Mais que fait le gouvernement?

Des violences faites aux femmes: mais que fait le gouvernement?
En France, cette petite phrase est une récurrence. Le taux de chômage est élevé: mais que fait le gouvernement? Le prix du lait est trop cher: mais que fait le gouvernement? Il fait trop chaud en été et trop froid en hiver, mais que fait le gouvernement ? Les Français, dont le tempérament râleur n'est plus à démontrer, ont pris de mauvaises habitudes depuis quelques années: à chaque fois qu'ils ont un ennui ou un problème, ils en reportent la faute sur le gouvernement. Vision de l'État omnipotent et tout puissant qui peut tout, jusqu'à maîtriser les éléments de la nature. Les citoyens ont dévoyé l'idée même des élections en pensant qu'une fois leur petit bulletin inséré dans l'urne, tous leurs problèmes s'envoleront avec la nouvelle équipe dirigeante.

Il faut dire que les hommes politiques en France jouent le jeu en promettant monts et merveilles pendant la période électorale et, une fois au pouvoir, en répondant à toutes les sollicitations par des "le gouvernement y travaille", avec un regard grave à la télévision, faisant bien comprendre à tous que c'est un sujet essentiel dont on va s'occuper de toute urgence, qu'il s'agisse de la grippe ou de la pénurie de crème solaire. Voilà des hommes politiques qui sont au service des électeurs le temps de l'émotion, ne pouvant bien sûr rien faire quant à la pluviosité de telle ou telle région ou le prix au kilo du poisson qui est déterminé par les règles du marché sur lequel le gouvernement s'interdit d'agir selon les lois du marché ultra libéral et tout puissant mais bon, on s'en occupe!

Cela m'a semblé tellement ridicule pendant mon épisode français, que c'en est devenu une blague, un réflexe. Ainsi, en voyant une vidéo d'un accident sur l'autoroute au niveau de Settat dû au verglas, ma première réflexion après le ouf il n'y a pas de victime fut de dire: que fait le gouvernement pour empêcher la grêle? Voilà bien un réflexe conditionné par le vilain colonialiste qui a fini par pourrir les boyaux de ma tête, comme disait mes enfants lorsqu'ils étaient petits pour évoquer le cerveau.

C'est quelque chose qui m'interpelle depuis mon retour. Au Maroc, à chaque fois que nous vivons un émoi suscité par l'actualité relayé par les réseaux sociaux, quel est notre réflexe? Ben, rien. Nous compatissons avec les victimes, nous louons Dieu pour ceux qui ont été épargnés ou tout autre chose, mais à aucun moment nous ne pensons à interpeller le gouvernement sur ce qui est arrivé pour lui demander ce qu'il compte faire.

Et là, le questionnement arrive. Est-ce que les Marocains ne font aucune confiance en leurs hommes politiques, pensant qu'ils ne savent rien faire? Ou bien sont-ils déjà à un stade de conscience supérieure, comprenant que le gouvernement ne peut pas tout faire vu la complexité de notre monde? Ou alors autre solution, nous avons une autre conscience du temps. Les choses doivent changer dans certains cas mais cela prend beaucoup de temps. Je prends par exemple la Loi pour la protection des femmes contre les violences qui leur sont faites, une loi en cours depuis plus de 10 ans. À chaque fois qu'une horreur surgit, viol, meurtre ou autre, on discute entre nous du: c'est pas bien ou c'est normal. Une timide question de certains sur ce que fait le gouvernement mais vite éludée et oubliée.

Que dois-je en conclure? Que le peuple marocain est sage et sait attendre les changements? Que Dieu va apporter la sagesse et la révélation sur ce sujet et rendre tous les Marocains meilleurs et qu'il n'y aura plus de violence faite aux femmes? Ou que notre gouvernement se moque totalement de sa population concernée par ce phénomène. Chacun jugera et Dieu reconnaître les siens le jour du jugement. Mais en attendant, les femmes souffrent alors, que fait le gouvernement?
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Très très bien, je peux te le voler en citant bien sur??