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Expatriation en 2025 : à quoi s'attendre ?

entretien d'embauche
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Écrit parAsaël Häzaqle 27 Décembre 2024

Dans un contexte de déclin démographique et de pénuries de main-d'œuvre toujours présentes dans les secteurs clés, les grandes destinations d'expatriation continueront de privilégier l'immigration des étrangers qualifiés et très qualifiés. En toile de fond, l'intelligence artificielle, dont la sphère de compétence s'étend à de plus en plus de secteurs professionnels. Analyse.

Expatriation : encore plus de recrutements dans l'IA en 2025

Les 10 et 11 février 2025, Paris accueillera pour la première fois le Sommet pour l'action sur l'Intelligence Artificielle (IA). L'évènement mondial accueillera des chefs d'État, de gouvernement, et de grandes figures de l'IA. On attend notamment Donald Trump et Elon Musk. Sa lettre de mars 2023 encourageant les entreprises à marquer une pause dans le développement des IAs n'est plus d'actualité. Avec sa société xAi (créée en juillet 2023…), il entend, avec son IA Grok, imposer une nouvelle vision de la liberté d'expression, bien éloignée de celle d'OpenAi, qu'il juste trop progressiste (pour rappel, Musk a quitté OpenAi en 2018).

En 2025, on estime qu'environ 100 millions de personnes dans le monde travailleront dans l'IA. Pour les expatriés et futurs expats, l'IA fait naître autant d'espoirs que d'interrogations. D'un côté, le développement de l'IA crée de nouveaux emplois, premièrement dans la Tech, mais pas seulement. 

En 2025, les experts en cybersécurité, data scientists, ingénieurs cloud, ingénieurs développeurs, ingénieurs en machine learning, roboticiens, et chef de projet technologies de l'information (TI) feront partie des professionnels les plus recherchés à l'international. Le secteur de l'IA au sens strict recrutera davantage d'experts en IA, de cryptologues et d'ingénieurs roboticiens. Le large secteur de la data vise des entreprises de tous les secteurs. Avec les data scientists, les ingénieurs data, développeurs Big Data, analystes forensiques (investigation numérique) et ingénieurs en business intelligence seront également très recherchés. Outre les chefs de projet, les TI embaucheront davantage de Responsables Sécurité des Systèmes d'Information (RSSI), d'ingénieurs systèmes et réseaux et de responsables infrastructures.

Industrie de demain, énergies vertes et recrutements internationaux

Selon les spécialistes, l'IA propulse l'industrie dans une nouvelle révolution. Les recrutements à l'échelle mondiale chercheront des spécialistes IoT (Internet des Objets), des ingénieurs en robotique, des techniciens en maintenance connectée, des chefs de projet en transformation industrielle et des analystes-programmeurs en informatique industrielle.

2025 est aussi une année cruciale pour l'environnement. Le 22 mars, le World Wildlife Fund (WWF) organise la « Earth Hour », la plus grande mobilisation citoyenne pour protéger la planète. Le 5 juin se tiendra la Journée Mondiale de l'environnement. Les États ont lancé leurs programmes verts (Saudi Green Initiative, UAE Green Agenda, The European Green Deal, Australian Governement Energy Agency…). Programmes qui demandent toujours plus d'experts avec, là encore, des recrutements internationaux. En 2025, les ingénieurs en énergie renouvelable, analystes carbone, chiefs impact officers, responsables des achats durables, ouvriers qualifiés en isolation thermique, installateurs de panneaux photovoltaïques et techniciens en construction durable seront particulièrement recherchés. 

2025 et IA : des destructions d'emploi à prévoir ?

Si les premières de licenciements dans la Tech (2021-2022) mettent l'IA hors de cause, les plans de départs massifs observés en 2024 impliquent davantage les IAs. Selon le Forum économique mondial, l'IA supprimera environ 85 millions d'emplois dès 2025, mais en créera 97 millions. Il ne faut néanmoins pas s'attendre à du remplacement poste pour poste. Les postes présentant des tâches automatisables sont les plus menacés par l'IA. On pense souvent aux emplois peu qualifiés. Mais les métiers de la comptabilité, du droit, du développement, du journalisme, de la traduction, des arts ou de l'éducation seraient aussi menacés. Pour les candidats à l'expatriation, ces licenciements restent tout de même une nouvelle « pression » pour augmenter leur niveau de compétence et décrocher les postes réservés aux expatriés très qualifiés.

