Menu
Expat.com

Comment réussir son stage à l'étranger ?

jeunes stagiaires
Shutterstock.com
Actualisé le 19 Juillet 2022
Écrit parSophie Hoyle 19 Juillet 2022

Faire un stage à l'étranger ? Quoi de mieux pour vivre une expérience unique et enrichissante sur le plan personnel mais aussi sur le plan professionnel ? C'est un excellent moyen de mettre en valeur son profil par la suite, mais il est important de bien se préparer pour éviter de vivre un « enfer en pays inconnu ». Cela arrive malheureusement plus souvent qu'on ne le pense.

Nombreuses sont les questions que se posent les étudiants avant de se lancer : comment trouver son stage, quel pays choisir, comment s'y préparer et que faire s'il y a un problème… ? Autant de questions auxquelles nous avons tenté d'apporter des réponses dans cet article agrémenté de quelques témoignages et précieux conseils.

Pourquoi faire un stage à l'étranger ?

Faire un stage à l'étranger présente de nombreux avantages. Au-delà du voyage et des découvertes d'un nouveau pays, le fait de s'immerger dans une culture différente permet de sortir de sa zone de confort. Une fois sur place, le stagiaire n'a pas d'autre choix que de s'adapter au lieu où il se trouve. Cela permet donc d'acquérir une maturité certaine et d'enrichir ses connaissances en langue par la même occasion.

Mais attention à bien se renseigner sur la culture de l'entreprise et du pays choisi. En effet, la vie en entreprise peut être très différente de celle que l'on connaît dans son pays d'origine, avec des codes parfois loin de ceux que l'étudiant s'attendait à rencontrer. Voilà donc le premier point d'attention à prendre en compte.

Si le stagiaire est principalement présent pour apprendre, l'entreprise a également un intérêt à l'accueillir puisqu'il peut apporter en retour un regard neuf et différent grâce à son expertise. On peut prendre pour exemple le secteur de QHSE en Espagne (Qualité Hygiène Sécurité Environnement), secteur qui en est encore à son balbutiement et où le stagiaire étranger peut apporter une vraie plus-value, comme l'ont déclaré la responsable des relations internationales Teresa Cordovilla et le directeur des partenariats entreprises de l'école d'Ingénieurs ESAIP Laurent Navarrete.

C'est donc un concept donnant-donnant. Les stages à l'étranger, ce ne sont en aucun cas des vacances touristiques : un second point à prendre au sérieux au risque de rencontrer des déconvenues avec l'employeur.

Quelles sont les difficultés ? Y a-t-il des pièges à éviter ?

Avant tout, il faut prendre son temps pour décider, effectuer des recherches sur l'entreprise avant de signer quoi que ce soit. En effet, il est à rappeler qu'un stage est un accord contractuel entre un employeur et le stagiaire. On ne peut que recommander de bien lire les clauses du contrat. Taux horaires hebdomadaires, éventuelle rémunération, avantages… Si la plupart du temps, les contrats sont classiques, l'expérience nous montre des situations périlleuses comme celles vécues par certains travailleurs étrangers au Japon, selon l'article choc paru sur France Info en mars dernier au sujet des « apprentis techniques ». Les stagiaires peuvent être des cibles faciles pour les employeurs peu scrupuleux, voire une manne de main-d'œuvre peu chère et exploitable à souhait lorsque les jeunes se sentent obligés de répondre à tout et n'importe quoi pour avoir une bonne remarque à l'issue du stage. En cas de mauvaise surprise avec l'entreprise, le contrat, le logement, le budget sous-évalué ou dans n'importe quelle autre situation, il faut impérativement le signaler et demander de l'aide.

Veggies, ancienne stagiaire, met en garde contre certaines entreprises qui profitent des stagiaires et de faire attention au budget : « Méfiez-vous des entreprises qui embauchent de très nombreux stagiaires (plus de stagiaires que d'employés !). Le problème de ce genre d'entreprises c'est que vous serez mal formés, il n'y aura pas de suivi et de tutorat, les tâches et les missions confiées ne seront pas claires. Ces entreprises ne cherchent pas du « qualitatif » mais juste une main-d'œuvre gratuite et/ou avec une faible gratification. » Elle rappelle que les lois ne sont pas les mêmes partout en ce qui concerne la rémunération des stagiaires. « À Malte par exemple, rares sont les entreprises qui rémunèrent un stagiaire. (…) Ce qui veut dire que votre stage peut être coûteux pour vous. Calculez donc votre budget mensuel : logement, transport, nourriture. Peu d'entreprises participeront aux loyers de votre logement. D'autres peuvent prendre en charge une partie de votre carte d'abonnement de transports en commun. Si vous n'êtes donc pas rémunéré, il faut voir ce qu'elles peuvent vous proposer pour que vous ne payiez pas tout de votre poche. » Enfin, elle recommande de bien situer l'entreprise par rapport à son logement et de vérifier si les transports en commun permettent de s'y rendre facilement – voire si l'option vélo est envisageable.

