En Allemagne, la couverture médiatique du crash de Germanwings provoque un vif débat sur l'éthique journalistique
L'intense agitation médiatique qu'a provoqué le crash du vol 4U9525 tout au long de la semaine est en passe de devenir en Allemagne un symbole des dérives du journalisme. L'avalanche de révélations qui s'en est suivie, crachées minute après minute par les sites d'info allemands, barrant chaque matin la une des quotidiens du pays, a déclenché un vif débat sur les réseaux sociaux au sujet du non-respect de la vie privée des proches du copilote Andreas Lubitz[1] par les médias. Débat qui n'a visiblement trouvé aucun écho dans la presse française ou anglophone.
À quelques rares exceptions, à l'instar du quotidien berlinois Die Tageszeitung, qui persiste à ne citer le pilote que sous la formule anonyme d'«Andreas L.», les médias allemands ont en effet donné ou fini par donner l'identité du pilote soupçonné être à l'origine du drame qui a coûté la vie à 149 personnes. Pratiquement tous les médias ont publié sa photo, nombreux sont ceux qui ont publié celle de la maison de ses parents.
Une attitude que dénonce Mats Schönauer, responsable d'un blog de critique des médias assez populaire en Allemagne (40.000 visiteurs par jour), BILDblog, qui doit son nom au fait qu'il avait au départ été mis en ligne uniquement pour analyser les pratiques journalistiques du tabloïd Bildzeitung, symbole en Allemagne de la presse de caniveau dans toute son horreur:
«Ce qui s'est passé ces derniers jours n'est, au sens large, au sens très large, plus du journalisme, mais une chasse. Une chasse aux informations et aux images qui sont totalement insignifiantes pour la compréhension de l'évènement. Pour le dire de manière claire: bien évidemment qu'il faut couvrir un tel événement. Et à mon avis vite et fort, et à haute fréquence. Mais il y a une limite entre fournir des informations pertinentes et servir des penchants voyeuristes.»
Le BILDblog publie une sélection de unes des journaux allemands de la semaine telles qu'elles auraient dû être selon lui: nom du pilote anonymisé et photographies pixelisées. Et condamne également l'attitude des quotidiens qui ne versent d'ordinaire pas dans le détail sordide, tels la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui est allée interviewer la mère d'une ancienne camarade de classe du copilote pour recueillir quelques citations dénuées de valeur informative.
Ces critiques ont pris une telle ampleur ces derniers jours, notamment sur Twitter sous les hashtags #Pressekodex et #Opferschutz (qui signifient respectivement charte d'éthique professionnelle de la presse et protection des victimes) que de nombreux médias allemands se sont sentis obligés de prendre position. Après avoir refusé de publier le nom de famille du copilote pendant plusieurs jours, l'hebdomadaire de référence Der Spiegel s'est résolu à l'écrire en toutes lettres à compter de vendredi, comme il l'explique sur sa page Facebook:
http://www.slate.fr/story/99637/allemag … xtor=RSS-2 jean luc
PS: pour ma part je plublie pas le visage du pére du co-pilote . mais que le nom du co-pilote soit plublier je trouve pas ça choquant , je crois qu'il faut faire attention de faire des almalgames .