Jenny a passé la majeure partie de sa vie à Québec avant que lui vienne l'envie de voguer vers de nouveaux horizons. Ce n'est qu’après la naissance de leur deuxième enfant que son époux et elle décident de s'envoler pour la Californie. Maman au foyer, elle ne s'ennuie pas, avec une boutique en ligne, un blog et plein d’activités à faire en famille. Ayant à présent obtenu sa carte verte, elle revient sur son périple et en parle à Expat.com.
Bonjour Jenny, peux-tu te présenter brièvement et nous parler de ton parcours ?
Je suis Québécoise et j'ai vécu la majorité de ma vie dans la banlieue de Québec. J'ai travaillé pendant de nombreuses années comme secrétaire pour le compte du gouvernement provincial. Après l'arrivée de ma deuxième fille, j'étais principalement mère au foyer et j'avais un petit studio de photos au sous-sol. Je suis une passionnée de photographie. Nous sommes cependant arrivés à un moment de notre vie où nous avions besoin de changement, de profiter de la vie autrement. Nous nous sommes alors penchés sur les différentes possibilités avant de choisir de migrer vers les palmiers, dans le Sud.
Qu'est-ce qui t'as attirée vers la Californie ? Depuis combien de temps vis-tu aux États-Unis ?
La température a été un élément décisif. Par la suite, mon conjoint a fait des démarches et décroché un emploi dans le sud de la Californie. Nous voulions un endroit où la température serait plus clémente qu'au Québec. Je n'aime pas tellement les froids intenses de février et l'hiver interminable du Québec. Mon conjoint avait également fait plusieurs voyages d'affaires en Californie. Nous y sommes depuis bientôt 6 ans.
Quelles étaient les formalités à remplir pour que tu puisses t'installer aux États-Unis ?
Je dispose de combien de temps pour en parler ? Sérieusement, les démarches étaient nombreuses, mais surtout longues et incertaines. Une fois que l'on a décroché un emploi, il faut obtenir le visa de travail qui, à lui seul, prend plusieurs semaines ! Ça nous avait l'air interminable. Il faut ensuite faire approuver le visa de travail (en traversant la frontière). Vient ensuite le déménagement de toute la famille. Cinq ans plus tard et après quelques renouvellements de visa, nous avons finalement obtenu notre carte verte.
Parles-nous de ce que tu aimes le plus et le moins aux États-Unis.
J'aime beaucoup la température de la Californie. J'aime aussi le fait que nous soyons dans un endroit où il y a des gens de partout. C'est assez facile de s'y sentir bien. Selon mes expériences depuis toutes ces années, les gens sont très compréhensifs. Mon niveau d'anglais n'était pas très bon à mon arrivée, mais je dois dire que la plupart des gens sont très patients (épicerie, médecin, école, etc.) Parfois, il est même difficile de trouver quelqu'un qui est natif de la Californie.
Je dois avouer qu'au départ, dès que je croisais quelqu'un d'étrange, j'avais peur qu'il puisse être armé, mais ça s'éteint au fil du temps parce que nous sommes dans un environnement sécuritaire (je ne me sens pas plus en danger que l'endroit où je vivais à Québec). Un autre aspect qui m'agace un peu, c'est le conté où nous habitons. Je ne suis pas chaude à l'idée que mes filles grandissent dans un endroit un peu plus superficiel (parce que non, ce n'est pas généralisé, mais le paraître et le besoin d'avoir une bonne performance est bien présent). Qui plus est, le logement est hors de prix ! Ce n'est pas l'idéal pour de jeunes adultes. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui ont grandi ici et qui s'éloignent par faute de moyens, contrairement au temps de leurs parents où les coûts de l'immobilier étaient plus accessibles.
Peux-tu nous décrire la Californie en une phrase ?
C'est un endroit où il y a un nombre incalculable et diversifié d'endroits à découvrir, où la température n'est à peu près jamais un problème et où nous nous sentons bien.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée en Californie ?
