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De l'assiette à l'intestin : découvrez les effets surprenants de l'expatriation sur votre santé

femme mangeant un repas sain
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Écrit parAsaël Häzaqle 29 Mai 2024

On pense rarement à la bonne santé de son intestin lorsqu'on s'expatrie. Avant le départ à l'étranger, le cerveau est pris dans les préparatifs du voyage. Les premiers temps de la vie à l'étranger coïncident avec une lune de miel plus ou moins longue. Vient ensuite la nécessaire adaptation, où le quotidien prend le dessus. Là encore, peu de temps pour interroger son assiette. L'étude d'Allianz Care, intitulée « The Expat Gut Health Survey: How Symptoms Can Impact Life Abroad », publiée ce mercredi 29 mai et menée sur un peu plus de 3 000 expatriés dans le monde, révèle pourtant le lien entre santé intestinale et qualité de vie. Pour mieux vivre son expatriation, il suffit parfois de mettre la main à la pâte.

Changer d'air, changer d'habitudes alimentaires

À priori, rien de plus simple que de s'adapter au système alimentaire du pays d'expatriation. Pas besoin de cours, comme on le ferait pour apprendre une langue. L'estomac s'adaptera de lui-même. Peu d'expatriés pensent à la santé de leur intestin. Le travail à l'étranger impose vite son rythme. Les expats vont au plus urgent, au plus pressé. Les découvertes gastronomiques commencent à la supérette du coin. Les casseroles sont délaissées au profit du micro-ondes et des plats transformés. Ces changements d'habitudes alimentaires ne sont pourtant pas sans conséquences, et sur la santé intestinale, et sur la qualité de vie à l'étranger. C'est ce que révèle la dernière étude d'Allianz Care, leader mondial de l'assurance santé internationale, en partenariat avec Densu, géant mondial de la communication. 

3015 expatriés ont répondu à l'enquête, réalisée du 9 octobre au 21 décembre 2023. Des sondés originaires des États-Unis, du Royaume-Uni, d'Inde, des Philippines, du Kenya, d'Italie, d'Afrique du Sud ou de Singapour, partis s'expatrier en Suisse, aux Émirats arabes unis (EAU), au Qatar, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en Allemagne. D'autres destinations, tant du côté du pays d'origine que du côté du pays de destination, sont représentées.

37 % des sondés vivent à l'étranger depuis plus de 5 ans. 35 % sont expatriés depuis moins de 6 mois. Les répondants sont sensiblement plus nombreux que les répondantes (58 % contre 41 %). Les principales catégories d'âge des expatriés sont représentées : 30 % des 35-44 ans ont répondu à l'enquête. Les 25-34 ans constituent le 2e grand groupe de répondants (26 %) devant les 45-54 ans (20 %). Les expatriés sollicités sont majoritairement mariés (43 %) et parents (23 %). 21 % sont célibataires ; 12 % sont en couple.

Quand les problèmes intestinaux impactent la qualité de vie à l'étranger 

77 % des expatriés interrogés reconnaissent que les désordres intestinaux dérèglent aussi leur quotidien. Ils constatent un impact négatif de ces symptômes sur leur qualité de vie. Ballonnements, crampes, constipations, diarrhées… Des symptômes contraignants, surtout lorsqu'ils deviennent chroniques. 40 % des répondants indiquent y faire face plus de 3 fois par semaine. 34 % constatent une profonde variation de leurs selles d'un jour à l'autre. 20 % subissent des épisodes de toux, de rhumes et d'attaques virales régulières. Autant de symptômes liés à des perturbations du microbiome intestinal.

Le microbiome intestinal regroupe le microbiote intestinal (anciennement appelé « flore intestinale ») et son « domaine d'activité » ou « théâtre d'activité ». Un microbiome intestinal joue un rôle crucial, notamment dans la digestion, l'absorption des nutriments et la réponse immunitaire. On comprend mieux comment un intestin grippé peut enrayer toute la machine. L'intestin n'est pas appelé le « deuxième cerveau » pour rien. 

