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Français de l'étranger : quels droits conservez-vous en France ?

Republique francaise
sylv1rob1 / Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 26 Janvier 2022

Beaucoup d'allocations sont soumises à une obligation de résider sur le territoire. En fonction de sa situation (salarié détaché, expatrié, demandeur d'emploi, retraité, étudiant…) le bénéficiaire peut perdre ou conserver ses droits, sous conditions. Il existe néanmoins des droits spécifiques réservés aux Français de l'étranger, et d'autres droits que l'on peut conserver même si l'on quitte le territoire. Décryptage.

Droits spécifiques des Français de l'étranger

Certaines allocations échappent à la condition de résidence : les aides sociales pour les Français de l'étranger, gérées par les Conseils Consulaires pour la Protection et Aides Sociales (CCPAS). 3 conditions pour que son dossier soit examiné par la CCPAS : avoir la nationalité française, être inscrit au registre des Français de l'étranger, et vivre dans le pays dans lequel la demande d'allocation est envoyée.

Principales allocations destinées aux Français de l'étranger 

Allocation adulte handicapé (AAH) : attribuée aux personnes qui justifient un taux d'incapacité d'au moins 80% (carte d'invalidité délivrée par la CDAPH, la Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées), et de « revenus inférieurs au taux de base des allocations ». L'allocation enfant handicapé concerne les adultes ou institutions ayant en charge un enfant (moins de 20 ans) dont le taux d'incapacité est d'au moins 50% (justification de la CDAPH).

Secours Mensuel Spécifique (SMSE) : aide spéciale pour les enfants en détresse. Sont ici prises en compte la précarité de la famille, mais aussi les répercussions psychologiques, physiques ou sociales que cette situation a sur l'enfant (troubles de l'équilibre, éducation, santé, etc.).

Allocation de solidarité (AS) : réservée aux 65 ans et plus ou aux plus de 60 ans inaptes au travail.

L'allocation à durée déterminée (ADD) n'exige aucune condition d'âge. Versée durant 6 mois maximum, elle est pensée pour aider les Français de l'étranger en situation d'urgence sur le professionnel (ex. : perte d'emploi) ou familial. Ces Français sont déjà en situation précaire avant de demander l'ADD, et ne peuvent la cumuler avec l'AAH ou l'AS. Seule exception : cas d'un sénior en maison de retraite dont les frais de pension excèdent le montant de l'AS. Dans ce cas précis, il pourra recevoir l'ADD, même après 6 mois.

Secours occasionnels (SO) et aides exceptionnelles (AEX) : les AEX sont prévues pour les Français non inscrits sur le registre des Français de l'étranger, les Français de passage, ou les détenus. Le SO est réservé aux ressortissants inscrits sur le registre des Français de l'étranger. Ces deux aides peuvent être mises en place en cas d'urgence ponctuelle, lorsque l'individu ne dispose d'aucun autre moyen d'aide.

Prestation d'assistance consulaire (PEC) : aide temporaire pour les Français en difficulté résidant dans l'UE.

Peut-on conserver ses droits à l'étranger ?

Les allocations versées par la Caisse d'Allocations Familiales (CAF) sont conditionnées au fait de résider en France « de manière effective et permanente ». En pratique, le bénéficiaire ne peut pas s'absenter « plus de 92 jours consécutifs ou non » par année civile, ou de date à date. Cette mesure concerne les prestations familiales (allocations) et le revenu de solidarité active (RSA). Concernant l'aide au logement, la durée maximum d'absence est étendue à « 122 jours consécutifs ou non ». 

Si le principe reste de résider en France pour jouir de ses droits, dans certains cas, la Caisse d'assurance retraite et de santé au travail (Carsat) préserve les droits de ses bénéficiaires résidant à l'étranger. Ils peuvent bénéficier de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), de l'allocation supplémentaire d'invalidité (Asi), ou du Fonds national de solidarité (Fns). Condition : ne pas s'absenter « plus de 180 jours consécutifs ou non ». La pension de réversion et la retraite personnelle peuvent également être touchées à l'étranger. Condition : justifier, dans les 3 mois, sa situation auprès de la Carsat.

De même, les allocations versées par la Caisse primaire d'Assurance maladie (Cpam) sont conditionnées au fait de résider en France plus de 6 mois durant l'année civile. Seule la convalescence peut se faire à l'étranger, en cas d'arrêt de travail, et si la Cpam l'autorise. 

Contrôle tout aussi strict de Pôle emploi, qui n'autorise une absence du territoire que 35 jours par année civile, au risque de suspendre le versement de l'allocation de retour à l'emploi (ARE). Exception : si le demandeur d'emploi séjourne dans un pays de l'Union européenne (UE) ou en Suisse, il peut, sous conditions, préserver et exporter ses droits durant 3 mois.

Peut-on conserver sa protection sociale à l'étranger ?

La protection sociale est fonction de la situation professionnelle et familiale. Le candidat à l'expatriation doit informer, au préalable, son organisme d'assurance maladie et sa mutuelle de son projet de départ. S'il est salarié, l'entreprise s'occupe, en général, de cette démarche. 

