier deux notions souvent confondues : la xénophobie et le racisme. La xénophobie, du grec « xenos » (étranger) et « phobie » (peur), se manifeste par un rejet des personnes venues d'ailleurs. Concrètement, un expatrié peut en faire les frais aussi bien dans sa vie quotidienne (difficultés à se faire accepter dans son quartier ou à nouer des liens sociaux) que dans ses démarches administratives : obstacles à l'évolution professionnelle ou galère pour trouver un logement.

Le racisme, quant à lui, relève d'une tout autre logique. Comme le souligne le Migration Research Hub, il s'agit d'un sentiment de supériorité qui vise les personnes d'une autre origine ethnique, qu'elles soient étrangères ou non. Bien sûr, ces deux formes de discrimination peuvent se cumuler, notamment pour les expatriés issus des minorités visibles. On l'a particulièrement constaté pendant la crise du COVID-19, où les ressortissants chinois ont subi une double peine aux États-Unis comme au Royaume-Uni.

Les pays réputés pour leur ouverture envers les expatriés

Si le risque zéro n'existe pas en matière de discrimination, certains pays tirent leur épingle du jeu. Leur réputation repose sur des critères concrets : peu de signalements d'actes discriminatoires aux autorités et une population locale majoritairement ouverte à la mixité sociale. Les données que nous présentons s'appuient sur trois études de référence : le World Values Survey, Schengen Visa Info et US News. Certaines se sont davantage penchées sur l'équité raciale que sur la xénophobie pure, mais les deux problématiques sont étroitement liées. Point commun entre ces pays : aucun n'est actuellement dirigé par un gouvernement d'extrême droite cherchant à faire des étrangers les boucs émissaires des problèmes économiques.

La Nouvelle-Zélande en tête du peloton

Véritable championne de l'accueil, la Nouvelle-Zélande truste systématiquement le podium des pays les plus ouverts. Une enquête de l'Université Victoria de Wellington révèle que sa réputation de tolérance attire particulièrement les travailleurs qualifiés, qu'ils viennent d'Inde, d'Irlande, du Royaume-Uni ou d'Afrique du Sud. L'étude US News lui décerne des notes exceptionnelles (plus de 90 %) sur des critères clés comme la justice sociale, les droits humains et l'équité raciale.

Le pays affiche des chiffres éloquents : 29 % de sa population est désormais composée d'expatriés, soit 14 millions de personnes. Selon Stats NZ, le solde migratoire a bondi de 39 100 personnes entre 2023 et 2024 (les données 2025 ne sont pas encore disponibles). Venus principalement du Royaume-Uni, de Chine, des Philippines, d'Afrique du Sud et d'Australie, ces nouveaux arrivants illustrent la diversité recherchée par le pays. Les secteurs de l'informatique, de la santé et des métiers qualifiés sont particulièrement prisés. Seul bémol : les expatriés asiatiques subissent encore parfois des actes xénophobes, mais ces incidents restent bien plus rares qu'ailleurs.

Le Canada : un modèle qui s'essouffle ?

À l'instar de la Nouvelle-Zélande, le Canada s'est forgé une solide réputation de terre d'accueil. L'étude US News 2024 lui attribue d'excellentes notes en matière de droits humains, d'équité raciale et de justice sociale.

Ces dernières années, Ottawa a misé sur une politique d'ouverture : assouplissement des règles d'immigration et renforcement des dispositifs d'intégration. Résultat : en 2024, le pays a accueilli environ 400 000 nouveaux arrivants, principalement des pays asiatiques (Inde, Chine, Philippines). Au-delà des incontournables Toronto, Vancouver et Montréal, devenues de véritables métropoles cosmopolites, les expatriés s'aventurent désormais dans des régions moins connues comme l'Alberta et la Nouvelle-Écosse.

Mais depuis 2024, le vent tourne. Face à la montée du chômage et aux difficultés économiques, le modèle canadien montre ses limites. Pour la première fois en plus de dix ans, le gouvernement prévoit de réduire l'immigration de 20 % en 2025. Les quotas devraient continuer à baisser dans les années à venir, pour atteindre environ 300 000 visas par an. Plus inquiétant encore : on observe une recrudescence des actes xénophobes, particulièrement envers la communauté indienne, première nationalité représentée parmi les nouveaux arrivants. Malgré ces nuages, le Canada reste globalement plus accueillant que son voisin américain.

L'Espagne : la bonne surprise européenne

L'étude 2024 de Schengen Visa Info sur le racisme en Europe réserve une surprise : c'est l'Espagne qui décroche la palme du pays le plus accueillant. Cette performance s'explique notamment par un arsenal juridique musclé : le Code pénal espagnol considère désormais la motivation raciste ou xénophobe comme une circonstance aggravante. Selon l'Agence des droits fondamentaux de l'UE, le taux de harcèlement raciste y plafonne à 16 %, un chiffre relativement bas.

Le pays séduit particulièrement les nomades numériques en quête de douceur de vivre et de coût de la vie abordable. L'Espagne attire aussi naturellement les Sud-Américains et les Nord-Africains, notamment les Marocains, liens historiques obligent. Depuis les années 2000, une importante communauté chinoise s'y est installée, comptant aujourd'hui plus de 200 000 personnes. Si les expatriés de confession musulmane et sud-américains rapportent davantage de discriminations que les autres communautés, le climat reste globalement plus serein qu'ailleurs en Europe.

La Suède : le modèle nordique

Médaille d'argent de l'étude Schengen Visa Info et quatrième du World Values Survey, la Suède fait figure de bon élève en matière d'accueil des étrangers.

Son point fort ? Une politique d'intégration visionnaire, notamment dans l'éducation. Dès les années 70, bien avant ses voisins européens, le pays a mis en place Mother Tongue Instruction (MTI), un enseignement multilingue pour les enfants d'expatriés. Aujourd'hui, les cours en langue maternelle sont proposés dans plus de 160 langues (arabe, somali, serbo-croate...) aux moins de 18 ans. Une initiative qui facilite leur adaptation au système scolaire suédois sans sacrifier leurs racines.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2023, 20 % des Suédois (soit 2,7 millions de personnes) sont nés à l'étranger. Mais comme partout, le tableau n'est pas idyllique. La réserve naturelle des Suédois, très attachés à leur intimité, peut freiner l'intégration des nouveaux arrivants. Plus préoccupant : la montée en puissance de l'extrême droite ces dernières années fait craindre une résurgence de l'islamophobie et de l'antisémitisme.

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A propos de

Ameerah est chargée de cours et tutrice privée enseignant l'espagnol et le mandarin à l'île Maurice. Elle a aussi été traductrice indépendante, éditrice et rédactrice de contenu pendant une décennie. Elle a vécu à Madrid et à Pékin.

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