Née en République dominicaine, Dolorès est psychologue de profession. Cela fait 19 ans qu'elle vit en Espagne, ce qui lui a procuré la nationalité espagnole. Il y a deux ans, c'est en Finlande qu'elle a choisi de poser ses valises. Elle revient sur son parcours personnel et nous parle de l'association des professionnels dominicains en Finlande qu'elle a fondée et dont elle est la directrice.
Comment vous est venue l'idée de former une association de professionnels dominicains en Finlande. Quels sont vos objectifs ?
L'idée est issue de mon installation en Finlande en 2020. À mon arrivée, j'ai découvert que le pays ne possède aucune institution ou association représentant les Dominicains qui résident dans le pays. En fait, tout dépend du consulat dominicain en Suède. Quelques-uns de mes amis m'ont fait part des difficultés qu'ils ont eues en effectuant leurs démarches administratives, principalement en raison de la langue. Il faut aussi savoir que le taux de change, puisque la Suède n'a pas adopté l'euro comme monnaie, ne fait que compliquer davantage ces démarches.
D'autre part, il n'existe pas non plus de registre formel ou de registre contenant des données démographiques à jour sur la communauté dominicaine en Finlande, ou un lieu où nous pouvons nous rencontrer et organiser des activités culturelles.
Fondamentalement, nous cherchons à unir et à soutenir la communauté dominicaine en Finlande, avec la création d'un bulletin mensuel dans lequel nous publierons des sujets pertinents pour les Dominicains en Finlande. Nous disposons actuellement d'un blog sur lequel nous offrons des informations sur des questions administratives, personnelles et générales que les expatriés peuvent être amenés à se poser. Nous sommes très présents sur les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter et WhatsApp.
Un de nos objectifs à long terme est la création d'un lieu où les Dominicains peuvent se réunir, par exemple, pour célébrer nos fêtes nationales et, en même temps, contribuer à la promotion de notre culture à travers l'art, la gastronomie et la peinture dominicaine. Notre deuxième objectif à long terme est la création d'un bureau de vote où les citoyens dominicains pourront exercer leur droit civique.
Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confrontés en vous installant en Finlande et comment les avez-vous surmontés ?
Les défis sont nombreux. Tout d'abord, la langue finnoise est une langue qui n'est parlée qu'en Finlande. Grammaticalement, elle est très différente de l'espagnol, qui est la langue maternelle des Dominicains. Hormis la culture locale, les Finlandais ont une personnalité généralement introvertie : ils préfèrent rester chez eux et adorent le silence et l'individualisme, contrairement à la culture dominicaine ou latino qui se caractérise par des relations avec des amis et des connaissances. Avec leur caractère extraverti, les latinos sont des passionnés de conversations.
Comment ne pas parler du climat finlandais ? Ce n'est pas facile de s'adapter à un hiver avec des températures pouvant atteindre 30 ou 50 degrés Celsius en dessous de zéro. Il nous arrive de passer des mois sans voir la lumière du soleil. En revanche, les étés sont uniques : il y a aussi des mois où il ne fait jamais tout à fait sombre.
Trouver un emploi n'est pas facile non plus. En plus de surmonter des conditions météorologiques extrêmes, un diplôme est requis pour absolument tout type de poste. Par exemple, il n'est même pas possible de travailler dans une garderie ou dans le domaine de l'aide à domicile sans avoir les qualifications appropriées.
Quels sont les facteurs à prendre en compte pour mieux s'adapter à la Finlande ?
Malgré tous ces inconvénients que je viens de mentionner, il n'est pas impossible de s'adapter à la société et à la culture finlandaises. Lorsqu'on s'installe en Finlande, on a accès à une multitude de ressources pour mieux s'intégrer. Par exemple, dès votre entrée dans le système, c'est-à-dire lorsque vous obtenez votre résidence officielle, vous obtiendrez une carte de santé qui vous permettra de bénéficier d'une variété de services sociaux (Kela). Vous serez inclus dans le programme d'intégration de l'agence pour l'emploi (Te-palvelut). Vous pourrez ainsi profiter de l'appui d'un coach qui facilitera votre recherche d'emploi en fonction de vos priorités et de vos compétences. Ce programme d'intégration comprend un cours de finnois de 6 heures par jour, en présentiel et pendant un an afin que vous puissiez apprendre la langue le plus rapidement possible. Je dois dire que le cours offre toutes les facilités en matière de technologie de pointe et tout le matériel nécessaire (y compris les livres et les fournitures scolaires) gratuitement. Vous recevrez également une allocation offrent pour le transport et la nourriture au quotidien.
Sur le plan culturel, la Finlande est l'un des pays ayant le meilleur système éducatif au monde, sans parler du fait qu'il soit gratuit. Les enfants ont accès à une formation riche en activités sportives comme le ski, le patinage sur glace, le football, les sports olympiques entre autres, les langues (les enfants sortent en parlant trois ou quatre langues), l'art, la musique, la peinture, etc. Les écoles fournissent également gratuitement des appareils technologiques en complément d'une alimentation équilibrée.
Quelles sont les choses que vous appréciez le plus en Finlande ? Qu'est-ce qui vous manque le plus de votre pays d'origine ?
Il y a beaucoup de choses positives en Finlande que j'apprécie personnellement, comme la sécurité des citoyens. Ici, les enfants de 5 ans se rendent seuls à l'école (il peut leur arriver de marcher un kilomètre ou deux) et prennent le bus seul. Il n'y a pratiquement pas de crime dans les rues. D'autre part, la Finlande arrive généralement au top des classements mondiaux en matière de transparence. L'absence de corruption est l'un des facteurs qui permet à une société d'aller de l'avant. Je dois dire que mes enfants aiment bien leur école et leur bonheur est un aspect de ma vie actuelle qui me procure un sentiment de bien-être. Mais il est vrai que certaines choses me manquent, comme passer du temps en famille et les cafés dominicains.
Qu'aimez-vous le plus dans votre nouvelle ville ?
Ce que j'aime le plus ici, c'est la proximité et l'efficacité des services essentiels comme les supermarchés, les centres de santé, la poste, l'école, les transports en commun, la bibliothèque et les lieux de loisirs (il y a beaucoup de lacs) et les forêts où on peut faire des activités sportives à quelques mètres de chez nous.
Qu'en est-il de la culture finlandaise ?
Sur les plans de la musique, cinéma, gastronomie, art, etc., je partage plusieurs notes. La Finlande est le berceau de la musique Heavy Metal : il y a des festivals partout, surtout en été. Le roi de la gastronomie finlandaise, officiellement, est le pain de seigle. Cette année, la petite ville où je vis, qui s'appelle Lappeenranta, a été déclarée la ville la plus verte d'Europe, les Finlandais sont des écolos dans l'âme. D'ailleurs, dans les films finlandais ou tournés en Finlande, il est pratiquement impossible de passer à côté des scènes de sauna, l'un des aspects incontournables de la culture finlandaise.