Juliette est Française et vient de Perpignan. Elle est partie de chez ses parents à l'âge de 17 ans pour suivre des études d'ingénierie à La Réunion. « Je voulais trouver un bon compromis entre la poursuite de mes études et la découverte du monde. Je me suis ensuite spécialisée dans la conception de bâtiments durables et dans les énergies à l'ESIROI, seule école d'ingénieur de l'océan Indien. Dans le cadre de ma formation, j'ai eu l'occasion de réaliser plusieurs stages, dont un de quatre mois en pays anglophone. » Elle nous confie avoir rencontré des difficultés dans la préparation de son stage. « En tant que novice dans la demande de visa, il m'a paru particulièrement compliqué de trouver les renseignements nécessaires à la mise en place de mon projet. J'ai finalement fait une demande de permis de travail dans le cadre du programme Expérience Internationale Canada (EIC) par le biais du visa Stage Coop International. La procédure de visa s'est avérée relativement anxiogène pour moi, notamment parce qu'il est pratiquement impossible de contacter l'ambassade pour des demandes de renseignements. Je me suis beaucoup appuyée sur des retours d'expériences, via plusieurs plateformes, telle que Facebook ou expat.com afin de pallier ce problème. »

Elle indique aussi que la vie est très chère et qu'il faut impérativement vérifier ce point avant de partir. « Pour un appartement en colocation ou une chambre, comptez au minimum un loyer de 700€/mois et un coût de transports environnant 40 dollars par semaine si vous devez prendre un bus pour vous rendre au travail. » Et voici ses conseils si vous projetez de vous rendre au Canada : « Si vous êtes quelqu'un de sociable mais que vous avez peur de partir seul(e) à l'aventure, n'hésitez pas à tenter l'expérience ! Le Canada comporte une communauté francophone très présente et solidaire. Afin de vous préparer à votre arrivée, et pour vous sentir rassuré(e), vous pouvez rejoindre des groupes Facebook de Français au Canada par exemple (…). »

Marianne, une Française de Blois prodigue les conseils suivants aux futurs stagiaires : « En particulier pour la recherche de logement et les démarches administratives à l'étranger, ne pas hésiter à se faire aider par des locaux ou des gens qui connaissent le pays. (…) Il faut également savoir que le coût de la vie est cher, il faut donc prévoir certaines ressources financières avant de partir. Si le stage ne se déroule pas comme prévu, il faut impérativement prévenir l'école/la faculté et son maître de stage. Je conseille également de ne pas hésiter à demander de l'aide et/ou conseil à ses proches si on se retrouve face à des imprévus. »

Valéry est quant à elle aux États-Unis. « Je connais plusieurs personnes, non américaines, ayant fait un stage dans ma boîte. Ils faisaient tous leurs études dans une université américaine et étaient déjà sur visa F1. Certains ont fait un stage après la deuxième année ou troisième année, certains les deux années de suite. Après avoir postulé par le biais du site internet de la boîte, ils ont dû passer un grand nombre d'entretiens avant d'être acceptés pour leur stage d'été (dans une entreprise de l'informatique). Le stage leur a permis d'obtenir un emploi à plein temps juste après avoir obtenu leur Bachelor degree, et la boîte s'est occupée de tout concernant la paperasse avec les services d'immigration. »

Cela ne se passe pas toujours aussi facilement aux États-Unis. Olivier et Parenga nous expliquent que l'obtention du visa est très complexe. Ce n'est pas facile d'obtenir un stage si on est « hors système universitaire américain. » L'organisation demande du temps, de lourdes démarches administratives, de l'argent et surtout beaucoup de volonté de la part de l'employeur pour aller au bout du processus. Cela refroidit beaucoup d'entreprises américaines à prendre des stagiaires étrangers. « Ce n'est pas impossible (…) mais ce n'est pas gagné »

Des organisations spécialisées permettent de contourner les difficultés des démarches et sont sources d'information précieuses. Le Club TELI est une association à but non lucratif existant depuis 1992. Elle contribue à aider les futurs stagiaires, prodiguant conseils, assistance et mise en relation grâce à un carnet d'adresses d'employeurs du monde, en recherche de stagiaires étrangers. Une aubaine pour ceux qui peinent à choisir leur destination ou rencontrent des difficultés à organiser leur stage par leurs propres moyens.

Comment bien choisir son lieu de stage et ne pas se tromper?

Avant toute autre chose, il faut définir le type d'entreprise en fonction de son diplôme et effectuer des recherches sur les pays qui pourraient convenir.

Côté entreprise, la plupart des étudiants chercheront d'abord à entrer dans des entreprises importantes, mais il est aussi possible de trouver de très bons stages particulièrement enrichissants dans de plus petites structures, où ils seront plus encadrés et peut-être mieux accompagnés que dans une multinationale.