Intestin malade et stress : un cercle vicieux 

Difficile de vivre au quotidien avec des soucis intestinaux. Aller au travail, programmer un rendez-vous ou manger à l'extérieur peut vite devenir un calvaire. C'est encore plus vrai à l'étranger, où l'expatrié doit prendre ses marques. Il peut avoir l'impression d'être en constante adaptation, même après plusieurs années passées à l'étranger. Loin d'être anodines, ces contrariétés ont aussi un impact sur le plan psychologique. 46 % des expatriés font état d'épisodes répétés de stress, directement liés à leurs problèmes intestinaux. C'est un cercle vicieux : le stress a tendance à aggraver les désordres intestinaux, qui ajoutent eux-mêmes au stress. 

Pourtant, peu d'expatriés se confient sur le sujet. Manger est l'une des activités les plus essentielles du monde et les plus banales. La healthy food fait les beaux jours des livres de nutrition et autres applications santé. Mais la pudeur empêche souvent d'évoquer ses problèmes intestinaux. S'ajoute aussi la peur d'être incompris. L'expatriation n'est-elle pas censée être « un rêve de vie » ? Comment expliquer que le rêve fasse grise mine à cause d'un ventre ballonné ? L'étude montre pourtant l'importance de traiter sérieusement ces problèmes, au risque qu'ils s'aggravent. Car des solutions existent pour rétablir l'ordre dans le microbiome intestinal.

Dans l'assiette des expatriés

Pour proposer le traitement adéquat, il faut d'abord aller voir dans l'assiette des expats. Dans l'assiette et dans la tête, pour décortiquer les habitudes de vie. Car si les expats constatent les effets négatifs de leurs problèmes intestinaux sur leur quotidien, ils sont 88 % à ne pas suivre un régime diététique spécialisé. 

Seuls 27 % disent ajouter un supplément vitaminique à leur alimentation (probiotiques, herbes médicinales…). Les compléments alimentaires peuvent effectivement améliorer la situation intestinale. Mais encore faut-il savoir les choisir. Et pour bien les choisir, encore faut-il partir des origines : ce qu'on met dans l'assiette, ce qu'on met dans son panier de courses.

Que mangent les expatriés ? Quel est leur rythme de vie ? Un peu plus de la moitié des sondés (54 %) essaie d'avoir une alimentation variée. Ils sont aussi 54 % à s'offrir un fast-food par semaine. Pourquoi pas ? Les bons conseils alimentaires recommandent de ne rien supprimer, mais de tout adapter. Un fast-food par semaine dans une vie d'alimentation variée et de sport régulier s'entend. Mais la réalité est souvent loin de l'idéal. 30 % des expats admettent manger la même chose tous les jours. Les bons élèves de l'assiette colorée et « vraiment variée » ne sont que 16 %.

Et l'eau ? 54 % des expats sondés boivent entre 1 et 2 litres par jour. Une courte majorité (44 %) ne boit pas d'alcool. 31 % s'autorisent un à deux verres par semaine. Une consommation plutôt raisonnable, donc, mais qui, là encore, doit être mise en perspective avec d'autres paramètres, tels que l'activité sportive et la qualité du sommeil. Concernant cette dernière, une large majorité des répondants (70 %) a adopté de bonnes habitudes de sommeil : 6 à 8 heures par nuit, soit le temps recommandé pour un adulte.

L'expatriation change-t-elle vraiment les habitudes alimentaires ? 

S'expatrier, c'est se familiariser avec les procédures de visa et de permis de séjour. C'est intégrer une nouvelle culture d'entreprise, rencontrer de nouvelles méthodes d'apprentissage. C'est faire et défaire des cartons, résilier un bail et signer un contrat de location. S'expatrier, c'est aussi découvrir de nouveaux aliments, méthodes de cuisson et de conservation. La cuisine du pays étranger est-elle plutôt piquante ? Épicée ? Riche en aliments fermentés ? L'estomac peut mettre un certain temps avant d'assimiler ces nouveautés. Parfois, il s'agit d'un blocage psychologique. Malgré tout le bien qu'on en dit, il peut être difficile de voir son assiette garnie de sauterelles grillées (excellentes pour le palais comme pour la santé, au demeurant).

