![refugies a la frontiere de l'Ukraine](https://www.expat.com/images/upload/6/7/1/4/1648446676-shutterstock-2131279401-news_item_slider-t1648446676.jpg)
Avec les bombardements russes dans les différentes zones de l'Ukraine, les citoyens du pays, de même que les expatriés, sont contraints de fuir pour des raisons de sécurité et demander l'asile dans les pays voisins. Cependant, cette crise humanitaire met en lumière des cas de discrimination, particulièrement à l'égard des expatriés de couleur vivant en Ukraine, la plupart d'entre eux provenant d'Afrique.
Jusqu'à présent, selon les chiffres rendus publics par l'ONU, environ 3 millions de personnes ont déjà quitté l'Ukraine. On s'attend d'ailleurs à ce que ce chiffre gonfle davantage au cours des prochains mois. Il s'agit actuellement du plus grand nombre de réfugiés jamais enregistré depuis la seconde guerre mondiale. Les réfugiés d'Ukraine sont en train de traverser les frontières pour rejoindre les pays voisins d'Europe de l'ouest, comme la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Hongrie et la Moldavie.
Discrimination dans les médias et aux frontières
Comme la plupart des Ukrainiens sont des blancs, ce grand départ semble avoir mis en évidence des cas allégués de discrimination aux frontières contre les expatriés de couleur vivant en Ukraine. Une situation qui a bien évidemment suscité l'intérêt des médias internationaux. « C'est une ville relativement civilisée, relativement européenne – je suis consciente que je dois bien choisir mes mots – une ville où l'on ne s'attendrait pas à ce genre de situations, où on n'espérerait pas que cela se produise », a déclaré Charlie D'Agata, correspondante de CBS New, sur la couverture de la situation en Ukraine. La chaîne BBC a également interviewé un ancien procureur général adjoint d'Ukraine. Ce dernier déclaré au média britannique : « C'est une situation très émouvante pour moi parce que je suis en train de voir des Européens aux yeux bleus et aux cheveux blonds... se faire tuer tous les jours. » Sur BFM TV, le journaliste Philippe Corbé a tenu les propos suivants au sujet de l'Ukraine : « Nous ne parlons pas ici des Syriens fuyant les bombardements du régime syrien qui bénéficie du soutien de Poutine. Nous parlons d'Européens qui sont en train de vivre dans des voitures comme les nôtres pour sauver leur vie. » Il existe plusieurs exemples de couvertures jugées discriminatoires dans les médias internationaux, comparant principalement les réfugiés ukrainiens définis comme « civilisés » en raison de la couleur de leur peau avec ceux de l'Afghanistan et les « autres », comme les Syriens, qui, selon la perception commune, peuvent naturellement subir les conséquences de la guerre.
Témoignages poignants d'expatriés
Il semble donc que de nombreux expatriés de couleur qui vivent en Ukraine sont confrontés à des comportements discriminatoires lorsqu'ils se rendent aux frontières et tentent de demander l'asile. Selon un article publie par The Guardian UK, plus de 500 étudiants étrangers se sont retrouvés coincés à Soumy, une ville située à 40 km de la frontière nord-est de l'Ukraine. La plupart de ces étudiants sont originaires de pays africains, notamment du Nigeria, du Maroc, de Tanzanie, du Congo, mais il y en a aussi qui proviennent de l'Inde et d'autres pays d'Asie. Oluwaseun Adefemi, un étudiant en médecine d'origine nigériane qui est arrivé à Soumy en janvier dernier, a témoigné que les réserves de nourriture et d'eau s'épuisaient déjà, ajoutant que c'était désormais risqué de se rendre dans les commerces locaux.
Les étudiants étrangers en Ukraine sont terrifiés. Shivangi Shibu, originaire de l'Inde, a récemment partagé sur Twitter une vidéo qu'elle a faite depuis la fenêtre de sa chambre de résidence universitaire. Les images démontrent une frappe aérienne au-dessus de la ville de Soumy et on aperçoit un flash de lumière crue au loin. « Il n'y a plus d'électricité », décrit la légende de la vidéo.
Les Nations Unies reconnaissent que certains réfugiés d'origine non européenne ont été victimes de discrimination en tentant de traverser les frontières de l'Ukraine après que leurs expériences ont été qualifiées de mensonges et de « désinformation russe » par des commentateurs en ligne. Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a d'ailleurs évoqué la situation lors d'une conférence de presse début mars. « Nous avons vu pas mal de reportages dans les médias et nous avons constaté qu'il existe des traitements différents pour les personnes d'origine ukrainienne et non ukrainienne. Nous ne pourrons peut-être pas scruter chaque message pour l'instant, mais selon nos observations, ce ne sont pas des politiques de l'État, même si cela s'est produit dans plusieurs cas », a-t-il déclaré.
Ces allégations de discrimination ont retenu l'attention de la National Association for the Advancement of Coloured People et de la National Urban League aux États-Unis. Ces deux entités ont adressé une lettre au président de l'Union européenne, réclamant un traitement juste et humain pour tous.
Une étudiante originaire du Ghana a fait part de ce qu'elle a vu et vécu en Ukraine à CBS News. « La plupart du temps, ils considéreraient d'abord les Blancs, ensuite les Indiens, les Arabes avant les Noirs », a déclaré Ethel Ansaeh Otto.
Un autre étudiant originaire du Maroc a déclaré : « Nous sommes allés à la gare, et ils ne nous ont pas laissés entrer. Et quand ils nous ont finalement laissés entrer, ils ont dit : « Vous devez payer parce que ce n'est pas pour gratuit pour vous, vous êtes des étrangers », a déploré Selma El Alaui dans un reportage de CBS.
Début mars, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a tweeté une vidéo indiquant qu'une ligne téléphonique d'urgence avait été mise en place spécifiquement pour les étudiants africains, asiatiques et autres qui souhaitent quitter l'Ukraine.