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Les États-Unis post-Trump: le soulagement des Américains et des expatriés

Joe Biden
Shutterstock.com / Matt Smith Photographer
Écrit parMaria Iotovale 14 Janvier 2021

L'insurrection de la semaine dernière au Capitole n'a pas suffi pour chasser Trump avant que le démocrate Joe Biden ne prête serment le 20 janvier 2021. Qu'est-ce que cela prendra donc aux États-Unis pour qu'ils puissent à nouveau redorer leur blason et s'imposer à l’échelle mondiale comme un super-pouvoir ?

Des milliers de mensonges (oui, quelqu'un les a comptés), un nationalisme agressif, le déni de la science, une rhétorique sans substance, des théories de complot, une culture d'annulation, le sexisme et le racisme meurtrier... Autant de caractéristiques qui définissent le président sortant Trump comme étant l'auteur des jours les plus sombres de l'histoire américaine moderne. On va même jusqu'à le qualifier d'« insulte à la démocratie américaine ». Cependant, l'insurrection du Capitole la semaine dernière n'a pas suffit pour entraîner la destitution de Trump avant le 20 janvier, date à laquelle le démocrate Joe Biden devra prêter serment. Jusqu'à présent, aucune sanction n'a pu le priver de ses avantages ou de futures affaires politiques. Revenons sur le mandat de quatre ans de Trump. Qu'est-ce que cela a apporté aux États-Unis ? Et que faut-il faire pour que le pays puisse enfin retrouver sa place en tant que super pouvoir ? Expat.com s'est également entretenu avec un expatrié aux États-Unis sur les implications à long terme de la présidence de Trump.

Qu'attendent les Américains de Biden ?

Fraîchement élu, Joe Biden aura pour tâche de rétablir les relations avec des alliés précédemment insultés et aliénés. Il devra également rejoindre les institutions et les traités internationaux tels que l'Organisation mondiale de la santé et l'Accord de Paris sur le climat. Pour Joe Biden, le changement climatique est une priorité. Il prévoit d'ailleurs un programme de réduction des émissions, auquel un fonds de deux billions de dollars a été dédié. En outre, Joe Biden souhaite rétablir une dérogation qui définissait les normes d'émission pour les véhicules dans une limite raisonnable. Une mesure que Trump avait révoquée. Le nouveau Président ambitionne aussi d'interdire la délivrance de nouveaux permis aux producteurs pétroliers et gaziers afin de réduire la pollution au méthane. En s'adressant à la question du changement climatique, Joe Biden s'attaque également à d'autres problèmes comme le racisme environnemental, les communautés noires et autochtones étant plus à risque d'exposition à l'air et à l'eau toxiques. En ce qui concerne la politique étrangère, Biden s'engage à mettre un terme à l'apport des États-Unis à la guerre civile initiée par l'Arabie saoudite au Yémen, qui a d'ailleurs été dénoncée comme étant la pire crise humanitaire au niveau mondial. Comme son prédécesseur, il garantit un soutien indéfectible à Israël et poursuivra le combat contre le terrorisme en Afghanistan et en Irak, des pays déchirés par la guerre.

Quelle est la valeur du second tour du Sénat en Géorgie ?

Si Trump détient toujours le pouvoir exécutif, la victoire des démocrates Raphaël Warnock et Jon Ossoff lors du second tour du Sénat de Géorgie le 5 janvier a conféré aux démocrates le contrôle tant souhaité du Sénat. Pendant deux années, les républicains ont exercé une répression sur toutes les législations émanant de la Chambre des représentants contrôlée par les démocrates. Mais aujourd'hui, Joe Biden n'a plus rien à craindre en ce qui concerne les changements de politiques sur les plans de la santé et du changement climatique. En outre, grâce à la défaite des républicains dans les deux chambres du Congrès, les démocrates auront la possibilité de révoquer les réglementations récemment promulguées par l'administration Trump. Sachez qu'aucun démocrate n'a remporté de siège au Sénat en Géorgie depuis une vingtaine d'années.

La crise sanitaire mondiale

Sa prise de position contre l'Organisation mondiale de la santé, la science, le port de masques et la Chine a coûté cher à Trump. En effet, son administration a failli à sa tâche d'assurer la sécurité des Américains depuis le début de la pandémie de COVID-19. Avec une équipe composée de 13 officiels de la santé et du gouvernement et de médecins, Joe Biden est en train de mettre en place une stratégie unifiée qui vise à contrôler cette situation chaotique qui a déjà coûté la vie à 376 000 personnes aux États-Unis. Même s'il ne peut pas imposer le port du masque facial au niveau national, il compte le recommander dans toutes les propriétés fédérales et les transports interétatiques. Joe Biden a ainsi pour tâche de lutter contre une pandémie que son prédécesseur avait sous-estimée. Une fois que le nouveau président assumera son poste, le nombre de centres de test devrait augmenter et la recherche des contacts devrait être améliorée. La production des équipements de protection individuelle et la distribution de vaccins seront également revues avec des directives claires.

