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Expatriation pendant la crise : quels sont les défis d'aujourd'hui ?

jeune femme seule
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Écrit parEster Rodriguesle 14 Juin 2022

La pandémie de coronavirus a contraint de nombreux pays à prendre des mesures strictes, certains allant jusqu'à fermer leurs frontières aux expatriés. Si de nombreuses personnes se sont vues contraintes de reporter leur projet d'expatriation, d'autres ont persisté contre vents et marées, sans pour autant obtenir les résultats escomptés.

Même si la situation est actuellement moins préoccupante dans de nombreux pays, il serait faux de dire que la situation des expatriés s'est améliorée. Loin de là ! Ces deniers sont toujours confrontés à des défis considérables dans leur pays d'accueil alors qu'ils espéraient que la plupart des restrictions allaient être assouplies et que la vie pourrait reprendre son cours. Cependant, il semble que nous sommes encore loin du compte.

L'Organisation des Nations Unies (l'ONU) a observé une baisse de près de 2 millions d'immigrants dans le monde par rapport à la hausse initialement estimée entre la mi-2019 et la mi-2020. En 2020, les flux d'immigration permanente vers les pays de l'OCDE ont chuté de plus de 30 %. 2020 témoigne ainsi d'une baisse historique de l'immigration vers les pays de l'OCDE depuis 2003. Parmi toutes les catégories d'immigration permanente vers les pays de l'OCDE, les données partielles disponibles démontrent que l'immigration en famille a connu la plus forte baisse, soit plus de 35 % en 2020.

Il faut reconnaître que les restrictions liées à la pandémie de COVID ont eu un impact considérable sur la situation démographique des pays qui dépendent de l'immigration pour sa croissance. En Allemagne, par exemple, les données nationales pour 2020 n'affichent aucune croissance démographique pour la première fois au cours de la dernière décennie en raison d'une baisse de l'immigration. Il s'agit en effet de l'une des observations du rapport 2021 de l'Office fédéral allemand des statistiques. Aujourd'hui, le pays est confronté à une pénurie de main-d'œuvre dans de nombreux secteurs et ambitionne d'attirer quelque 400 000 travailleurs étrangers qualifiés.

Allemagne

Gabriella Alves est une étudiante brésilienne qui vit actuellement à Heilbronn, en Allemagne. Elle est arrivée en septembre de l'année dernière, en espérant que les restrictions sanitaires seraient levées rapidement. Comme Gabriella avait prévu de déménager en Allemagne en février 2021, elle avait démissionné de son travail. « J'étais à 100% sure de déménager, mais lorsque les frontières entre le Brésil et l'Allemagne ont été fermées, je me suis sentie prise au piège. J'avais peur de ce qui pourrait arriver et de la gravité des choses. Hormis les guerres, je n'avais jamais pensé que des pays pourraient fermer leurs frontières au milieu du XXIe siècle », dit-elle. La jeune femme estime qu'il est tout à fait normal que les expatriés se sentent frustrés par leur incapacité de se projeter dans l'avenir. Néanmoins, elle croit dur comme fer qu'il s'agit d'un risque à prendre. « Aujourd'hui, je me rends compte que c'est la meilleure décision que j'ai prise. J'ai essayé, même si j'ai dû reporter mes projets à septembre. Cela a finalement fonctionné ».

Gabriella est originaire de São Paulo. Pendant la crise sanitaire au Brésil, elle s'est vue contrainte de respecter des réglementations strictes pour éviter la contamination. « Mon université est passée au mode d'enseignement en ligne ; les bars et les restaurants avaient des restrictions horaires, généralement jusqu'à 23 heures. Ma vie sociale a été réduite de manière considérable » commente-t-elle. Quand elle est arrivée en Allemagne en septembre, les restrictions sanitaires s'étaient assouplies : « il y avait des événements ; les clubs et les bars étaient ouverts et les cours avaient repris en présentiel ». Cette réalité a augmenté les attentes de Gabriella. « Je pensais que c'était une question de temps avant que les mesures se relâchent de plus en plus. Il y avait des fêtes, certes, mais il fallait toujours présenter le certificat de vaccination et parfois un test antigénique ».

