Avec 7,482 millions d'habitants, Hong Kong est une mégalopole extrêmement active et soumise malheureusement à une explosion de la contamination à la Covid 19 depuis mi-février, enregistrant des taux jamais vus jusque-là. Plus de 200 décès sont toujours enregistrés quotidiennement, et le nombre de cas testés positifs est encore bien au-delà de 10000 personnes par jour, à la mi-mars.
Pour pallier la recrudescence de contaminations, des mesures extrêmement strictes avaient été mises en place dès février : toute personne contaminée, même asymptomatique, doit être hospitalisée ou hébergée en centre de quarantaine. Hong Kong a rapidement vu ses structures engorgées et toute son organisation paralysée malgré les réquisitions de logements publics, hôtels et même d'appartements. Toute la Chine connaît des mesures très strictes, et les avis sont partagés sur leur utilité et leur mise en place parfois cavalière.
Pourquoi des mesures si importantes ?
Rappelons que la Chine a été très peu touchée auparavant grâce à la limitation des déplacements et des tests de dépistage constants sur la population. Plus généralement, les déplacements vers l'international avec -98% de vols internationaux par rapport à 2019 et une quarantaine stricte de deux à trois semaines à l'arrivée pour ceux qui souhaitaient y séjourner est toujours de mise. Aussi, pour les expatriés notamment, il était peut-être facile de partir mais il est clairement compromis de pouvoir revenir aussi facilement.
Ainsi Cyntia, une jeune américaine, nous confie qu'elle a dû avorter son projet d'expatriation vers la Chine à cause de la Covid. À voir si elle tentera sa chance une fois que la pandémie sera passée. Rien n'est moins sûr. Elle se laisse le temps de la réflexion. Son ami PG, un expatrié américain, a quitté la Chine pour partir en vacances l'an dernier. Il est à ce jour toujours aux États-Unis – où il a attrapé la Covid entre-temps – et travaille à distance dans l'attente de pouvoir rentrer chez lui, un jour.
Pour ceux qui sont déjà sur le territoire, la situation n'est guère plus simple. Les autorités chinoises procèdent à un verrouillage total de zones géographiques à chaque contamination détectée. Aussi, Hong Kong et d'autres districts ont été le théâtre de clôtures complètes à effet immédiat pour plusieurs semaines parfois, séparant ainsi des parents de leurs enfants, des conjoints, des employés de leur entreprise ou inversement.
Romu vit dans un district proche de Hong Kong. Il évoque ces conditions de confinement forcé : « On a subi un premier confinement le 24 février. Les gardiens à l'entrée nous préviennent: « si vous entrez, vous ne pouvez plus sortir. » On a donc fait quelques courses mais dans ces cas-là, avec un seul grand supermarché pour tout un quartier, il était dévalisé. Mais ils ont su vite réagir. Deux jours plus tard on pouvait commander en ligne et se faire livrer le jour même. Notre résidence (environ 10000 personnes) a été fermée à cause d'un cas positif. Deux jours plus tard c'est tout le quartier qui était en confinement. Ensuite ils imposaient un test journalier et deux semaines plus tard on était censés être libéré, sauf que non. On a dû attendre le 12 mars, sans raison. Et le 13, la ville entière a décidé d'imposer un confinement général. Plus de bus ni métro. Pour notre district, il y avait même obligation d'avoir une autorisation spéciale pour circuler en voiture... »
Un autre aspect négatif évoqué par certains au terme des confinements, cette fois, est l'obligation de rattraper ses heures de travail si on n'a pu travailler de chez soi et que l'on veut être payé. Il en résulte des engorgements dans les métros le matin, puisque les employés partent une à deux heures plus tôt que la normale pour effectuer ce rattrapage. La distanciation sociale dans ce cas est impossible et l'attente peut être extrêmement longue dans des stations noires de monde…
Rester ou partir
Résultat de ce type de situations : un mécontentement grandissant de la population locale. Si les uns ont l'envie d'en finir avec cette politique zéro Covid, les autres l'acceptent. Vincent qui vit à Yuen Long, est de ceux qui restent. « Pour beaucoup, les mesures sont dures mais la sécurité jusqu'à présent fait que cela reste gérable. Les allègements annoncés (…) vont aider à faire avaler la pilule pour le temps qu'il reste. La seule mesure qui fait vraiment du mal aux expats est, selon moi, la quarantaine très dure. Pour le reste, la vie à Hong Kong a été relativement facile ces deux dernières années. La scolarité des enfants est un autre point difficile mais en ce qui concerne mes enfants, l'école s'est bien adaptée.”
Romu affirme également se sentir en sécurité : « De mon côté même si cela est effectivement contraignant (…), on a vécu deux ans sans COVID pendant que le reste du monde affichait un nombre de cas et de morts impressionnant. On se sent plus en sécurité ici. La Chine a la capacité d'être très réactive. Un confinement ici sert à quelque chose. On teste toute la population, contrairement à la France où le confinement sert à décharger l'hôpital. Ici, aucun souci de ce côté-là. »
Antoine, qui vit à Shanghai depuis 3 mois seulement, est quant à lui de ceux qui avaient un rêve que ces mesures ont, au contraire, complètement refroidi. « Les nombreuses quarantaines imposées par le gouvernement ne laissent pas insensible les populations. Du jour au lendemain, on se retrouve bloqué dans le lieu où nous sommes : chez soi ou au travail. J'ai des exemples de personnes qui ont été bloqués dans des universités, des cafés, des boîtes de nuit… (…) Les durées des quarantaines ne sont pas définies à l'avance (48h au départ) et nous ne savons pas quand nous serons libérés. (…) Cette politique développe le sens de la peur, du stress et amoindrit les perspectives d'avenir professionnel et personnel. Pour moi, cette politique du zéro Covid n'est plus gérable. Elle coûte cher au gouvernement qui paye des millions de tests PCR chaque jour, et n'est pas adaptée. »
Antoine évoque des changements politiques en 2018 qui rendent le pays moins accueillant, des problèmes d'intégration : « Les regards peureux où des distanciations sociales importantes dans les transports en commun à notre égard ne nous aident pas à nous sentir intégrés dans le pays ». Selon lui « 2 ans après le début de la crise, je pense qu'il serait préférable de penser autrement et pourquoi pas vivre avec la Covid comme en Europe. »
Au final, Antoine pense déjà à repartir pour retrouver cette vie plus simple et moins contraignante qu'il connaît en Europe. « Ce qui me retient ici, c'est mon travail et le projet pour lequel je suis venu. Mais lorsque celui-ci sera terminé, (dans 6 mois) je partirai. »
Un autre membre d'expat.com nous indique que dans sa ville, il n'y a plus aucun cas positif à la Covid-19 grâce aux mesures mises en place. Les contrôles très stricts le rassurent et il se sent aujourd'hui confiant. Il se permet à présent avec son entourage proche, de se rencontrer sans porter de masque. Si les inspections ont perturbé un temps son quotidien, l'empêchant de voyager, il convient que pour lui son choix est vite fait entre voyager ou l'assurance d'être en bonne santé. Quant à sa philosophie sur le ras-le-bol de certains expatriés face à ces mesures, elle est plutôt claire et sans équivoque : « Si vous n'aimez pas les méthodes de ce pays, je vous en prie, partez. Ne vous obligez pas à vivre dans un lieu qui vous rend malheureux ».
Un témoignage qui fait réfléchir au sens même du bien-être dans la vie d'expatrié. Chacun fera son choix…