Les grandes lignes de notre mode de vie sont tout de même comparable à celui que nous avions au Québec, mais la température n'est plus vraiment un sujet de conversation au quotidien, ou une contrainte.
J'ai aussi trouvé que les gens, dans mon milieu, étaient très ouverts et compréhensifs. Les gens sont généralement curieux de connaître l'histoire qui nous a menés ici plutôt que de s'impatienter parce que j'éprouve des difficultés à répondre en anglais.
Est-il difficile de trouver un logement en Californie ? Quels sont les types de logements disponibles pour les expatriés ?
Ce n'est pas si difficile de trouver un logement, du moins, là où j'habite. En revanche, c'est très dispendieux. Il est possible de louer des appartements, des condos et de nombreux propriétaires louent aussi leurs maisons. Le loyer pour un appartement de deux chambres tourne autour de 1 600$ par mois. Si vous êtes seul, louer une chambre dans une maison pourrait être une bonne option : le coût est plus raisonnable.
Que penses-tu du mode de vie en Californie ?
J'avoue que le mode de vie me semble assez effréné ici. Les gens travaillent énormément, le paraître semble être important pour plusieurs, mais nous avons un rythme de vie à notre image, soit un bon équilibre famille/travail. L'important, c'est d'y aller avec notre instinct et nos valeurs.
Quels sont les moyens de transport disponibles en Californie ? Comment te déplaces-tu ?
Le système de transport en commun n'est pas au top. Au Québec, par exemple, il y a un transport pour les écoliers alors qu'ici, les gens conduisent leurs enfants à l'école. Cela m'a un peu étonnée du point de vue écologique.
As-tu eu des difficultés à t'adapter à ton nouvel environnement et à la société américaine ?
Pas tant que ça, si ce n'est que la langue n'est pas ma langue maternelle. Malgré quelques différences, ce n'est pas un changement trop drastique par rapport à nos habitudes québécoises.
A quoi ressemble ton quotidien d'expatriée en Californie ?
Difficile de dire à quoi ressemble mon quotidien d'expatriée. De quoi aurait l'air mon quotidien au Québec à l'heure actuelle ? Je ne le sais pas ! Je pense que dans l'ensemble, ça serait semblable. Je suis maman au foyer, je travaille sur mes petits contrats et projets personnels quand les enfants sont à l'école. Je m'occupe de faire les courses, prendre les rendez-vous, suivre les enfants dans leurs différents loisirs. J'ai aussi du temps pour m'entraîner et organiser nos voyages en famille. Je fais mes petites affaires, seule (c'est la grosse différence), sans la famille et les amis de longue date.
Que fais-tu de ton temps libre ?
Pendant les heures de classe, je travaille sur des projets personnels et je fais du bénévolat à l'école de mes enfants. La fin de semaine, nous en profitons pour sortir, découvrir de nouveaux restaurants, faire des randonnées ou aller à la plage. J'ai récemment ouvert ma boutique de photographie. J'adore aussi cuisiner et voyager. Ce sont les trois choses qui m'occupent le plus pendant mon temps libre.
Quelles nouvelles habitudes as-tu adoptées en Californie ? Quelles vieilles habitudes as-tu abandonnées ?
Aller prendre un café avec ma mère de temps à autre. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres : souper familial, spectacles avec mes sœurs, soirée à jaser avec ma belle-sœur, baignade avec les amis, etc. Ce sont des habitudes à laisser tomber, ça va de soi. Je dirais même que c'est un deuil à faire.
J'ai certainement de nouvelles habitudes, que j'attribue plutôt au fait que notre vie change comme celle de toutes les familles : les enfants qui grandissent, notre emploi du temps qui change, les différentes opportunités qui se présentent, etc.
Quel est ton avis sur le coût de la vie en Californie ? Combien coûte un trajet en bus, une bière, ou encore, un bon pain ?
