Originaire d'Australie et riche d'une longue carrière de psychologue spécialisée en traumatisme, venant en aide aux victimes d'abus, Stéphanie décide de mettre le cap sur l'Europe après avoir rencontré l'amour de sa vie, un Français. Même si sa carrière lui manque de temps en temps, elle occupe aujourd'hui un poste à plein temps mais beaucoup moins stressant : celui de maman de deux enfants ! Stéphanie parle à Expat.com de son expérience en tant que « conjoint suiveur » et donne de précieux conseils à tous ceux qui ont des avis et sentiments mitigés sur la question : faut-il réellement mettre un terme à sa carrière ou est-il possible de se reconvertir graduellement ?
Arrêtez de vous culpabiliser
Gardez bien en tête que personne ne peut vous juger pour avoir laissé tomber votre carrière afin de faire de votre famille votre priorité. En réalité, vous êtes le seul à vous juger et, ainsi, vous faire du tord sans vous en rendre compte. Ne pas utiliser un diplôme qui vous a pris tant d'années et d'efforts est loin d'être un échec. Il est inutile de vous donner l'impression d'avoir perdu les 10 dernières années pour passer le reste de votre vie en tant que conjoint suiveur, ou encore, femme au foyer. Bien au contraire ! Tout ce que vous avez accompli font de vous ce que vous êtes aujourd'hui et rien au monde ne peut le changer. D'une manière générale, l'on a tendance à être plus dur envers soi-même. Cependant, ceux qui osent nous juger sans véritablement connaître notre parcours ne méritent pas notre culpabilité.
On ne peut pas tout avoir
Évidemment, on en trouve partout les couples qui arrivent à concilier carrière fructueuse avec famille heureuse. C'est tout à fait possible ! Poursuivre sa carrière à l'étranger ne veut pas forcément dire que sa famille, voir ses enfants, seront malheureux. En revanche, il faut bien reconnaître que le succès de l'un des conjoints a un impact significatif sur la vie et les émotions l'autre. La balance peut changer du jour au lendemain en fonction de nos priorités mais cela ne veut pas dire qu'il est impossible d'avoir à la fois une riche carrière et des enfants pleinement épanouis. Il suffit de se dire qu'on ne peut pas tout avoir dans la vie et que, bien souvent, il a un choix à faire.
Ne vous laissez pas engloutir par le ressentiment
Il est tout à fait normal d'éprouver du ressentiment de temps en temps. Pour ma part, il m'arrive d'envier mes copines célibataires lorsqu'elles sortent dîner ou mon époux quand il s'embarque dans une nouvelle aventure professionnelle. Je reconnais ne plus être la jeune femme ambitieuse ayant des horaires de travail fous mais qui arrive à sortir prendre un verre de temps en temps avec ses collègues ou amis. Si je le fais, je dois m'organiser avec au moins un mois d'avance. Tous les jours en rentrant, je deviens la maman qui va retrouver ses enfants, l'un qui lèche la vitre de la fenêtre pendant que l'autre rigole avec hystérie en jouant avec ses orteils. Mais quand j'y pense, je ne changerai cela pour rien au monde. Je pense que nous avons tous eu des moments particulièrement spéciaux dans notre vie, cependant, avoir la nostalgie ne veut pas forcément dire que c'est comme cela que les chosent devraient être. Et puis, le fait d'avoir des enfants ne veut pas dire que l'on doit se renfermer sur soi-même et qu'on ne peut plus profiter de la vie. Je pense que c'est plus une question de choix.
Le sacrifice est un travail d'équipe
Mettre un frein à sa carrière ne signifie pas que l'un des conjoints a fait un sacrifice plus important que l'autre. Il faut se rendre compte qu'être un couple veut aussi dire être une équipe. Avant de prendre cette décision, mon époux et moi avons pesé le pour et le contre. Nous avons évalué nos carrières respectives et nos priorités en termes d'opportunités futures, d'apport financier, de destination, parmi tant d'autres facteurs. Nous avons préféré que ce soit lui qui poursuive sa carrière pendant que je mets un frein au mien, sans pour autant se dire que je n'aurai plus jamais de nouvelles opportunités. S'il est vrai que je me suis sacrifiée pour lui, il n'en a pas fait moins. Dans certains cas, l'un des deux conjoints a le devoir d'être plus flexible que l'autre mais au final les efforts proviennent des deux côtés. C'est toujours un quid pro quo, mais en faire le compte ne fera qu'empirer la situation. Le ressentiment peut résulter en une sorte de compétition entre les deux conjoints. La meilleure des choses est de rester soudés quoi qu'il arrive et de surmonter les défis ensemble. Aucun des deux conjoints ne doit se martyriser.
Pour ma part, je sais que je n'aurais plus jamais la même carrière compte tenu de mes nouvelles priorités et de mes objectifs en tant que maman. Je sais que je n'aurais pas pu assumer pleinement ces deux rôles comme il se doit. En revanche, je suis persuadée d'avoir encore beaucoup à offrir et que ce n'est pas réellement la fin de ma carrière. Il me reste encore plein de défis à relever et de nouvelles aventures à vivre, une fois que mes enfants auront grandi et qu'ils seront devenus plus autonomes. Pour l'instant, je profite de l'instant présent avec eux et mon époux. J'avoue qu'ils sont ce que j'ai de plus précieux, même si je n'ai pas tout ce que j'aurai souhaité avoir. Je m'estime chanceuse pour tout ce que la vie m'a offert jusqu'à présent.