Face à une importante pénurie de main-d'œuvre, l'Allemagne compte actuellement sur l'immigration pour répondre aux besoins du marché ainsi qu'à la crise économique. C'est ce qui découle d'une récente déclaration faite par Peter Altmaier, le ministre fédéral de l'Économie et de l'Énergie. L'Allemagne cherche ainsi à attirer quelque 400 000 travailleurs qualifiés chaque année. Pour attirer des professionnels qualifiés, le pays annonce une hausse du salaire minimum national à 12 euros de l'heure.
Pour le gouvernement allemand, une hausse du taux d'immigration permettrait d'éviter de graves pénuries de main-d'œuvre dans différents secteurs tout en maintenant un niveau de productivité élevé. Cela permettrait aussi de contourner le danger qui guette la transition énergétique. D'autant plus que cette puissance économique, la plus importante d'Europe, fait face à une crise démographique. « Le pays dispose aujourd'hui de quelque 300 000 postes vacants, mais il est fort probable que ce chiffre grimpe à un million voire plus », a prévenu Robert Habeck, un chef du parti des Verts, lors d'une conférence de presse. « Si le pays n'arrive pas à réduire cet écart, nous ferons face à une véritable baisse en termes de productivité », a-t-il déclaré.
Le ministre de l'Économie précise que la pénurie concerne pratiquement toutes les professions, y compris les ingénieurs, les artisans, les aides-soignants. L'Institut économique allemand ne cache pas son inquiétude pour les entreprises. Selon ses observations, la population active pourrait subir une baisse de 300 000 personnes actives cette année, cela en raison du vieillissement de la population. Il ressort que le nombre de professionnels qui partent à la retraite est nettement supérieur au nombre de jeunes professionnels qui rejoignent actuellement le marché du travail.
Selon les estimations, cet écart devrait se creuser davantage, pouvant atteindre plus de 650 000 en 2029. Cette situation pourrait résulter en une pénurie accumulée de personnes en âge de travailler d'environ 5 millions en 2030. Le nombre d'Allemands en emploi est toutefois passé à près de 45 millions en 2021 malgré la pandémie de coronavirus.
Les secteurs les plus affectés
Pour les professionnels étrangers qui recherchent des opportunités en Allemagne, voici les principaux secteurs et les professions à considérer :
- Ingénierie électronique
- Informatique
- Génie mécanique
- Gestionnaires de comptes / Analystes d'affaires
- Ingénierie civile / Architecture
- Spécialistes de l'informatique
- Consultants/analystes informatiques
- Scientifiques/analystes de données
- Développeurs de logiciels
- Médecins
- Ingénieurs
- Ingénieurs en mécanique et véhicules
- Ingénieurs électriciens
L'étude conduite par le gouvernement met également en évidence une pénurie importante dans le domaine de la santé. Ce qui corrobore une récente observation du président de l'Association médicale allemande, Klaus Reinhardt. Selon lui, le système de santé allemand risque de s'effondrer à tout moment en raison de la pression qu'a entraîné la pandémie de coronavirus. Le secteur du commerce de détail est également concerné par la pénurie de main-d'œuvre. En effet, plus de la moitié des employeurs font état d'une situation inquiétante. D'autres secteurs comme le social, l'éducation, l'artisanat et ainsi que les professions techniques sont aussi concernés.
Que faut-il considérer avant de partir en Allemagne ?
Visas
Il existe actuellement une demande importante, entre autres, pour des médecins, infirmiers, ingénieurs, techniciens en mécatronique, informaticiens, ainsi que des conducteurs de train. Il n'empêche que le système de vérification rapide disponible sur le site Web Make it in Germany ne précise pas les chances de véritablement trouver un emploi en Allemagne en tant qu'expatrié. Avant de commencer à chercher un emploi, il est donc recommandé de vérifier si vous aurez besoin d'un visa pour travailler en Allemagne. Les citoyens des pays de l'UE, de Suisse, du Liechtenstein, de Norvège et d'Islande, par exemple, n'ont pas besoin de visa pour travailler en Allemagne, tandis que ceux provenant du Canada, d'Israël, du Japon, de Corée du Sud, de Nouvelle-Zélande ou des États-Unis peuvent entrer en Allemagne sans visa et y séjourner jusqu'à trois mois. Toutefois, s'ils souhaitent y travailler, ils devront demander un titre de séjour leur permettant d'exercer une activité lucrative.
Pour les expatriés qui sont soumis à l'obligation de visa et qui doivent entamer tout le processus de demande dans leur pays d'origine, il existe plein d'options. Par exemple, ils peuvent envisager d'obtenir un diplôme en Allemagne pour qu'ils soient éligibles pour un visa de six mois, ce qui leur permettra de chercher un emploi. Pour de nombreux postes, les professionnels étrangers doivent également obtenir une reconnaissance de diplôme. Les expatriés peuvent vérifier si cela s'applique à eux sur le site Reconnaissance en Allemagne. Les expatriés doivent également obtenir une assurance maladie qui est obligatoire en Allemagne. L'obligation d'avoir une mutuelle est applicable dès leur arrivée dans le pays.
Recherche d'emploi
Les offres d'emploi annonces sur le site Make it in Germany donnent des détails sur les postes vacants destinés aux professionnels étrangers. Les expatriés peuvent également rechercher un emploi sur des plateformes classiques comme LinkedIn ou sur le site internet de l'Agence fédérale pour l'emploi. D'autres sites internet comme Stepstone, Indeed et Monster regorgent également d'offres d'emploi dans divers domaines. Si vous souhaitez intégrer une entreprise spécifique, pensez à contacter directement l'entreprise ou à consulter leur site internet.
L'immigration en Allemagne : quelle ambition ?
Même si la pénurie de main-d'œuvre semble une opportunité idéale pour s'expatrier en Allemagne, il y a quand même énormément de choses à prendre en compte avant de franchir le cap. Par exemple, l'enjeu économique, ou encore le populisme de droite qui est en forte croissance au sein de la société allemande. D'autre part, les personnes d'origine musulmane, ainsi que les minorités ont subi des contrecoups dans le pays en raison de situations extrêmes qui ont eu un impact sur les politiques migratoires ces dernières années. Il n'empêche que l'ancienne chancelière Merkel a fait preuve d'une grande flexibilité quant à l'accueil des immigrants dans le pays. Aujourd'hui, grâce au nouveau chancelier, Olaf Scholz, il y a de l'espoir que la situation ne va pas se dégrader, même si ce ne sont que des paroles pour l'heure. « L'Allemagne est un pays d'immigrants », a-t-il fait ressortir.