Travail, études, retraite : comment s'expatrier en 2023 ?

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Écrit par Asaël Häzaq le 05 janvier, 2023
Au début de la Covid, d'aucuns pariaient sur la disparition de l'expatriation. Les États mêmes prenaient des mesures pour privilégier l'emploi des locaux, à l'instar de Singapour, qui incitait ses entreprises à favoriser ses ressortissants. Fallait-il en déduire que les étrangers n'étaient plus les bienvenus ? Que le chacun chez soi allait dicter la marche future des économies ? Bien sûr que non. L'expatriation n'a pas disparu. Elle a changé de visage. Nomadisme numérique, création d'entreprise à l'étranger, opportunité professionnelle, études… Pourquoi et comment s'expatrier en 2023 ?

L'expatriation à l'épreuve de la crise économique

L'équation semblait simple. Moins d'expatriés, c'est plus d'emplois pour les locaux. Oman, l'Arabie saoudite et surtout le Koweït connaissent des programmes de nationalisation des emplois des plus ambitieux (appelés respectivement omanisation, saoudisation et koweïtisation des emplois). Paradoxalement, les mêmes États restent demandeurs de main-d'œuvre étrangère, tant dans les emplois à faible valeur ajoutée que ceux à forte valeur ajoutée.

La vérité, c'est que le monde, c'est le mouvement. Le monde a besoin d'échanges pour se construire. Les migrations permettent les échanges de technologies, de process, de méthodes de fabrication. Les rois de la Silicon Valley l'ont bien compris, et bataillent pour garder les meilleurs talents internationaux. Malgré la crise qui frappe actuellement le monde de la Tech, des embauches continueront en 2023, car les innovations continueront.

Bon point pour les travailleurs étrangers : plusieurs études démontrent qu'ils sont davantage motivés et impliqués. Ils jonglent entre plusieurs langues et cultures, sont autonomes et ont l'esprit de groupe. Il n'y a bien sûr pas de guerre entre locaux et expatriés, au contraire. Sur le terrain de la mobilité internationale, tous les rêves sont permis.

Travailler à l'étranger

On pourrait presque parler d'une prise de conscience mondiale. Depuis la Covid, la « quête de sens » est devenue aussi importante que le salaire ou le métier en lui-même. Partir à l'étranger, oui, mais pour exercer un métier qui a du sens pour soi, pour les autres. Si l'on part toujours pour améliorer son train de vie, on l'entend davantage au sens large. Augmenter son salaire n'est plus une fin en soi. Le climat, le cadre de vie ou l'écoresponsabilité sont des facteurs désormais aussi importants que le salaire.

L'organisation du travail est en mutation. Une mutation qui s'est accélérée depuis la Covid, et qui se poursuivra en 2023. De la France à la Corée du Sud, en passant par les États-Unis et le Brésil, le télétravail s'est installé dans les sociétés et continuera son développement (surtout dans les entreprises du tertiaire). Acteurs engagés, les grands voyageurs d'aujourd'hui contribuent à ce changement. Plus qu'un simple booster de carrière (ce qui est déjà beaucoup), le travail à l'étranger enrichit, et l'individu et l'environnement dans lequel il évolue. Un cercle vertueux à préserver des appels aux « chacun chez soi » qui ont émergé avec la crise économique.

Être son propre patron à l'étranger

C'est encore un phénomène en progression depuis la crise sanitaire. Encore une quête de sens, cette fois-ci, en créant sa propre entreprise. Désir de liberté (accru depuis la Covid), volonté de réaliser un rêve, de relever un défi… À l'étranger, le défi prend une tout autre nature. On se demande souvent s'il est possible pour un étranger de créer une entreprise à l'étranger. S'il respecte la loi prévue par son pays d'accueil (notamment concernant le visa), il est tout à fait possible de créer sa structure à l'étranger.