L'expatriation change-t-elle vraiment les habitudes alimentaires ? La réponse est « non » pour 36 % des sondés. Mais ils sont presque aussi nombreux (34 %) à constater de petits changements. 21 % constatent même des transformations plus importantes depuis qu'ils ont déménagé à l'étranger.  La plupart des répondants de l'étude réalisent qu'ils mangeaient plus varié dans leur pays d'origine, et qu'ils consomment plus d'aliments transformés depuis leur expatriation. Il n'est cependant pas toujours possible de varier son assiette à l'envie. Il peut être tout aussi compliqué de retrouver ailleurs ce qu'on avait l'habitude de manger chez soi. 10 % des expatriés sondés relèvent qu'il est « très difficile » pour ne pas dire « impossible » de trouver dans leur pays d'expatriation les aliments qu'ils avaient l'habitude de manger chez eux. 

Des habitudes alimentaires qui changent selon le pays de résidence

Manger est aussi une question de culture. Certains types d'aliments sont davantage consommés dans certaines régions du monde. L'étude révèle un nombre plus important de répondants expatriés au Royaume-Uni (8,8 %), en Suisse (8,4 %), à Singapour (7,2 %), aux EAU (6,9 %) et en Allemagne (5,7 %). Leurs réponses, comparées à celles du total du panel, montrent effectivement des différences concernant les habitudes alimentaires. Différences qui, lorsqu'on se retrouve plongé dans un environnement différent, peuvent être source de stress. 

Excepté les expats vivant au Royaume-Uni, la moitié des étrangers de ces pays dit souffrir de ballonnements plus de 3 fois par semaine. Les résidents du mini panel confirment l'impact négatif des troubles intestinaux sur leur qualité de vie (entre 54 % pour les résidents au Royaume-Uni, à 77 % pour ceux vivant en Allemagne). Le chiffre grimpe même à 100 % pour les expats des EAU. Ils n'entreprennent pas pour autant de régime alimentaire spécialisé. À peine 6 % des expats aux EAU adaptent leur alimentation. Le chiffre grimpe sensiblement pour les étrangers en Allemagne (9 %), à Singapour et au Royaume-Uni (8,5 %). Mais ce sont les ressortissants étrangers en Suisse qui adaptent le plus leur alimentation pour pallier les désordres intestinaux (18,5 %). Tous confirment néanmoins accorder plus d'importance à la santé intestinale depuis leur expatriation. Les résidents aux EAU se montrent paradoxalement les plus sensibilisés (52 %), loin devant ceux vivant à Singapour (34 %).

Bien-être à l'étranger : et si l'on écoutait davantage son microbiome ?

Ce qui est sûr, c'est que les changements d'habitude alimentaire se voient sur le tour de taille. 20 % des expats disent avoir pris du poids. 10 % en ont perdu. 11 % souffrent de ballonnements. Mais le changement des habitudes alimentaires a aussi du bon. Les étrangers qui se sont mis à l'heure de la healthy food et du mode de vie sain disent avoir réduit leur consommation de sucre, d'alcool et de produits ultra-transformés. Ils boivent plus d'eau, mangent plus de fruits et légumes, et font davantage de sport.

L'étude rappelle toutes les bonnes raisons de prendre soin de son alimentation en expatriation. 42 % des expatriés sondés affirment d'ailleurs se préoccuper davantage de la santé de leur intestin depuis qu'ils vivent à l'étranger. 32 % considèrent la bonne santé intestinale comme « très importante ». 

Car de nombreuses études montrent le lien entre mauvaise santé intestinale et autres problèmes de santé. Outre le stress évoqué plus haut, les sondés se disent préoccupés par les conséquences d'une mauvaise santé intestinale sur la santé mentale (14 %), le dysfonctionnement intestinal quotidien (17 %), les risques de cancer (18 %) ou d'obésité (19 %).

Comment concilier vie à l'étranger et bonne santé intestinale ?

Observation et curiosité feront naviguer l'expatrié des rayons du supermarché à l'assiette, en passant par un indispensable tour derrière les fourneaux. (Re)découvrir le plaisir de sélectionner les produits bruts, trouver des correspondances avec ses anciennes habitudes alimentaires, et apprendre à cuisiner local permet de mieux maîtriser son alimentation. Dans l'assiette, place aux fibres végétales et aux aliments fermentés. On évitera les grandes cuillérées bombées de nourriture, pour prendre le temps de savourer chaque bouchée. On n'oubliera pas l'eau et les exercices physiques quotidiens. L'intestin est ravi, le bien-être est garanti.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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