D'où viens-tu, Michaël, et que fais-tu dans la vie ?
Je suis né de père français et de mère italienne, et fut naturalisé Belge. Fils de la vallée de la Meuse et du bassin liégeois en particulier, j'y suis né, j'y ai grandi et étudié jusqu'à achever un cycle universitaire couronné par l'obtention d'une licence en anthropologie de la communication. Après avoir travaillé dans les domaines des télécommunications, des droits humains, de la culture et de l'enseignement, j'ai fait le grand saut vers l'Algérie où j'enseigne également, selon ma vocation.
Comment s'est passée ton installation en Algérie ?
Mon installation en Algérie s'est faite assez simplement, selon une procédure de demande d'octroi de carte de résident, valable trois mois, trois fois consécutivement, puis deux ans et, à terme, renouvelable de dix ans en dix ans. Cette procédure fait notamment place à une enquête de police. Mon déménagement pour Annaba a remis les compteurs à zéro. Je fais donc à nouveau l'objet d'une procédure de reconduction de carte de séjour valable trois mois et renouvelable.
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'un citoyen belge puisse vivre en Algérie ?
Pour m'établir en Algérie, j'ai préalablement dû demander à être rayé du registre national belge, ce qui s'est fait par une simple prise de rendez-vous au bureau de la population de la commune où je vivais en Belgique.
Qu'est-ce qui t'a attiré vers Annaba ?
Le choix d'Annaba fut tout à fait fortuit, puisque c'est de cette région que provient mon épouse, que j'ai décidé de rejoindre après qu'elle ait fait l'objet d'un signalement dans tout l'espace Schengen, signifiant notamment un refus d'accès au territoire belge suite à une demande de visa en vue de mariage en Belgique.
Le fait de vivre parmi les musulmans a également participé à mon choix de me rendre en Algérie. Par la suite, le mode de vie citadin a rencontré ma préférence par rapport à la vie rurale de la ville où résidait mon épouse, qui travaille d'ailleurs à Annaba.
Depuis combien de temps t'y es-tu installé ?
Je m'y suis donc installé de façon régulière depuis le 1er janvier 2012. Mon statut civil, en date du 7 janvier 2011, est celui d'homme marié, selon acte consulaire et acte religieux musulman. Il aura fallu plus de trois ans, et de coûteuses et laborieuses procédures en justice, pour que la transcription de ce mariage soit actée en droit belge.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée à Annaba ?
Lors de mon arrivée à Annaba, une nuit d'hiver, j'ai été agréablement surpris par la clémence du climat et la gentillesse des habitants. La journée, la luminosité typiquement méditerranéenne m'a enchanté. Par contre, la saleté et la poussière mêlées de sable m'ont quelque peu incommodé, ce qui s'est d'ailleurs traduit par le développement d'allergies et de problèmes respiratoires. L'intensité du trafic routier et la dangerosité de la conduite des automobilistes furent également une découverte.
As-tu eu des difficultés à trouver un logement ?
Pour mon logement, j'ai été dans un premier temps pris en charge par mon beau-père, avant de m'installer avec mon épouse dans un appartement d'un quartier résidentiel d'Annaba. L'une des caractéristiques des locations en Algérie est la nécessité de payer par avance 1 an de loyer. Le système de caution locative et de paiement mensuel ne font pas partie de la mentalité locale.
L'immobilier privatif est d'ailleurs quasiment au même prix que celui de Belgique, pour un niveau de vie de 7 à 10 fois inférieur. Faites le calcul et vous comprendrez mieux la crise du logement à laquelle est confronté le pays, avec une population ayant presque quadruplé en une cinquantaine d'années. Pour ces quelques raisons, nous avons décidé de nous porter acquéreurs d'un appartement vendu sur plan en cours de construction auprès d'un promoteur immobilier.
Que penses-tu du mode de vie des Algériens, particulièrement à Annaba ?
Le mode de vie, selon ce que j'en ai perçu, est assez nonchalant, les terrasses des cafés étant bondées en permanence. Autant la course aux richesses est une réalité pour certains, autant elle est délaissée par d'autres, malgré les énormes opportunités et potentialités du pays. En effet, il est étonnant pour moi de constater qu'il faille faire appel à une main d'œuvre étrangère, essentiellement asiatique, pour réaliser des travaux locaux. Maintenant, il est vrai que les Algériens ne sont pas réputés pour être des « bêtes de travail », le strict nécessaire, sans souci véritable du lendemain, leur suffisant la plupart du temps.