Pour mettre toutes les cartes de son côté, on conseille de s'entourer d'un professionnel sur place, et/ou de solliciter les conseils d'un avocat. Quand bien même l'on serait parfaitement bilingue (on n'insistera jamais assez sur l'importance d'apprendre la langue de son pays d'accueil), le droit est une science complexe. Solliciter des professionnels de la création d'entreprise dans le pays d'expatriation assure une meilleure prise en charge de son dossier, tout en évitant ou en prévenant les possibles tracas juridiques.

Devenir nomade numérique

Propulsé par la crise sanitaire, le nomadisme numérique ne cesse de faire parler de lui. Cette nouvelle forme de travail s'est désormais bien installée dans le paysage. Estonie, Cap Vert, Turquie, Afrique du Sud, Ile Maurice, Croatie, Brésil, Thaïlande, Espagne, Costa Rica, Australie, Colombie, Allemagne, Antigua-et-Barbuda, Mexique, Norvège, Émirats arabes unis… La liste des États proposant des visas nomades numériques ne cesse de s'allonger. 2023 devrait avancer dans ce sens. Ces nouveaux travailleurs répondent en effet à une double équation : ils relancent le tourisme, contribuent au développement des commerces locaux, sans peser sur l'économie locale.

En effet, les nomades digitaux travaillent pour l'étranger ; ils sont déjà assurés lorsqu'ils s'expatrient (c'est même une condition pour obtenir le visa). Ils peuvent subvenir à leurs besoins tout le temps que durera leur expatriation (autre condition exigée pour obtenir le visa). Les nomades digitaux sont aussi une nouvelle vitrine pour les États : ultra-connectés, ils vantent les mérites du pays étranger à coups de posts sur les réseaux sociaux. Une publicité gratuite bienvenue pour les États. Certains étrangers transforment le coup d'essai en partenariat. Les influenceurs n'ont jamais été autant sollicités pour jouer les ambassadeurs de l'expatriation.

Au-delà du simple phénomène de mode, les nomades numériques manifestent cette envie de liberté, de quête de sens, de désir d'ailleurs. Tout comme les travailleurs et entrepreneurs étrangers, les nomades digitaux interrogent les sociétés actuelles. Un nouveau rapport au travail est-il possible ? Peut-on allier bien-être et travail ? Où se trouve le bonheur, et comment être heureux ? Des questions existentielles de plus en plus présentes dans les consciences et le débat public. Pour les futurs nomades numériques, 2023 sera l'année de tous les possibles.

Partir à l'aventure en PVT

2023 sera aussi l'année du PVT (permis vacances travail). L'an dernier, plusieurs pays, dont la Nouvelle-Zélande et le Canada, ont augmenté leurs quotas de pvtistes. D'autres ont signé de nouveaux accords bilatéraux, comme l'Équateur et la France, ou l'Australie et le Brésil. Ces connexions entre les pays sont une aubaine pour les milliers de grands voyageurs qui partent à l'aventure.

Le PVT est bon moyen de découvrir le monde : le travail, accessoire, permet la poursuite du voyage. Il permet aussi de pratiquer la langue et de découvrir l'univers professionnel du pays étranger. C'est également un excellent moyen de côtoyer les locaux et d'agrandir son réseau.

Certains utilisent aussi le PVT comme un long test (le visa dure 1 an) pour savoir s'ils peuvent vivre à l'étranger. D'autres profitent des divers accords bilatéraux pour faire le tour des pays avant l'âge limite (30 ans au dépôt du dossier pour la majorité des nationalités, 35 pour certaines d'entre elles). Apprentissage de la langue, découverte d'une culture, voyage… Le permis vacances travail est une porte d'entrée de choix pour s'expatrier en 2023.

Étudier à l'étranger

Voilà un visa prisé aussi bien par les jeunes que par les moins jeunes. Si l'on pense souvent aux jeunes étudiants, les adultes peuvent également demander un visa étudiant. Contrairement au PVT, le visa étudiant n'impose pas de limite d'âge. Bien sûr, il convient de s'inscrire dans un établissement qui sponsorisera le visa : école de langue, université… Les programmes universitaires 2023 se précisent, et donnent de nouvelles idées de voyage aux étudiants et futurs étudiants.

