Les chiffres parlent d’eux-mêmes. A mars 2020, le Royaume-Uni a enregistré 316 000 plus d’arrivées de citoyens non Européens que de départs. Parallèlement, le nombre d’arrivées en provenance des pays de l'Union européenne a chuté de 200 000 en 2016 à quelque 58 000 en 2020. Il est donc clair que le Royaume-Uni attire de moins en moins les citoyens européens. Mais qu'est-ce que cela signifie pour les non Européens souhaitent s'installer dans le pays ?
Ce qui change pour les professionnels étrangers
Le Royaume-Uni est connu pour être une terre d'immigrants, attirant tous types de profils de part le monde en raison de sa prospérité économique, sa diversité culturelle, sans oublier l'abondance des opportunités sur tous les plans. Hormis les ressortissants européens, le pays a accueilli, au fil des années, d'importants nombres d'Indiens, de Pakistanais, d'Américains, de Chinois, de Nigériens, d'Australiens, de Sud-Africains, de Bangladais, de Népalais et de Canadiens. Il s'agit, en effet, des principales nationalités qui ont choisi de vivre et de travailler au Royaume-Uni.
Mais ce n'est un secret pour personne que le Brexit a entraîné le départ massif de citoyens européens qui ne ressentent plus ce sentiment d'appartenance qui les avait initialement attirés. Ce qui a résulté en une hausse du taux du chômage, le marché du travail britannique ayant été fortement impacté par ces changements. Même si rien ne dit officiellement que les lois relatives à l'immigration et à l'emploi au Royaume-Uni sont en faveur des non Européens, il est clair que la tendance va changer au cours des prochains mois, voire des prochaines années.
Si auparavant le libre-mouvement facilitait l'entrée des ressortissants européens au sein de l'Union européenne, aujourd'hui, ces derniers sont contraints d'obtenir un visa approprié au même titre que les ressortissants non européens pour pouvoir vivre et travailler au Royaume-Uni. Ainsi, les citoyens provenant des pays du Commonwealth, notamment l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada, ainsi que ceux provenant d'Asie, principalement de l'Inde, de Singapour et de Hong Kong, auront autant de chances d'être embauchés que les Européens, à condition, bien sûr, qu'ils possèdent les compétences recherchées par les entreprises britanniques.
Actuellement, les secteurs les plus porteurs au Royaume-Uni sont ceux des services financiers, de la technologie, de la cybersécurité et du commerce, entre autres. Ainsi, toute personne ayant ces compétences, qu'elle soit Européen ou pas, bénéficiera de chances égales en termes de candidatures. D'autre part, il est fort probable que les nouvelles dispositions mises en place avec le Brexit attirent davantage de candidats purement anglophones et ceux ayant une formation proche du système britannique. Par exemple, selon la nouvelle politique d'immigration, des points seront accordés aux candidats qui ont une bonne maîtrise de l'anglais.
Selon le Home Office, le nombre de visas délivrés aux professionnels non Européens est en hausse depuis 2017. Par exemple, de 2018 à 2019, plus de 55 000 visas professionnels hautement qualifiés avaient été délivrés aux Indiens qui sont une composante essentielle pour le secteur technologique et celui de la santé. Depuis le 1er janvier 2021, la politique migratoire axée sur les compétences se veut d'assurer que le pays attire les meilleures compétences à l'échelle internationale. Ce qui réduit de manière significative la concurrence au sein du marché du travail britannique. Grâce au Tier 2 General Visa, par exemple, les professionnels non européens seront autorisés au même titre que les Européens à vivre et travailler au Royaume-Uni à long terme. Il n'empêche que ce visa, destiné aux professionnels étrangers qualifiés, est lié à un poste spécifique.
Les étudiants non Européens au Royaume-Uni
Les non Européens qui étudient ou souhaitent poursuivre leurs études à l'étranger n'ont pas à s'inquiéter du Brexit. Il est toutefois probable qu'ils puissent dorénavant profiter de certains avantages, comme une baisse des frais de scolarité, compte tenu de la baisse de la valeur du livre sterling. Même si le coût des études reste inchangé, les étudiants étrangers provenant principalement de Chine, de l'Inde, de la Corée du Sud, des États-Unis, du Canada et de l'Australie pourraient payer moins qu'avant la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
Le Brexit vient également mettre un terme à la compétition entre les étudiants européens et non européens sur le marché du travail britannique. Comme tous auront besoin d'un visa pour pouvoir travailler au Royaume-Uni, on peut donc s'attendre à ce que la règle de la priorité soit éliminée. Les étudiants provenant des pays tiers auront ainsi la chance non seulement d'intégrer le marché du travail et démarrer leur carrière mais aussi de séjourner plus longtemps dans le pays. D'ailleurs, selon un sondage réalisé par le magazine The Financial Times, 25% des employeurs britanniques envisagent de recruter davantage de jeunes diplômés britanniques et non européens à l'avenir.
A savoir que la liste de pénurie de compétences au Royaume-Uni ne cesse de s'allonger, particulièrement en ce qui concerne la médecine, l'ingénierie et l'informatique. Ce qui est porteur d'espoir pour les jeunes diplômés.
Quid des droits de résidence au Royaume-Uni ?
Grâce à l'EU Settlement Scheme, les ressortissants européens qui sont aujourd'hui des résidents permanents du Royaume-Uni peuvent préserver tous leurs droits. Mais pour les ressortissants des pays tiers, la situation reste inchangée. En effet, pour être éligible pour la résidence permanente, tous les ressortissants étrangers, quelle que soit leur nationalité, doivent soit avoir été marié ou cohabité avec un Britannique pendant 2 ans, soit avoir séjourné dans le pays légalement pendant 10 ans ou illégalement pendant 14 ans, soit avoir été titulaire d'un permis de travail Tier 1 ou Tier 2 pendant 5 ans, soit avoir un statut d'investisseur, d'entrepreneur, d'artiste ou de sportif depuis 5 ans, soit être titulaire d'un visa ancestral depuis 5 ans.
Ce qui change dans la vie quotidienne
Que vous soyez Européen ou pas, le Brexit aura tout de même un impact considérable sur votre vie quotidienne au Royaume-Uni. Par exemple, compte tenu du fait qu'un bon nombre de produits agro-alimentaires sont importés depuis l'UE, une hausse des prix considérable est attendue. Les prix de certains aliments pourraient même grimper de 10%. D'autre part, les départs massifs depuis le Royaume-Uni pourraient avoir un impact significatif sur le marché immobilier britannique. Alors si vous êtes un non Européen et que vous avez toujours rêvé de devenir propriétaire d'un bien immobilier au Royaume-Uni, gardez un œil sur les opportunités qui se présentent.