Les emplois seraient-ils moins menacés que prévu ?

À rebours des prévisions pessimistes, Daron Acemoglu, économiste au MIT prédit une destruction d'emploi minime : 5 % d'ici 10 ans. On est loin des 40 % envisagés par le Fonds monétaire international (FMI). Le professeur cible tout d'abord les métiers où la présence de l'humain est indispensable : restauration, police, chantiers, métiers manuels… selon lui, les progrès des IAs dans ces domaines ne permettent pas de remplacer les humains. Et si les États misent avant tout sur l'expatriation des étrangers très qualifiés, ils comptent aussi sur les expatriés peu qualifiés, notamment pour occuper certains postes dans le tourisme, la restauration, le bâtiment ou la santé. 

Même relativisation concernant les métiers dits « intellectuels ». Si l'IA a fait les gros titres en sortant des romans et en rédigeant des articles, elle ne remplacera pas les écrivains et les journalistes. Les professeurs, avocats, illustrateurs, photographes et graphistes ne seront pas non plus impactés. En revanche, les entreprises de l'IA ont tout intérêt à respecter le droit d'auteur, pour pouvoir utiliser le contenu (indispensable pour l'apprentissage des IAs) légalement. D'après le professeur, seules certaines professions de bureau devraient être remplacées ou assistées par l'IAs.  

L'inquiétude de Daron Acemoglu se porte plus sur les entreprises, qui se lancent peut-être trop tôt dans la course à l'IA. À l'instar de la « bulle de la Tech » éclatée dès la réouverture des frontières (trop de postes avaient été créés, car les entreprises misaient sur un changement durable des habitudes de consommation), le professeur craint l'émergence d'une « bulle de l'IA ».

Une pénurie de main-d'oeuvre toujours profitable à l'expatriation

Malgré le durcissement des règles de l'immigration observées dans plusieurs grands pays, la pénurie de main-d'oeuvre reste bien réelle. Le vieillissement de la population et la baisse de la natalité font courir des risques pour la croissance des États. L'immigration reste la solution la plus rapide pour pallier les pénuries tout en faisant augmenter le nombre d'habitants. En 2022, le Canada vit une croissance démographique grâce aux immigrés, qui représentent 96 % de la hausse de la population. Le même phénomène s'observe en Belgique (+66 093 habitants en 2024 grâce à l'immigration), en Nouvelle-Zélande (+118 835 nouveaux arrivants entre septembre 2022 et septembre 2023). En janvier 2024, le Japon dépasse pour la première fois les 2 millions de travailleurs étrangers. 

Priorité à l'immigration des talents étrangers

La majorité des politiques restrictives valorisent l'immigration économique, et plus précisément, l'immigration des étrangers qualifiés et très qualifiés (Suède, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Australie, États-Unis, Allemagne, Canada…). Il reste bien sûr des voies d'immigration pour les postes moins rémunérateurs, notamment dans les secteurs en forte tension, comme l'hôtellerie-restauration et le bâtiment. Mais là aussi, priorité aux étrangers qualifiés dans leur domaine. La tendance reste à la spécialisation. On recommande aux futurs expatriés de se spécialiser dans un domaine de compétence. En Allemagne, par exemple, il existe des règles d'immigration plus souples pour les non européens n'ayant pas le diplôme requis, mais ayant une expérience professionnelle. Des formations sont aussi proposées pour monter en compétence.

Autres secteurs en tension en 2025

Les secteurs de la santé, du bâtiment et de l'industrie manufacturière resteront en pénurie dans les grandes destinations d'expatriation. 