De nombreux pays sont en recherche constante de stagiaires étrangers. En fonction des besoins de l'étudiant, il est intéressant de privilégier les pays en fonction de leur langue, leur culture mais surtout en fonction des domaines d'expertises pour lesquels ils sont reconnus ou qui sont en développement et où l'expertise de l'étudiant est attendue.

Le coût de la vie n'est pas à négliger non plus. Il faut prévoir un budget parfois conséquent pour le voyage et pour la vie sur place : logement, transports, nourriture, sorties, tourisme... La préparation passe par une budgétisation des dépenses pour ne pas se retrouver en difficulté.

Le pays choisi peut être un élément stratégique dans un CV, il est donc aussi intéressant de sortir du lot en optant pour des destinations moins classiques et plus innovantes, montrant alors un caractère plus audacieux et aventureux qu'un futur employeur saura apprécier.

Marianne est de ceux qui ont choisi une destination moins habituelle pour son stage : les Pays-Bas. Elle a choisi de faire un stage de 6 mois à Amsterdam dans une entreprise pharmaceutique. « J'ai choisi ce pays parce que je voulais sortir de ma zone de confort et découvrir une culture qui m'était inconnue. Concernant l'organisation du stage, j'ai été aidé principalement par une élève de ma faculté qui occupait une place dans l'entreprise en tant que stagiaire également. Le gros challenge a été de trouver un logement. Le stage s'est extrêmement bien passé, le pays et la culture locale m'ont beaucoup plu, je dirais donc que l'expérience a été satisfaisante au-delà de mes attentes. »

Quels sont les points positifs relevés par les stagiaires ?

Juliette vient tout juste de commencer son stage à l'étranger : « Au cours de mes candidatures, j'ai eu la chance de me voir proposer une première expérience professionnelle au Canada, au sein d'une start-up basée à Toronto. J'ai alors saisi ma chance et fait le nécessaire pour aller y travailler. Aujourd'hui, je profite de mon temps libre pour visiter la région. » Elle nous livre également sa vision de sa vie à Toronto : « je ne regrette absolument pas mon choix de destination ! Je trouve la vie à Toronto extrêmement riche, notamment au niveau culturel. En effet, il s'agit de la ville la plus cosmopolite du monde puisque la moitié de sa population est née en dehors du Canada. La plupart des personnes de mon entourage sur place sont donc issues de l'immigration et pouvoir entendre leurs histoires est pour moi une expérience des plus enrichissantes. À mon arrivée, mes collègues ont été des plus accueillants. Ils m'ont tout de suite intégrée à leur équipe et ont tout mis en œuvre afin que je me sente bien lors de mon séjour. (..) La ville de Toronto est selon moi idéale pour des étudiants et des jeunes professionnels, puisque très dynamique, particulièrement en été. En période estivale, vous pourrez assister à de nombreux événements tels que des concerts, des pièces de théâtres ou encore des manifestations sportives (hockey, baseball, basketball, …). En ce qui me concerne, il s'agit d'une très belle expérience, très positive, que je ne peux que recommander. »

Marianne pourrait en parler des heures, tant elle en garde un bon souvenir. On citera notamment « l'ouverture sur le monde et la rencontre de gens de tous horizons, le fait de se plonger dans le monde de l'entreprise avant même d'avoir son diplôme, la découverte d'une langue inconnue et gagner en autonomie. Cette expérience m'a appris beaucoup sur moi-même et m'a permis de rencontrer des gens formidables qui partagent toujours ma vie, comme mon amie Caroline, une jeune Française expatriée. » Autrement dit, le stage de Marianne l'a fait grandir. Elle a indiqué qu'elle a pris confiance en elle et a même appris à gérer son argent d'une meilleure façon.

Comme quoi la liste peut être vaste en ce qui concerne ce que l'on a à gagner en faisant un stage à l'étranger…

Un dernier point positif pour conclure

Au terme de son stage, Marianne s'est vue proposer un poste permanent : « On m'a proposé un contrat d'embauche. Je suis donc restée 4 ans dans ce beau pays. »

Quant à Juliette, elle a déjà de grands projets : « À l'issue de ce stage, j'ai pour projet de déménager en Irlande dans le cadre d'un semestre d'échange avec l'université TU-Dublin. Désireuse de travailler à l'étranger au début de ma carrière, je réfléchis d'ores et déjà à postuler pour un premier emploi en Amérique du Nord. »

Visiblement sans aucun regret et des souvenirs plein la tête, il n'est pas impossible que nous retrouvions Marianne et Juliette dans d'autres aventures d'expatriation. L'avenir nous le dira.

En attendant, pour ceux qui s'interrogent encore, il n'y a qu'un mot d'ordre à donner pour que tout se passe bien : bien se renseigner sur son choix de destination et être parfaitement préparé avant de se lancer dans l'aventure.

Travailler
travail
A propos de

Commentaires

Plus d'articles

Voir tous les articles

Articles pour préparer votre expatriation

Tous les articles du guide