La vie à l'étranger est souvent idéalisée notamment sur Instagram où l'on peut voir des photos toutes plus belles les unes que les autres. Ce style de vie peut en effet faire des envieux, pourtant il existe un revers que l'on ne publie pas toujours sur les réseaux. L'expatriation peut aussi être synonyme de solitude, de mal-être, ou même de choc culturel. Expat.com donne la parole à des expatriés qui ont décidé de lever le voile sur cette façade de la vie à l'étranger.
Expatriation ≠ Vacances
Adèle vit en Australie depuis 2 ans : « Depuis que j'ai quitté la France, je me suis redécouverte. Je ne m'attendais pas à être aussi secouée. Je n'avais pas signé pour un grand 8, du moins pas consciemment. Il faut avoir les yeux en face des trous, la vie à l'étranger n'est pas évidente et toute rose comme on veut bien le faire croire. L'idée que nous, backpackers, vivons notre meilleure vie en sirotant du goon toute la journée, à gagner des mille et des cents est fausse. C'est dur, parfois même très dur car beaucoup de remises en question sur soi, beaucoup de larmes, de peurs, d'incertitudes et d'ennuis. Je me demandais si je n'étais pas un peu égoïste d'être partie loin de ma famille. L'expatriation c'est aussi la découverte de voyage en groupe. Je vis, littéralement H24 avec des gens puisque je suis en colocation et que je travaille dans les fermes. Cela me chamboule beaucoup car il faut penser collectif alors que l'introspection est assez difficile. J'avais beau prévoir, rien ne se passait comme je le souhaitais. Malgré tout ça, j'ai beaucoup appris et j'ai grandi. Je regarde les choses différemment aujourd'hui et je suis fière de ce que je suis devenu grâce à cette expérience. »
Rêve vs Réalité
Estelle ne souhaitait qu'une chose : vivre à Paris. Alex, lui, rêvait de quitter la France pour vivre avec les animaux endémiques de la Nouvelle-Zélande. Pour Estelle, Paris était élégante, romantique, pour Alex la Nouvelle-Zélande le paradis sur terre des amoureux de la nature. Tous deux, furent extrêmement déçus de vivre une expérience bien différente de ce qu'ils attendaient. « Je suis originaire de Nouvelle-Calédonie et j'ai toujours aimé Paris. J'ai sauté sur l'occasion de me rendre en métropole lors de mes études supérieures. Très vite, j'ai ressenti de la solitude. Les gens que j'ai rencontrés étaient individualistes, j'ai eu énormément de mal à me faire des amis. Il y a très peu d'entraide, notamment dans la rue où les gens ne prennent pas la peine de vous regarder lorsque vous leur posez une question. Je suis donc partie à Londres, une ville qui me correspondait plus sur l'aspect social. »
Alex et sa copine, eux, atterrissent à Christchurch en octobre 2019 : « C'est la douche froide : aujourd'hui, il ne faut pas espérer trouver un kiwi ou un kéa en train de fureter dans votre jardin. Ils ne se trouvent plus que dans des espaces réduits et épars. La Nouvelle-Zélande est avant tout un gigantesque pâturage pour l'industrie ovine et bovine. Sur la route on découvre des prés bordés de clôtures barbelées et non de grands espaces verts et luxuriants. Nous avons uniquement pu voir des animaux endémiques en captivité pour des raisons de conservation. » Les jeunes français ont aussi été surpris de voir que beaucoup de personnes s'amusaient à faire rugir leur moteur sur les plages sauvages du pays.
Quand la logistique fait défaut
Toujours en Nouvelle-Zélande, Alex et sa copine ont rencontré bien des difficultés à trouver un travail et un logement décent. Baladé par plusieurs employeurs, Alex témoigne : « Après plusieurs mauvaises expériences professionnelles, nous avons postulé pour travailler au sein d'un « resort » sur l'île sud. Après deux entretiens téléphoniques nous avons fini par recevoir une réponse positive. Nous étions invités à intégrer l'équipe au mois de janvier. Formidable ! Nous achetons une voiture, nous donnons notre préavis de départ à notre propriétaire. Je démissionne de mon travail actuel et ma copine également. Le temps passe, pas de nouvelles. Alors nous envoyons un mail, puis un deuxième, puis nous appelons l'accueil, mais à chaque fois nous n'avons aucun retour. On nous avait tout simplement plantés, encore une fois. Lorsque nous avions du travail, le problème était alors l'état du logement. Par exemple, nous avons trouvé un travail à Opotiki, une ville incroyable, mais le logement était tout bonnement insalubre. Ce fût une horreur. Si l'encyclopédie cherchait une illustration pour définir la crasse, une photo de l'intérieur ferait l'affaire. Les poignées de placards et de tiroirs étaient collantes, la vaisselle n'était pas faite depuis bien 1 semaine, la salle de bain était recouverte de calcaire et de dentifrice. La chambre qui nous était destinée était poussiéreuse et dans l'armoire se trouvaient des paquets abandonnés de biscuits entamés. Nous avons bien évidemment décliné l'offre d'emploi et nous nous sommes remis à la recherche d'un nouveau job. »