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Christophe à Manama : "Bahreïn est une civilisation vieille de plus de 7 500 ans"

Publié le 29 Juin 2016
Christophe Freschi est le Directeur de l'Alliance Francaise au Bahreïn. Il partage avec nous son expérience dans ce petit royaume du golfe persique, animé toute l'année par de nombreuses manifestations culturelles.

Pouvez-vous nous présenter brièvement votre parcours professionnel ?

Je suis entré sur le marché du travail en tant que professeur d'anglais. Par la suite, j'ai travaillé pour la CCI de Haute Savoie, à la cité des langues. Ce temple du ski accueille beaucoup de touristes de divers horizons et la cité des langues est un véritable allié pour les professionnels du tourisme et les employés du secteur industriel.

Ma conjointe et moi-même avons toujours été attirés par l'étranger, et nous souhaitions que nos enfants vivent dans un environnement culturel et social différent, afin qu'ils comprennent qu'il existe de nombreuses manières de concevoir le monde. La fondation Alliance Française Paris m'a proposé de prendre la direction de l'antenne en Afrique du Sud, où nous sommes restés 5 ans. Nous y avons eu de magnifiques expériences humaines et professionnelles.

Passionné par les nouvelles technologies, j'ai ensuite intégré le CAVILAM Alliance Francaise, à Vichy, en France. Derrière cet acronyme se trouve le Centre d'Approches Vivantes des Langues et des Médias, la Mecque du Français Langue Etrangère. Le CAVILAM est notamment en charge des cours en ligne sur TV5 Monde (7 jours sur la planète, apprendre le Français). C'est un des meilleurs centres en France, avec Le CLA de Besançon et et l'Alliance francaise de Paris . J'ai travaillé sur le site d'e-learning du Ministère des Affaires Etrangères Parlons Français, c'est facile, puis ai pris mon bâton de pèlerin pour le promouvoir sur les cinq continents.

Après cette expérience, j'ai demandé à repartir à l'étranger, et plus particulièrement au Moyen-Orient. Partir à l'étranger, c'est découvrir l'autre. La découverte d'autrui me manquait.

Comment vit-on au Bahreïn ?

Bahreïn est composé de 33 îles. C'est un paradis pour les oiseaux. Il est préférable d'aimer les sports nautiques lorsque l'on s'installe dans cette région. La vie y est agréable et le climat très agréable sans climatisation durant au moins six mois dans l'année.

Surtout, Bahreïn est un royaume riche par sa culture et son histoire. C'est une civilisation vieille de plus de 7 500 ans, qui a longtemps été un carrefour commercial important entre la Mésopotamie et l'Indus. Bahreïn abrite notamment la plus grande nécropole au monde. La mission archéologique sur place y découvre des choses incroyables. Avant la découverte du pétrole, la population vivait notamment de la pêche, de la culture et du commerce des perles, qui ont fait la fortune de la Maison Cartier.

Bahreïn est le premier pays à avoir instauré l'école obligatoire en 1929 dans la région Moyen-Orient. La promotion de la culture est encouragée au plus haut niveau. C'est aussi un moyen de rassembler les différentes communautés du royaume. On y trouve des musées et des galeries d'art magnifique. Comparé à ses voisins, le Bahreïn reste un pays très tolérant, d'un point de vue religieux. Toutes les religions y sont représentées. Les femmes conduisent, sont ministres, chefs d'entreprise...

D'un point de vue touristique, si le désert y est traversé de pipeline et n'offre que peu d'intérêt, on trouve au Bahreïn des quartiers traditionnels très dépaysant, avec des Souks. Enfin, on peut mentionner le prix de formule 1, qui a propulsé le royaume sur la scène internationale, ainsi qu'un gigantesque pont de 25 kilomètres, qui relie les royaumes saoudiens et bahreïniens.

Comment les étrangers sont-ils accueillis ?