Étudier à l'étranger est une occasion unique de vivre à l'heure du pays local. Le travail encadré (généralement 28h/semaine maximum) offre un complément de revenus non négligeable, et une bonne occasion de tester le monde du travail du pays d'accueil. Il favorise aussi les échanges avec les locaux. Étudier à l'étranger permet bien sûr d'accroître ses compétences techniques et ses connaissances. Il montre aussi une faculté d'adaptation, d'initiative, de compréhension de l'autre, d'esprit de groupe, de remise en question… Des atouts comportementaux (soft skills) très prisés par les recruteurs internationaux. Depuis que les frontières sont rouvertes, et malgré des économies encore éprouvées par la crise, les feux sont verts pour vivre 2023 en tant qu'étudiant étranger.

Profiter d'une retraite bien méritée

Vivre sa retraite à l'étranger. Un rêve pour beaucoup. Une réalité pour de plus en plus de retraités immigrés à l'étranger. Pour eux, partir est un nouveau départ. Alors que l'espérance de vie s'allonge (avec, bien entendu, des disparités selon les pays), les retraités d'aujourd'hui ont davantage de beaux jours à vivre. Selon la profession qu'ils ont exercée, ils peuvent être moins touchés par la pénibilité du travail et ses conséquences sur la santé. Une santé qui occupe néanmoins une grande place dans le choix du pays d'accueil. Pour ces retraités actifs, il s'agit de réunir toutes les conditions pour vivre « sa vie de rêve à l'étranger ».

Ces départs sur le tard sont en effet souvent motivés par un vieux rêve de voyage jamais réalisé. L'entrée dans la vie active, le mariage et les enfants « fixent » souvent en un lieu donné. On part en vacances quand on peut, pas trop loin et pas trop longtemps. À la retraite, moins de contraintes et plus de temps pour soi et les autres. Certains jeunes retraités partent retrouver leur famille ou s'aventurent dans un nouveau pays. D'autres encore s'associent pour partir en groupe dans le pays étranger. L'objectif reste le même : profiter du beau temps et du cadre de vie privilégié en bonne compagnie. Apprendre la langue (on rappelle qu'on peut apprendre à tout âge) reste bien entendu essentiel pour interagir avec les locaux et mieux s'intégrer dans son pays d'accueil).

Comment s'expatrier : les conseils pratiques

L'expatriation ne commence pas au moment où vous posez le pied dans le pays étranger, mais bien avant. Continuez de rêver, mais posez les pieds sur terre. Avancez pas à pas et faites-vous confiance. Parlez de votre projet à vos proches. Écoutez les avis divergents et sachez prendre position. Apprenez la langue du pays local.

Travaillez par écrit pour garder des traces et affiner votre projet. Certains ont le pays d'expatriation de leurs rêves gravé depuis des années dans leur tête. D'autres ont été marqués par un voyage précis. D'autres encore ont une vision très claire de leur projet, mais ne savent pas dans quel pays immigrer. Écrivez tout, même vos hésitations.

Soyez pragmatiques. Avez-vous les moyens financiers pour réaliser votre projet à l'étranger ? Requiert-il des diplômes particuliers ? Si oui, êtes-vous prêt à repousser votre départ le temps de vous former, ou souhaitez-vous vous former dans votre pays d'expatriation ? Si oui, avez-vous les moyens de payer vos études… ?

Soyez organisé. Répertoriez tous les documents administratifs nécessaires à votre demande de visa, en fonction de votre situation. Renseignez-vous sur la législation du pays étranger : droit du travail, santé, retraite, scolarité… Il ne s'agit bien sûr pas de tout apprendre par cœur, mais d'avoir lu les bases (comment s'enregistrer en mairie, ouvrir un compte bancaire, une ligne téléphonique, les syndicats au travail, changer de poste à l'étranger).

Restez motivé et croyez en vous. 2023 pourrait bien être l'année de votre expatriation.

A propos de Asaël Häzaq

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.