Zoom sur la pénurie mondiale de soignants

Dans la santé, les infirmiers, médecins généralistes, aides-soignants et auxiliaires de vie manquent toujours à l'appel. 60 000 infirmiers manquent au Canada. L'État prévoit un manque de 78 000 médecins d'ici 2031. En Suisse, plus de 15 000 infirmiers risquent de manquer en 2029. Les États-Unis comptabilisent plus de 100 000 départs d'infirmiers à cause de la pandémie. D'après le Bureau of Labor Statistics américain, le pays aura besoin de plus de 275 000 infirmiers supplémentaires d'ici 2030. Les spécialités (médecine générale, médecine interne, chirurgie, psychiatrie…) sont aussi touchées par les pénuries. En Corée du Sud et au Japon, les pénuries s'étendent à la pédiatrie et aux soignants spécialisés dans l'aide aux personnes âgées.

Pour stopper l'hémorragie, les États se bataillent sur le marché de l'emploi international. Les infirmiers français s'expatrient en Suisse pour bénéficier de meilleurs salaires. Malgré un durcissement de sa politique migratoire, le Royaume-Uni continue de recruter des soignants étrangers, alors que les jeunes soignants britanniques sont plus nombreux à s'expatrier. Les États-Unis se tournent toujours vers les Philippines, le Mexique, et les pays d'Afrique anglophones. Le Canada, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France recrutent des soignants au Zimbabwe, en Zambie, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, au Bénin... Or, ces pays font face à une crise chronique de soignants. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) réitère ses avertissements lancés durant la pandémie, contre le « syphonnage » des pays riches dans les pays pauvres. Avertissement reçu par le Québec qui, en octobre dernier, a déclaré stopper le recrutement d'infirmiers africains.

Les ouvriers qualifiés manquent

Parmi les autres métiers en pénurie, on note les ouvriers du bâtiment spécialisés, les carrossiers, les mécaniciens, les soudeurs spécialisés… Ce manque est en partie dû à la politique des États, qui sont nombreux à avoir privilégié les études longues et les métiers « de tête » au détriment de l'apprentissage et des métiers techniques/manuels. À contrario, l'Allemagne a inclus l'apprentissage dans son système éducatif. Une stratégie payante, qui inspire la France.

Étudiants étrangers : où s'inscrire en 2025 ?

Les Émirats arabes unis (EAU) veulent attirer davantage d'étudiants étrangers en 2025. Pour eux, il a ouvert le Golden Visa. Les EAU sont l'État du Moyen-Orient qui accueille le plus d'étudiants étrangers, devant le Qatar et le Liban. Les EAU mettent en avant la qualité de leurs programmes universitaires pour un coût plus abordable que dans les grandes universités américaines et britanniques. 

Si le Canada, les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni restent les pays les plus cités par les étudiants étrangers, ils sont de plus en plus concurrencés par d'autres États. En cause : leur politique restrictive vis-à-vis des étudiants étrangers. La Corée du Sud et le Japon, qui comptent chacun accueillir 300 000 étudiants étrangers en 2027. Taïwan entend accueillir 320 000 étudiants étrangers en 2030. En 2024, l'Allemagne a accueilli 380 000 étudiants étrangers. C'est 3 % de plus que l'année précédente. Le pays espère gagner plus d'étudiants en 2025. La République tchèque, le Mexique et la Pologne font aussi partie des nouvelles destinations des expatriés voulant étudier.

Des hauts diplômes qui n'ont plus la côte ?

La promotion des hauts diplômes ira-t-elle de pair avec la promotion « du terrain » ? Aux États-Unis, on assiste à un phénomène, qui pourrait prendre de l'ampleur en 2025. Les diplômés de l'Ivy League, le réseau des meilleures universités du pays, attirent moins. Des recruteurs se méfient désormais d'un système jugé trop élitiste, et préfèrent embaucher des travailleurs issus d'universités non cotées. Certains employeurs ne regardent même plus le diplôme et préfèrent analyser les compétences réelles du candidat. Ils reprochent justement aux diplômés de l'Ivy un manque de compétences réelles masqué par un puissant réseau, qui leur permettrait de faire carrière. 

On constate en effet une certaine reproduction sociale, avec des générations fréquentant les mêmes universités d'élite. Pour recruter leurs futurs collaborateurs, ces entreprises misent sur un plus grand nombre de tests. En Pologne, les jeunes se détournent des études longues pour les études courtes et les métiers manuels. Ils prônent une autre définition de la carrière professionnelle, plus proche de leurs valeurs. De quoi donner de nouvelles idées aux candidats à l'expatriation.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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