La moitié des 1,2 million d'habitants du Bahreïn sont des expatriés. Les étrangers viennent de pays très divers : Etats-Unis, Royaume-Uni, Inde, Pakistan, France, Liban, Afrique du Nord...Les Bahreïniens sont très ouverts et n'hésitent pas à venir vers nous, à nous parler.

Les francophones occupent une place privilégiée dans le Royaume. La France, notamment, est très attractive, et très appréciée par le roi et les élites du royaume. Le roi Hamed ben Issa Al Khalifa a rencontré plusieurs fois le président français. Un accord bilatéral a été signé pour favoriser les relations économiques, culturelles, linguistiques. Si l'anglais est la langue utilisée majoritairement dans le pays, une réforme est en place pour placer le français au même niveau que l'anglais. Actuellement, 30 000 personnes parlent le français dans le pays.

Qu'est-ce qui vous a surpris en arrivant au Bahreïn ?

J'ai été surpris par la tolérance religieuse et la mise en avant de la culture. Il existe une vraie volonté politique pour apporter la culture au plus grand nombre. Le festival du printemps, qui programme depuis plus de dix ans des événements culturels entre les mois de février et d'avril, mérite à lui seul le détour...tout comme une visite du théâtre national.

Présentez-nous l'Alliance Française au Bahreïn.

Nous sommes une équipe de 26 personnes, dont 20 professeurs. Nous sommes présents à la fois dans un quartier étudiant près de Riffa, la deuxième ville du pays, ainsi qu'à Muḩarraq, où nous occupons une maison bahreïnienne traditionnelle, authentique.

L'Alliance Française au Bahreïn est le lieu où les Bahreïniens vivent le français. C'est un trait d'union entre les francophones et les non francophones. Le travail de l'équipe sur place est de créer du lien entre les deux pays, de promouvoir la France comme destination pour les étudiants, d'offrir des cours de français au plus grand nombre.

Pour réussir notre projet, la convivialité est essentielle. Elle se matérialise, dans notre alliance, par les modes d'apprentissage du français, la promotion de la culture et de l'art de vivre français avec le soutien constant du service culturel de l'Ambassade de France et de notre Ambassadeur, son Excellence M. Bernard Regnauld-Fabre. Nous possédons huit salles, un laboratoire de langues, un théâtre. Des projetons des films, invitons des groupes de musiques...Notre programmation est importante.

L'innovation numérique nous vient également en aide. Par exemple, il est désormais possible pour un étudiant d'utiliser les codes QR pour se présenter ou commander une crêpe. Nous mettons également à disposition des étudiants des tableaux blancs interactifs, afin que les cours soient plus collaboratifs.

Enfin, notre terrain à Isa Town est très grand. Nous y avons une serre et construisons un potager. C'est un bâtiment vert, ce qui est assez original dans le pays. Le roi souhaite également construire une petite France, dans laquelle les Bahreïniens retrouveraient, notamment, les produits des grandes enseignes françaises.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?

Nous collaborons à la mise en place d'un musée permanent et d'une résidence d'artistes à la Maison Jamsheer, le centre culturel franco-bahreïnien. Il s'agira du premier musée numérique de Bahreïn. Les visiteurs pourront utiliser des codes QR, à différents endroits de la maison afin d'y retrouver des informations historiques ou culturelles sous forme de petites vidéos, et ainsi d'en apprendre davantage sur l'exposition, Le Fil d'Or qui est la thématique retenue. Ce fil, produit à Lyon, est utilisé pour la fabrication de tous les vêtements de la famille princière.

Quels sont les traits caractéristiques du mode de vie Bahreïnien ?

Au-delà de la tolérance religieuse et de la place des femmes, dont j'ai déjà parlé, la conception du temps est très différente. Les choses se font plus lentement. Il faut être très patient. La structure de la société est très hiérarchisée. Lors des discussions et des négociations, on attaque jamais les choses de front et il faut impérativement éviter de faire perdre la face à son interlocuteur. La gentillesse est aussi une caractéristique des Bahreïniens.

Bahrein
Manama

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