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Les pays scandinaves sont-ils une terre d'accueil pour les expatriés ?

drapeaux des pays scandinaves
Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 15 Juin 2022

L'on vante depuis des années leur qualité de vie. Ils raflent toujours les premières places des pays les plus heureux du monde. Les habitants sont les premiers à célébrer le « soft power » de leur nation. Les expatriés ne sont pas en reste. L'herbe est-elle vraiment toujours verte dans les pays scandinaves ? Que se cache-t-il derrière ce bonheur érigé en fierté nationale ? Les étrangers sont-ils parfaitement intégrés ?

Les avantages du modèle scandinave

beautiful houses in Norway
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Norvège, Danemark, Suède, Finlande… On les appelle « les pays du bonheur ». Cadre de vie privilégié, place de la nature, relations femmes-hommes, inclusivité, éducation soucieuse du bien-être des enfants, système de santé, économie solide… Une économie solide, qui a permis à la Norvège de mieux résister face à la Covid. La Norvège a subi l'une des récessions économiques les plus faibles 2020 (-0,8 %) comparativement à d'autres pays européens. Elle a aussi retrouvé plus rapidement son niveau économique d'avant Covid. Un bon point pour les expatriés et candidats à l'expatriation. 

Côté emploi, les pays scandinaves offrent des salaires plus attractifs que d'autres pays, pour des conditions de travail meilleures. Au Danemark, par exemple, on ne plaisante pas avec l'égalité femmes-hommes. On respecte aussi la balance vie privée/professionnelle. Respect également observé chez les autres pays scandinaves. On commence le travail tôt, mais on le finit tôt. L'équilibre familial tient un rôle important. On comprend mieux pourquoi ces pays font rêver les expatriés. Les avancées se voient aussi côté écologie : moins de voitures, plus de nature. Copenhague, la ville du vélo, s'articule autour de ces valeurs. Valeurs qui ont pris une importance capitale depuis la Covid. Les expats veulent se mettre au vert, et choisissent des pays plus en harmonie avec leurs valeurs. La Suède, la Finlande et la Norvège sont aussi connues pour la place laissée à la nature. Ces valeurs sont enseignées dès le plus jeune âge – le système éducatif scandinave est, lui aussi, érigé en modèle. Les avancées sociales des pays scandinaves sont connues de tous. Les expatriés l'ont bien compris, et plébiscitent toujours ces États. Le bonheur se trouverait-il donc au nord de l'Europe ?

Les dessous du modèle scandinave : une montée inquiétante du racisme

people in the streets of Helsinki, Finland
astudio / Shutterstock.com

Personne ne remettra en cause les points positifs du modèle scandinave. La qualité de vie y est meilleure, les salaires sont dans la moyenne haute, le cadre de vie rassure et donne envie de se projeter. Le World Expat Index William Russel 2022 classe la Finlande 1er pays européen où il fait bon s'expatrier. La Finlande, qui rafle depuis 4 ans le World Happiness Report. Ce que l'on dit moins, c'est que la même Finlande a été rappelée à l'ordre l'an dernier par la Commission européenne. La Commission reproche à la Finlande, la Suède, la Pologne, la Belgique et la Bulgarie de n'avoir pas « transposé pleinement » une loi de l'Union européenne (UE) sanctionnant les manifestations de racisme et de xénophobie.

Le racisme progresse en Europe depuis plusieurs années et n'épargne pas les pays du Nord, au contraire. Pour les expatriés, l'intégration est un combat de chaque instant, surtout s'ils viennent d'Afrique. C'est la face cachée du « miracle scandinave ». La Suède, terre historique d'immigration, se déchire aujourd'hui autour de la notion « d'identité ». Mais le terme même de « terre d'immigration » semble, pour certains, un peu embelli. Interrogé par le journal français Libération le 22 janvier 2016, Joakim Ruist, économiste spécialiste des migrations, analyse : « dans les années 90, dès qu'un immigré commettait un crime, son origine était mentionnée en une des journaux, créant une atmosphère de suspicion. Aujourd'hui, c'est le contraire, au point d'en être ridicule : c'est controversé de dire que l'emploi des réfugiés est de 20 % inférieur à celui des Suédois, ou qu'il y a des problèmes culturels dans les banlieues. » La Suède peine à admettre les ratés de sa politique migratoire.

S'intégrer dans un pays scandinave : mission impossible ?

river in Sweden
Shutterstock.com

Interviewée le 14 juin 2018 dans notre magazine, Paola, expatriée en Finlande, ne tarit pas d'éloges sur son nouveau pays d'adoption. Elle reconnaît cependant que tout n'est pas parfait. « Ce que j'apprécie le moins, c'est l'isolement de la nation finlandaise par rapport au reste du monde. Il est fréquent que les gens aient l'impression que tout ce qui est finlandais est forcément correct. Qui plus est, le racisme et la discrimination sont en train de prendre de l'ampleur. » La même année, la Finlande est le pays européen qui enregistre le plus haut taux de violences raciales et de harcèlement envers les personnes d'origine africaine… L'on commente beaucoup ses scores de « pays du bonheur ». L'on parle moins de la montée inquiétante du racisme, qui imprègne jusqu'aux discours politiques. Les « crimes de haine » sont en augmentation. La Norvège, le Danemark et la Suède font aussi face à une montée du racisme. Les mouvements d'extrême droite associent hausse de la criminalité et immigration, et visent particulièrement les populations non blanches.

S'expatrier dans les pays scandinaves : mission impossible ? Non, mais mission difficile, surtout si l'on ne parle pas la langue. L'on conseille toujours d'apprendre la langue du pays, au moins ses rudiments, pour faciliter la recherche d'emploi et l'intégration. Mais en Finlande, les rudiments ne suffisent pas. Beaucoup d'entreprises exigent un bon, voire très bon niveau de finnois. Des expatriés témoignent avoir mis un an, voire plusieurs années, avant de maîtriser la langue, réputée difficile. Autre problématique : le coût de la vie et la hausse des inégalités. Selon l'OCDE, la Norvège est l'une des championnes en la matière. Les 20 % des plus riches gagnent 4 fois plus que les 20 % des plus pauvres. Même phénomène en Suède, au Danemark et en Norvège. La Covid n'a fait qu'aggraver ce constat.

Comment comptent-ils redorer leur image ?

Copenhagen, Denmark
Arcady / Shutterstock.com

Les pays scandinaves doivent agir, et ils le savent. Confrontés au vieillissement de leur population, ils amorcent de nouveaux programmes d'immigration et déroulent le tapis rouge pour les travailleurs qualifiés. La Finlande dit vouloir accueillir 50 000 travailleurs étrangers d'ici 2030. Elle le sait : elle devra assouplir certaines mesures pour espérer attirer les talents internationaux. Le gouvernement veut s'attaquer à la lourdeur administrative. D'autres suggèrent que les entreprises soient plus souples avec la maîtrise de la langue. En Suède, les associations en appellent à une refonte profonde de l'Office migratoire suédois, pour mettre enfin un terme à « l'expulsion de compétence » : là encore, la lourdeur administrative conduit à des non-sens qui impactent négativement, et l'image de la Suède, et son attractivité. Des travailleurs étrangers sont expulsés pour de simples motifs administratifs, qu'ils ne connaissaient pas, ou qui avaient déjà été réglés par leur employeur…

Si les pays scandinaves gardent leur image de « pays de rêve pour l'expatriation », la réalité est un peu plus nuancée. Les avancées sociales sont indéniables. Charge aux gouvernements de lutter efficacement contre le racisme, afin de garantir la même protection et les mêmes droits pour tous.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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