S'expatrier ne signifie pas renoncer à ses responsabilités, ou encore à ses droits civiques, comme celui de voter. D'ailleurs, le Royaume-Uni le reconnaît et pourrait prochainement permettre aux Britanniques ayant séjourné pendant plus de 15 ans à l'étranger de voter aux élections générales. Fort heureusement, le Royaume-Uni n'est pas le seul à reconnaître et honorer ce droit même si dans certains pays les conditions sont assez complexes.
Les expatriés sont nombreux à suivre et commenter l'actualité politique de leurs pays d'origine, même si certains cherchent à se voiler la face. Comme ce fut le cas du Brexit. S'ils avaient la possibilité de changer les choses, compte tenu du nombre d'inconvénients qu'a entraîné la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ces derniers mois, la situation aujourd'hui serait sans doute différente. Mais revenons au droit de vote aux élections générales. Cela fait des années que les gouvernements qui se sont succédé en ont pris l'engagement auprès de leurs citoyens qui vivent à l'étranger. Selon ces nouvelles dispositions, les Britanniques ayant passé plus de 15 ans à l'étranger pourront voter dans la même circonscription dans laquelle ils étaient inscrits avant leur départ.
Cette mesure qu'on pourrait qualifier de révolutionnaire pour les Britanniques n'a rien de nouveau pour les Français de l'étranger. Ces derniers ont d'ailleurs la possibilité, s'ils le souhaitent, de voter directement au bureau de vote ouvert dans une ambassade ou dans un poste consulaire à l'élection du Président de la République, à un référendum, aux élections législatives, aux élections européennes, aux élections des conseillers consulaires ou à l'élection de l'Assemblée des Français de l'étranger. Il convient toutefois de noter que dorénavant les expatriés peuvent uniquement être inscrits soit sur une liste électorale consulaire soit sur une liste électorale municipale. Qui plus est, ceux qui ne peuvent pas se déplacer pour voter personnellement peuvent avoir recours au vote par procuration, même en étant à l'étranger.
Comment ça se passe ailleurs
De nombreux pays, que ce soit en Europe, en Asie, en Afrique ou ailleurs, autorisent seulement leurs ressortissants à voter aux élections après avoir passé un nombre limité d'années à l'étranger.
En Allemagne, par exemple, seuls les Allemands qui n'ont pas élu domicile à l'étranger sont autorisés à voter aux élections nationales. Cela signifie qu'ils figurent toujours dans le registre électoral puisqu'ils ne font qu'un court séjour à l'étranger. En revanche, les expatriés allemands qui ne sont pas inscrits doivent soumettre une demande formelle auprès de leur municipalité de résidence pour pouvoir voter avant chaque élection. Si leur demande est acceptée, ils pourront alors voter par correspondance.
La Suisse est mondialement réputée pour son système démocratique infaillible. Ainsi, tous les Suisses, y compris ceux qui vivent à l'étranger, ont la possibilité de voter au niveau fédéral. Il est également intéressant de noter que certains cantons et certaines communes permettent même aux ressortissants étrangers de voter. Mais revenons au droit de vote des Suisses qui vivent à l'étranger. Pour pouvoir voter au niveau fédéral, il faut impérativement être inscrit auprès de la représentation diplomatique suisse de votre pays d'accueil. L'inscription sur le registre électoral de la dernière commune de résidence est également obligatoire.
Pour les Australiens, les choses sont plus complexes. A titre d'exemple, un Australien qui fait un court séjour à l'étranger mais qui est toujours inscrit en Australie a le droit de voter aux élections fédérales. Il leur suffit de remplir un formulaire dédié disponible sur le site de la Commission électorale australienne. Il est également possible pour les Australiens de voter depuis l'étranger s'ils ont prévu de rentrer au pays au cours des 6 années suivantes à condition d'être inscrit dans leur circonscription. Ce qui leur permet de s'inscrire en tant qu'acteur à l'étranger. En revanche, ceux qui ne signifient pas leur intention de rentrer en Australie sont enlevés de la liste électorale et, donc, ne sont pas autorisés à voter, même par correspondance. Il n'empêche que les enfants australiens ayant grandi à l'étranger mais qui souhaitent rentrer dans leur pays peuvent voter s'ils comptent rentrer dans les 6 ans suivant leurs 18 ans. En ce qui concerne les Néo-Zélandais, ceux qui ne rentrent pas au pays au cours des 3 années suivant leur départ perdent temporairement leur droit de vote.
Aux États-Unis également, bien qu'il s'agisse d'un pays démocratique, le sujet du droit de vote des expatriés reste complexe. En effet, il varie d'un état à l'autre. Dans certains Etats, comme en Arizona, au Connecticut, au Minnesota, ou encore à New York, les Américains expatriés peuvent uniquement voter aux élections fédérales. Dans d'autres, les expatriés américains sont seulement autorisés à voter dans l'État où ils se sont inscrits ou celui où ils ont voté en dernier. Au Canada, ce n'est qu'en septembre 2019 que le droit de vote a été accordé aux expatriés canadiens suite au jugement rendu par la cour suprême. Avant cela, les Canadiens ayant résidé plus de 5 années à l'étranger étaient rayés du registre électoral et, donc, n'avaient plus le droit de voter. En 2015, plus de 1 million de Canadiens vivant à l'étranger ont ainsi été privés de leur droit fondamental.
Le cas des Irlandais qui vivent à l'étranger est également très particulier. Le droit de vote est basé sur l'adresse résidentielle inscrite dans le registre électoral. Ainsi, les seuls non-résidents qui sont autorisés à exercer leur droit de vote depuis l'étranger sont les diplomates irlandais et leurs conjoints, ainsi que les membres de la défense et de la Garda Síochána, mais pas leurs conjoints. Il existe aussi une exception pour les diplômés votant dans les circonscriptions universitaires, notamment de l'Université nationale d'Irlande et de l'Université de Dublin aux élections de la chambre haute, même s'ils se trouvent à l'étranger. Pour le reste des expatriés irlandais, ils conservent leur droit de vote s'ils ont l'intention de rentrer au pays dans les 18 mois suivant leur départ, à condition d'être sur place pour pouvoir voter en personne.