Alors que la plupart des pays du monde se remettent graduellement des conséquences de la pandémie de Covid-19 et ont assoupli leurs restrictions sanitaires, y compris la réouverture de leurs frontières, l'autorisation à circuler sans masque et la réouverture des écoles, Hong Kong fait face à un nouveau pic épidemique. Une situation qui plonge à nouveau les expatriés dans l'incertitude.
Après avoir survécu près de deux ans de la Covid-19 grâce à ses restrictions sanitaires jugées très strictes comparées à d'autres pays, les autorités de Hong Kong se retrouvent actuellement dans l'incapacité de contenir la nouvelle vague soulevée par la variante Omicron. Le nombre de nouvelles infections est montée en flèche, si bien qu'une pénurie de chauffeurs pour les bus et les métros de la ville a été signalée. Les restrictions sanitaires existantes sont donc prolongées, plongeant les résidents et les expatries dans l'incertitude quant à une fermeture totale.
Quelle est la situation actuelle ?
Le 16 mars dernier, le gouvernement de Hong Kong a annoncé de nouvelles mesures, y compris la fermeture des plages publiques. Alors que le nombre de cas ne cesse d'augmenter, les réglementations en matière d'isolement sont également renforcées. Une situation qui n'est pas sans conséquence sur les commerces. En effet, des dizaines de magasins ont été contraints de fermer leurs portes temporairement en raison d'une pénurie de main-d'œuvre après que leurs employés ont été testés positifs.
Carrie Lam, cheffe de l'exécutif de Hong Kong, a donc décidé de prolonger ses restrictions sanitaires, particulièrement l'interdiction des rassemblements de plus de deux personnes. La plupart des endroits sont fermés, y compris les écoles, et le port du masque est obligatoire partout, même pour ceux qui font du sport en plein air. Jasper, un expatrié américain à Hong Kong, indique : « Même si le pays exige le port du masque dans tous les endroits, il a tout de même un taux de mortalité relatif à la Covid-19 très élevé ».
Quel impact sur l'économie et les expatriés ?
Le poids de la pandémie pèse non seulement sur l'économie hongkongaise mais aussi sur la communauté des expatriés. En effet, ces deux dernières années, de nombreuses entreprises multinationales ont déménagé leurs activités de Hong Kong tandis que d'autres ont temporairement détaché leurs cadres supérieurs en raison de l'incertitude qui plane sur l'économie. Les restaurants, par exemple, sont actuellement confrontés aux nouvelles limitations sur les plats prêts à emporter puisque les livraisons à domicile ne sont plus autorisées après 18h00. Si les salons de coiffure sont dorénavant autorisés à opérer, les gymnases et les bars ayant reçu des directives de fermeture en janvier ne pourront rouvrir qu'à mi-avril, dépendant de l'évolution de la situation.
Chris Oliver, journaliste indépendant américain à Hong Kong, fait état de l'exaspération des expatriés à Hong Kong en raison des restrictions prolongées. « La Chine vient de confiner la ville la plus proche de Hong Kong. Cela signifie que la situation se corse pour les habitants et les expatriés se précipitent vers l'aéroport. » Ces restrictions de voyages intérieurs sont un élément crucial pour les entreprises qui sont actuellement en train de recruter. En effet, les professionnels étrangers vivant à Hong Kong sont de plus en plus nombreux à se tourner vers des pays voisins comme Singapour. Mais n'est-il pas trop tôt pour parler d'un exode d'expatriés de Hong Kong ? Mak Sin Chang, un Singapourien qui vit à Hong Kong depuis huit ans, a déclaré sur France 24 qu'il n'hésiterait pas à partir s'il trouvait un emploi ailleurs. « Aujourd'hui, nous vivons tous dans les ténèbres, dirigés par des aveugles », se lamente-t-il.
La situation est aussi complexe pour les expatriés qu'elle l'est pour les locaux. Maria, une expatriée originaire des Philippines, s'est confiée à la chaîne CNN. Elle était sur le point de commencer un nouveau travail de domestique à Hong Kong le mois dernier lorsqu'elle a été testée positive à la Covid-19. Elle en a immédiatement informé son employeur, qui l'a exhortée à se rendre à l'hôpital. Mais une fois sur place, elle aurait été refoulée, le personnel de l'établissement lui expliquant qu'il n'y avait pas de place. Ils lui auraient conseillé de rentrer chez elle et de s'auto-isoler, sauf que son chez-soi s'avérait être son lieu de travail. « Mon employeur ne voulait pas que je revienne puisqu'ils ont des enfants à la maison ». Maria a déclaré à CNN: « Je ne sais plus que faire. Je n'ai aucun endroit où aller ». Par crainte de représailles de la part de ses employeurs actuels ou futurs et de ne pas inquiéter sa famille qui est à l'étranger, Maria a souhaité que son témoignage reste anonyme.
Singapour durcit le ton
Face à l'exode des expatriés de Hong Kong, Singapour a choisi de revoir son processus d'octroi de visas. En effet, le gouvernement a récemment introduit de nouvelles exigences pour les visas requis pour les cols blancs. Entre autres, les exigences salariales minimales ont été révisées et un système de points similaire à ceux utilisés au Royaume-Uni et au Canada a été mis en place. Mais même si ces changements ont été pensées en deux semaines seulement, ils ne devraient pas entrer en vigueur avant l'année prochaine. D'ici là, les nouveaux candidats à l'expatriation à Singapour devront accumuler un certain score sur une gamme de critères, y compris les diplômes et les compétences, ainsi que le barème salarial par rapport aux locaux (ceux qui se voient proposer des salaires plus élevés ont le plus de chances d'être sélectionnés). En outre, les entreprises désireuses d'embaucher des professionnels étrangers doivent avoir trouvé la perle rare, c'est-à-dire, des talents vraiment exceptionnels n'étant pas disponibles sur le territoire singapourien et être en mesure de payer plus. Une autre évaluation importante consiste à déterminer si la nationalité d'un candidat contribue à la diversité de l'entreprise.
Les expatriés fuyant Hong Kong ont donc intérêt à s'assurer de répondre à tous ces critères pour pouvoir s'installer et faire carrière à Singapour.