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
Le caractère dur des Algériens. Autant ils peuvent se montrer véhéments, autant cela n'est que rarement suivi d'actes. Beaucoup de bruit pour rien, en somme.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Mes difficultés d'adaptation tiennent principalement à la confusion entretenue entre religion et culture, à ma connaissance boiteuse de la langue locale, et en un trait de caractère indéniable des Algériens : leur patriotisme frisant le nationalisme.
A quoi ressemble ton quotidien à Annaba ?
Mon quotidien est ponctué par le temps que je passe sur Internet pour les besoins de mes recherches et de ma formation de web designer, et les soins ou devoirs m'incombant en tant que père de jumeaux. En soirée, il me plaît encore bien d'aller marcher le long de la plage, pour y jouir du plaisir simple d'écouter les vagues s'échouer, ou bavarder avec les anciens et les jeunes du cru tout en sirotant un thé vert et grignotant des arachides.
Quels sont les loisirs qui y sont disponibles ?
En matière de loisirs, la réalité algérienne est à mille lieues de la réalité belge, les quelques rares activités que j'ai pu approcher tenant essentiellement aux activités proposées par l'Institut français ou le théâtre national. Quelques clubs sportifs et une piscine municipale agrémentent le tout. Sinon, les Algériens vivent beaucoup pour le football.
Qu'est-ce qui te plaît le plus à Annaba ?
Comme je l'ai déjà mentionné, l'un de mes plaisirs simples tient en la promenade matinale ou vespérale, et la luminosité typique de la région contribue grandement à me donner de la bonne humeur. Le vendredi est exclusivement consacré à la prière et la rencontre avec des frères en Allah qui me sont chers. L'entente de l'Adhan (appel à la prière) suscite chez moi la plus grande révérence.
Un évènement particulier que tu voudrais partager ?
Parmi les évènements particuliers qui m'ont marqué, le sacrifice fait l'an dernier lors de la fête du sacrifice (Aïd el kebir) fut pour moi un grand traumatisme, puisque j'ai assisté pour la première fois de ma vie à l'égorgement et au dépeçage d'une bête.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Annaba et en Algérie en général ?
J'ai constaté qu'il ne cesse d'augmenter d'année en année, et que certains produits non-subsidiés sont au prix coûtant de l'Europe. Un produit considéré luxueux tel que le chocolat, par exemple, affiche des prix rédhibitoires. Quant à des produits ou services de base, tels que le pain, les journaux, les courses en taxi, ils ont varié à la hausse selon des proportions allant sur deux-trois ans de 50 à 200 %.
Quelles sont les différences entre la vie en Algérie et celle dans tons pays natal ?
Comparons ce qui est comparable. La Belgique figure parmi les pays de tête de peloton mondial, en dépit de la crise, tandis que l'Algérie reste un pays du Tiers-Monde. Dès lors, il est illusoire, et j'en étais averti d'emblée avant de m'y installer, de vouloir y trouver les commodités, notamment en matière d'hygiène, de nos contrées belges. Ceci dit, il peut être surprenant d'y trouver des choses qui n'existent pas là-bas, notamment sur le marché de l'automobile. Enfin, la qualité gustative de certains produits de large consommation dépasse, de loin, celle du plat pays.
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Algérie ?
Un conseil principal à apporter aux personnes désireuses de venir s'installer en Algérie : ne jamais sous-estimer leurs capacités, et adopter une attitude empreinte tout à la fois d'humilité, de méfiance et de profond respect. Trois clés pour accéder au cœur de ces habitants éprouvés par les vicissitudes de la vie mais qui peuvent s'avérer les pires ou les meilleurs vis-à-vis.
Tes projets d'avenir ?
Mes projets d'avenir sont intrinsèquement liés à ceux de mon épouse : à savoir la constitution d'une famille heureuse, une vie paisible, et des voyages...
Si vous souhaitez participer aux interviews, contactez-nous.
Participer