En principe, les travailleurs détachés (vie à l'étranger 3 ans maximum) et les fonctionnaires préservent leurs droits à la sécurité sociale française, qu'ils partent vivre dans un pays de l'UE, de l'EEE (Espace économique européen), ou dans un autre pays (des accords internationaux ou bilatéraux peuvent exister). Les fonctionnaires partant dans un pays tiers doivent être missionnés par leur administration vers un organisme officiel (ambassade, etc.) pour rester couverts par le régime français. En revanche, les travailleurs expatriés ne conservent plus leurs droits. Ils sont sous la sécurité sociale du pays d'accueil, quel que soit leur pays d'expatriation. Si le pays est hors UE ou EEE, il a peut-être signé une convention bilatérale avec la France. En l'absence de convention, les règles du pays d'accueil s'appliquent. La mesure vaut aussi pour les membres de la famille, qu'ils soient expatriés ou non. S'ils restent en France, ils doivent informer, et l'organisme étranger, et l'organisme français. 

Les étudiants partant moins d'un an en UE ou EEE restent sous le régime français. Condition : demander une carte européenne d'assurance maladie auprès de sa caisse d'assurance maladie. S'ils partent plus d'un an, ils ne dépendent plus du système français, mais de celui du pays d'accueil. S'ils partent moins de 6 mois dans un État tiers, ils pourront « bénéficier d'un remboursement forfaitaire des soins » ; la mesure vaut aussi s'ils partent plus de 6 mois et qu'ils ont moins de 20 ans. S'ils ont plus de 20 ans, ils ne sont plus sous le régime français.

Les demandeurs d'emploi indemnisés en France préservent leurs droits s'ils partent dans un pays de l'UE, de l'EEE ou en Suisse pendant 3 mois (6 mois, sous conditions, et exceptionnellement). S'ils partent dans un pays tiers, ils ne seront pas indemnisés.

Les retraités peuvent conserver leurs droits à l'assurance maladie dans leur pays de résidence (UE ou EEE). Condition : ne pas recevoir de pension dans le pays d'accueil ouvrant des droits aux soins de santé, et posséder une carte européenne d'assurance maladie. S'ils partent dans un État tiers, et qu'une convention bilatérale existe avec la France, ils sont couverts selon les modalités de ladite convention. S'il n'y a aucun accord, ce sont les dispositifs du pays d'accueil qui s'appliquent.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

Commentaires

  • henriV24
    henriV24il y a 3 ans(Modifié)

    il est une aide fiscale non mentionnée concernant les personnes âgées ayant besoin d'une aide ménagère à domicile et qui payent des impôts en France puisqu'elles y ont un patrimoine imposé.

    Si tous les français bénéficient (grâce au CESU) de l'exonération des charges sociales pour le personnel travaillant au domicile de la personne âgée , il y a l'exception des RNH qui lorsqu'ils viennent accueillir leur famille dans la résidence imposée+taxée en France ne peuvent bénéficier du CESU et payent le personnel qui les assiste en résidence française pendant une centaine de jours d'été.

    C'est une injustice entre français qui payent les mêmes impôts sur leurs résidences que ce discernement entre français à plein temps en France et quelques Français à temps partiel.

    L'exonération fiscale des charges pour l'emploi de personnes à domicile fut instaurée pour éviter la fraude donc ce distinguo entre français est une incitation

    à se faire justice soi-même lorsqu'on ne peut faire autrement que d'être aidé par du personnel en raison du handicap de la vieillesse et que l'on voit ses voisins bénéficier du CESU!!

    Un distinguo pour emmm.... quelques 1% des français et faire des lois compliquées et incitatives à ne pas les appliquer ??

  • jean luc1
    jean luc1il y a 3 ans(Modifié)

    pour toucher cette aide Allocation de solidarité (AS) : réservée aux 65 ans et plus ou aux plus de 60 ans inaptes au travail. je crois qu'il faut résider en France .jean Luc

  • patrickcossart
    patrickcossartil y a 3 ans(Modifié)

    Bonjour. Voici ma situation à venir: retraité la 1er juin 2022. Marié à une Tunisienne qui bénéficie d'une carte résident permanent en France. Inscrite à Pole emploi. Objectif: vivre en Tunisie ( locataire) et bénéficier des meilleures conditions d'imposition et de couverture maladie. Quel(s) Régimes fisc(aux)l et maladie (mutuelle) adopter? Quel régime de résidence et durée annuelle promouvoir? Merci

  • hémiplégiC
    hémiplégiCil y a 3 ans(Modifié)