Cependant, la situation a empiré en décembre avec le retour des restrictions en Allemagne. Les clubs ont à nouveau été fermés et le couvre-feu était de retour. Si les expatriés n'étaient pas complètement vaccinés avec au moins deux doses ou n'avaient pas de test antigénique, ils ne pouvaient ni aller au restaurant, ni se rendre dans des commerces, ou encore voyager en train. Les restrictions en Allemagne sont ainsi devenues plus strictes. Il n'empêche que les tests rapides de Covid-19 étaient disponibles à presque tous les coins de rue. Selon Gabriella, c'est une période étrange, voire incertaine, pour les expatriés, les réglementations étant plutôt instables et changeantes en fonction du nombre de cas de coronavirus. Aujourd'hui, l'Allemagne a de nouveau assoupli ses restrictions sanitaires, mais les expatriés doivent toujours présenter une preuve de vaccination complète ou un test négatif dans la plupart des endroits où ils se rendent, sauf dans les commerces essentiels. Qui plus est, le port du masque ffp2 est obligatoire. « Dès que l'on rentre quelque part, il faut présenter son certificat de vaccination, même dans les transports publics où des visites d'inspection ont parfois lieu. Certains de mes cours se sont tenus en ligne en décembre. À l'université, ils vérifiaient aussi le certificat de vaccination dans toutes les classes », commente Gabriella.

Réduire ses attentes en tant qu'expatrié

Les expatriés ont généralement tendance à penser que les choses vont s'améliorer une fois qu'ils seront sur place et que les restrictions sanitaires vont rapidement s'assouplir. Mais ce n'est pas toujours le cas, ce qui fait qu'ils sont confrontés à une autre réalité. La situation de Gabriella en Allemagne est un schéma courant pour la plupart des expatriés qui ont déménagé à l'étranger au cœur de la pandémie. Les professionnels étrangers ont passé au moins une partie de leur aventure professionnelle en mode travail à distance tandis que les étudiants sont passés au mode d'apprentissage hybride, c'est-à-dire, un mélange de cours en présentiel et à distance. À l'université Complutense de Madrid, qui compte un grand nombre d'étudiants étrangers, les cours peuvent rapidement basculer en mode en ligne d'un coup si plus de cinq étudiants d'une classe sont testés positifs à la Covid-19. Aucune entreprise ni aucun établissement d'enseignement ne souhaitent prendre le risque de faire la une des journaux en tant que nouveau cluster de contamination.

Par conséquent, en investissant leur temps et leurs économies, les expatriés ayant de grandes attentes doivent garder à l'esprit que leur projet de déménagement n'a aucune garantie en temps de crise. La pandémie de coronavirus a toujours des impacts à différents niveaux du projet d'expatriation, allant de l'obtention du visa et des billets de voyage à l'arrivée et l'installation dans le pays. Il s'agit d'une réalité sur laquelle personne n'a de contrôle, ni les gouvernements et encore moins les individus.

Mary Fristad, psychologue au Wexner Medical Center de l'Ohio State University, estime qu'il est vraiment difficile de faire preuve de patience à l'ère de la pandémie. « Au cours de notre vie, il faut arriver à prendre un moment pour comprendre que nous ne pouvons pas tout contrôler et que des fois il faut se laisser aller avec le reste », a-t-elle déclaré aux médias internationaux. Kevin Arnold, également psychologue et président du Center for Cognitive and Behavioral Therapy of Colombus, aux États-Unis, estime que « notre réalité ne va pas être un retour à la vie telle que nous la connaissions. L'astuce pour réussir malgré tout est d'arriver à gérer notre anxiété ».

Vie quotidienne
A propos de

Ester Pinheiro est une journaliste brésilienne qui œuvre pour une plus grande diversité grâce au pouvoir de la communication. Elle vit actuellement à Madrid et étudie un master en études de genre.

Commentaires

  • lucienmex
    lucienmexil y a 2 ans(Modifié)
    Bonjour

    "d'autres ont persisté contre vents et marées, sans pour autant obtenir les résultats escomptés."

    Normal, ce n'était pas un signe d'intelligence. Encore des désespérés plus que des expatriés… Avaient-ils une bonne formation ou un travail correspondants aux besoins du pays ?  Sans doute pas, donc pas de surprise, le résultat ne s'est pas fait attendre...
     L'expatriation n'est pas une planche de salut, cela peut paraitre brutal, mais c'est une réalité… On le voit bien dans le Yucatan : ils veulent tous ouvrir un "petit hôtel" ou un "petit restaurant" à Tulum... Comme si cela manquait...

    Lucienmex

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