Le coût de la vie en Californie varie beaucoup selon la situation géographique. Dans notre coin, les coûts de l'immobilier et des services de garde sont élevés. Compte tenu du fait que nous sommes plus près de la mer, il y a peu de maisons qui se vendent à moins d'un demi-million de dollars, mais il suffit de traverser la montagne pour que les coûts soient moins importants. Pour la nourriture, à mon avis, c'est comparable à ce que je payais au Québec. Nous payons cependant pratiquement le tiers du prix pour les boissons. Les soins esthétiques (coiffeuse, esthéticienne, massothérapeute), sont aussi plus dispendieux. Vu le coût des loyers, ce n'est pas très surprenant.
Y a-t-il quelque chose que tu voudrais faire aux États-Unis mais dont tu n'as pas encore eu l'occasion ?
J'ai toujours eu en tête de faire un long road trip pour me rendre à Québec.
Si tu pouvais repartir à zéro aux États-Unis, que ferais-tu différemment ?
Je tenterais de réagir différemment face à la réaction de mon enfant, mais c'est probablement plus facile à dire qu'à faire. Nous étions tous dans un nouvel environnement et nous avons fait de notre mieux pour traverser la tempête du début.
Dans un autre ordre d'idées, nous n'aurions pas fait déménager la voiture. C'était très coûteux !
Que penses-tu de la cuisine locale ? Quelles sont tes spécialités préférées ?
Il y a beaucoup de mexicains ici et, pour nous, les plats et l'ambiance d'un restaurant mexicain sont reliés aux vacances dans le Sud. On peut à présent se sentir en vacances plus souvent.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à ton pays d'origine ?
Mis à part la famille et mes amis proches, certains aliments, les ressources en français (livres, musiques) et le monde culturel du Québec (spectacle d'humour, théâtre, etc.) me manquent.
Es-tu déjà arrivée à un point de vouloir quitter les États-Unis? Comment as-tu surmonté cette épreuve ? Qu'est-ce qui te retient aux États-Unis ?
Oui, moins de 3 mois après notre arrivée. Notre fille aînée, qui avait 5 ans à l'époque, a eu une réaction très forte à ce changement et je voulais tout simplement retrouver ma vie d'avant. Maintenant, tout va mieux et nous aimons beaucoup le mode de vie que nous nous sommes créé au fil des années. De temps en temps, on se pose des questions sur ce qu'on pourrait faire dans les prochaines années, sans vraiment avoir de réponse.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs expatriés aux États-Unis ?
Bien que le mode de vie puisse être similaire au vôtre, il faut bien prendre le temps de s'adapter. Aller vivre dans un autre pays demande une adaptation pour toute la famille. Toutes ces petites habitudes que nous avons à la maison, le quotidien, il faut le retrouver, ou s'en créer un nouveau au fil du temps. Cela ne se fait pas en deux semaines. Si en plus vous étiez proche de votre famille, c'est un gros changement à prévoir. Malgré tout, je conseillerais, à ceux qui veulent tenter l'expérience, d'oser et de foncer. Vous y vivrez peut-être la plus belle expérience de votre vie !
Je conseillerais aussi d'avoir un petit peu d'argent de côté, parce que si vous arrivez d'un autre pays, votre cote de crédit est à refaire. Il nous a fallu laisser des dépôts partout (cellulaire, logement, etc.). Ça monte vite !
Tes projets d'avenir ?
J'ai des projets de voyage qui devraient se concrétiser dans les deux prochaines années et j'ai ma boutique de photos en ligne que je vais développer. Pour le reste, je suis ouverte à ce que la vie m'amènera. Je n'ai rien de précis en tête pour le moment.
Y a-t-il une chose que tu souhaiterais ramener avec toi en quittant les États-Unis ?
Je ramènerais quelques amis, les palmiers, la mer et la chaleur.