Éducation

La détermination de Trump à restreindre les visas étudiants et à durcir les conditions relatives aux permis de travail, le décret 13769 interdisant l'entrée aux citoyens de sept pays musulmans, ainsi que la pandémie ont tous contribué à la baisse du nombre d'étudiants étrangers aux États-Unis. Certains étudiants n'ont pas pris le risque de quitter les États-Unis pour assister à des conférences et à des ateliers définissant leur carrière par crainte de ne plus pouvoir rentrer. L'objectif de l'administration Trump était de s'assurer que les visas d'étudiants soient uniquement destinés aux études supérieures aux États-Unis et qu'ils ne servent pas de tremplin pour la recherche d'emploi après l'obtention du diplôme. Cette réglementation n'est toutefois pas entrée en vigueur en raison des nombreuses appréhensions qu'elle a soulevées. Ainsi, les étudiants étrangers titulaires de visas F peuvent séjourner pendant 60 jours supplémentaires au terme de leur programme. Pendant sa campagne électorale, Biden s'était engagé à garantir plus de flexibilité pour les diplômés en doctorat en STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques).

En 2020, selon le magazine Forbes, la dette globale des États-Unis sur les prêts étudiants était de 1,5 billions de dollars répartis entre 45 millions d'emprunteurs. Il s'agit de la deuxième dette la plus élevée après la dette hypothécaire, suivie des cartes de crédit et des prêts automobiles. La dette moyenne des prêts étudiants est de 32 731 $US et le paiement moyen des prêts étudiants de 393 $US. Joe Biden s'est toutefois engagé à réduire tous les prêts de 10 000 USD ainsi que le résidu pour les diplômés des collèges publics ou historiquement noirs qui gagnent moins de 125 000 USD par an.

Emploi

Les services sont le secteur qui génère la majorité des emplois aux États-Unis. Même si Joe Biden n'a pas le pouvoir d'imposer un salaire minimum à l'échelle nationale, il envisage d'augmenter le salaire minimum des entrepreneurs, qui est actuellement de 10,80 USD, au niveau fédéral. Trump avait également augmenté de 25% la main-d'œuvre fédérale qui est aujourd'hui composée d'environ 11 millions salariés. Ses prédécesseurs avaient également embauché des travailleurs fédéraux, mais il s'agit d'une démarche généralement effectuée pendant les périodes de crise, comme les guerres. Ce qui était loin d'être le cas dans l'administration Trump. Depuis que le Conseil national des relations du travail est dirigé par un conseil conservateur nommé par Trump, cette une agence fédérale chargée d'interpréter et de garantir la mise en œuvre du droit du travail, s'est écartée de sa fonction et de sa mission initiale. Il n'empêche que ces lacunes ne sont pas des nouveautés puisque l'inclusion et l'organisation du lieu de travail n'ont jamais été son fort.

Joe Biden met l'accent sur les avantages socio-économiques d'une classe moyenne prospère et inclusive. Cependant, il lui reste encore un long chemin à parcourir. Les États-Unis abritent une classe moyenne proportionnellement plus petite parmi les économies développées, comprenant une importante disparité de revenu. Selon l'institut Pew Research, le revenu annuel de la classe moyenne varie entre 48 000 $US et 145 000 $US pour une famille de trois personnes.

Affaires internationales

Les relations entre les États-Unis et la Chine sont toujours tendues. Mais Joe Biden s'est engagé à ce que le pays entretienne des relations économiques plus saines avec la deuxième économie mondiale, sans toutefois céder à l'écosystème technologique hautement compétitif de la Chine. Le resserrement des relations diplomatiques avec Taïwan, qui est actuellement sous la menace d'une invasion militaire chinoise, pourrait être une priorité pour l'administration Biden. Mais les États-Unis sont-ils prêts à intervenir contre une invasion chinoise ? A savoir qu'il n'y a pas encore de troupes américaines à Taïwan comme c'est le cas en Corée du Sud et au Japon. La dénucléarisation de la Corée du Nord sera probablement la question la plus difficile.