    Bonjour à tous et à vous Dame Mikki Beru, ...étant devenu invalide dès suite à une opération cérébrale trop tardive et me rendant ... hémiplégique ! (à l'âge de 36 ans) ... et ce , à un taux d'incapacité égal ( = ) ou supérieur ( < ) à 80 % , et pourtant percevant une pension d'invalidité inférieur à 700€ (678€) , et qui est compensé par L'A.S.I et L'A.A.H pour atteindre le minimum requis ... on m'a dit ! (quand j'ai interroger les organismes qui me versent ces prestations .) ... que je n'aurai plus droit aux prestations A.S.I et l'A.A.H compensatrice de ma pension d'invalidité si je décide de résider à l'étranger (et en tout cas, hors U.E) et plus de 180 jours !!! ... et de plus, je n'aurai plus mes droits de couverture santé dans le pays d'accueil (et ce, quel qui soit ! )... à l'exception d'un ou deux pays ayant signés des conventions de réciprocité bilatérales de sécurité sociale ... pourtant, avec ces (plus que) 678€ ... il me semble avoir des revenus inférieurs au taux de base des allocations ... mais, mes droits à la santé me resteront ouvert ... si je prends un avion et que e rentre en France pour me faire soigner et tant que cela ne dépasse pas un mois d'hospitalisation ... bref ! .. selon l'endroit ou un invalide à un taux d'incapacité égal ( = ) ou supérieur ( < ) à 80 % s'expatrie et s'il n'a pas droit à cette A.A.H ... il n'aura pas grand chose pour se payer l'avion pour rentrer se faire soigner en France !!! ... (du moins, dans mon cas particulier) mais cela a pu changer vu la date ou vous avez publiez vôtre intéressant article ... (pourtant sur le site : https//:www.gouv.fr ... il est toujours indiqué pas plus de 180 jours pour percevoir l'A.A.H à l'étranger ... mis à part dans le cadre et l'option unique ... d'apprendre une langue étrangère et il me semble même ... uniquement par un organisme reconnu et agréée auprès des autorités Française ! ... mais sur ce dernier point ! , je n'ai pas trouvé plus de détails ! ... bref !!! ... merci pour vos infos ! ... et si les miennes peuvent faire avancer le SCHMIBLICK et / ou la discussion ... ce sera déjà ça ! ... bien à vous, sincèrement vôtre ...

  • bretondusud
    bretondusudil y a 3 ans(Modifié)

    concernant les retraités hors UE  , je me permets de préciser que nous conservons tout de même le bénéfice de la prise en charge des soins réalisés lors d’un séjour temporaire en France .

    Ce bénéfice nous est chèrement facturé moyennant le prélèvement d’une COTAM de 3.2% sur la retraite de base et 4.2% sur la retraite complémentaire .

    pour ceux qui ne sont pas au courant voici les conditions :

    Les retraités français de l’étranger peuvent bénéficier de la prise charge des soins réalisés lors de leur séjour temporaire en France.

    En effet, à l’instar de tous les Français, les retraités du régime général installés à l’étranger cotisent au titre de leur couverture Assurance Maladie obligatoire en France.

    Depuis le 1er janvier 2014, le Service des retraités français à l’étranger, situé à la Caisse Primaire de Seine-et-Marne, assure une nouvelle offre de service au retraité français résidant à l’étranger : il affilie les retraités qui en font la demande, délivre une carte Vitale et rembourse les soins qu’ils effectuent en France.

    Un service dématérialisé

    La demande d’affiliation à l’Assurance Maladie est entièrement dématérialisée : elle se fait en ligne sans aucune pièce justificative à produire sur le site www.ameli.fr.

    Le service propose également un accueil téléphonique spécifique accessible de l’étranger.

    Les engagements du service

    Traitement des inscriptions en 5 jours et envoi d’un courrier de bienvenue en 15 jours (ajoutés les délais d’acheminement postal à l’étranger).

    Délivrance de la carte Vitale dans un délai de moins de 3 semaines (après fourniture des pièces par l’assuré).

    Remboursement des soins avec la carte Vitale en moins de 7 jours.

    Mise en place d’échanges en ligne pour les détenteurs d’un compte ameli.

    Le public concerné

    Ce service dédié s’adresse aux titulaires d’une rente ou d’une pension de retraite de nationalité française, résidant à l’étranger hors UE/EEE/Suisse et se rendant en France pour un séjour temporaire.

    L’inscription au service

    En ligne à l’aide du formulaire d’inscription sur le site www.ameli-rfe.fr

    Le retraité reçoit un accusé de réception avec un numéro sécurisé d’enregistrement de la demande. Il peut également sauvegarder le reflet des éléments saisis en format PDF sur son ordinateur. C’est la formule la plus rapide et la plus sécurisée. Elle est utilisée par 98 % des demandeurs

    Cette formule est proposée pour ceux qui ne peuvent pas accéder au service en ligne.

    Par courrier CPAM DE SEINE-ET-MARNE CNAREFE 77605 MARNE-LA-VALLÉE CEDEX 03

    Dans ce cas, vous pouvez demander un formulaire papier au préalable pour faciliter vos démarches.

    cordialement

  • rolandejuliadesautel
    rolandejuliadesautelil y a 3 ans(Modifié)

    L'AAHpeut-elle être perçue par un français vivant en Espagne?

  • Ines Dopagne
    Ines Dopagneil y a 3 ans(Modifié)

    Merci pour ces informations très utiles

  • Guest
    Guestil y a 3 ans(Modifié)

    Merci pour ces informations qui pourront aider certaines personnes