Santé

Le système de santé américain est l'un des plus complexes et des plus chers au monde. La loi Obama, qui prône des soins de santé accessibles et abordables pour tous, fut l'une des plus grandes réussites des États-Unis, même si la constitutionnalité de la loi a été débattue sept fois devant la Cour suprême. Jusqu'à présent, Joe Biden n'a montré aucune intention de revoir cette loi. En ce qui concerne les soins de santé, il souhaite toutefois imposer des restrictions sur les facturations excessives des hôpitaux et des assurances. En outre, la légalisation de l'achat de médicaments sur ordonnance à l'international et la limitation des prix des nouveaux médicaments sont à l'agenda. Même si Joe Biden n'est pas en faveur du système universel Medicare, il envisage sérieusement d'offrir aux Américains l'option d'un plan de santé public qui ne coûtera pas plus de 8,5% de leurs revenus. D'autres réformes envisagées touchent au droit à l'avortement et la reconnaissance des traitements de santé mentale comme équivalents aux thérapies physiques.

Les États-Unis sont le seul pays développé à ne pas avoir une législation fédérale pour les congés de maladie payés. Biden pourrait ainsi mettre en place une politique visant à accorder 12 semaines de congé familial ou médical payé. A ne pas confondre, toutefois, avec la loi familiale, qui garantit la couverture de tous les employés, quelle que soit la dimension de l'entreprise qui les a embauchés.

L'avis d'un expatrié aux États-Unis

Jonathan vient de Malte. Cadre supérieur pour le compte d'une ONG, il s'est installé en Virginie, aux États-Unis, avec son épouse et leurs trois enfants depuis près de trois ans. Jonathan ne croit pas au rêve américain car, pour lui, chaque pays offre des opportunités à ceux qui sont ouverts aux nouvelles cultures et normes, et qui n'ont pas peur de prendre des risques. D'ailleurs, Jonathan n'est pas venu aux États-Unis parce qu'il trouve que c'est un pays exceptionnel mais en tant que conjoint-suiveur, son épouse étant Américaine. Même si la présidence de Trump n'a pas vraiment eu d'impact sur sa vie quotidienne, Jonathan souhaite faire partie d'une société plus cohésive et de faire l'expérience d'une unité nationale accrue sous Joe Biden. « J'ai hâte de voir de véritables réformes qui s'adressent aux principaux problèmes auxquels les États-Unis sont aujourd'hui confrontés, tels que les inégalités et le déclin des zones rurales et industrielles. Si le gouvernement n'est pas proactif en matière de développement économique et d'inégalité, les écarts se creuseront davantage. Les États-Unis ont besoin de partenariats plus solides avec toutes les nations afin d'en tirer le meilleur parti ».

Trump était-il la bonne personne au bon endroit ?

Maintenant que la présidence de Trump touche à sa fin, c'est le moment de se poser des questions et d'en tirer des leçons, qu'on l'on soit Américain ou pas. Trump est peut-être le bouc émissaire des actes répréhensibles des États-Unis, mais il faut reconnaître que admettre qu'il n'était pas l'initiateur d'un bon nombre d'entre eux : il les a tout simplement exposés. Pendant longtemps, les États-Unis ont pris la démocratie pour acquise et ont gardé les yeux fermés sur ce qui ne correspond pas au profil de « l'exceptionnalisme américain ». Aujourd'hui, plus que jamais, les dirigeants du pays sont conscients des luttes des individus et des communautés à l'intérieur du pays et du fait que l'idée d'être supérieur ne suffit pas à protéger la démocratie.

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A propos de

Maria est journaliste freelance. Après avoir fait le tour de sa mère patrie, la Grèce, et du Royaume-Uni, cette diplômée en journalisme a vécu au Ghana, en Corée du Sud, à l'Ile Maurice et est, en ce moment, au Rwanda.

Commentaires

  • abarthoulot
    abarthoulotil y a 3 ans(Modifié)
    Cet article plein de fiel est un tissus de mensonges qui incite à la haine! Donald Trump a reçu vendredi la plus haute distinction du Maroc pour son travail en faveur de la paix!
  • Ikebil
    Ikebilil y a 3 ans(Modifié)
    Nous sommes pour l'instant dans l'œil du cyclone, tout peut paraître calme.
  • Arlant
    Arlantil y a 3 ans(Modifié)
    On ne peut qu'apprécier la liberté d'expression qui semble être la règle ici . Joe Biden se fera sans doute un devoir de déployer le programme recommandé . Cet article est à classer à la rubrique "propagande retard" . Inutile et indélicate pour la moitié des électeurs américains qui ont tout de même voté Trump . Le camp du bien devrait plutôt essayer d'unir , de réconcilier plutôt de de cliver en commettant un tel improbable réquisitoire .
  • Ikebil
    Ikebilil y a 3 ans(Modifié)
    Peux comprendre la forme diplomatique de l'article ....
  • wadebtz
    wadebtzil y a 3 ans(Modifié)
    Encore un torchon anti Trump☹️

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