Études à l'étranger : que faire en cas de déception ?

Vie pratique
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Écrit par Asaël Häzaq le 29 juillet, 2024
Vous vous imaginez « vivre votre meilleure vie » en tant qu'étudiant étranger. Vous aviez repéré l'université de vos rêves dans le pays de votre rêve. Mais le rêve s'est stoppé net à votre arrivée dans le pays d'accueil. Le cursus choisi est éloigné de l'image que vous vous en faisiez. Rien ne vous correspond. Comment envisager l'année dans ces conditions ? Peut-on changer de filière ? Quelles sont les démarches à faire ?

Consultez le service d'orientation de votre université à l'étranger

Que vous décidiez ou non de changer de filière, vous devrez passer par le service d'orientation de votre université. Il est important de définir clairement les causes de votre déception. Il peut s'agir d'un problème lié au cursus (manque de pratique/de théorie), aux matières et à leur mode d'enseignement, à des difficultés de compréhension, à une différence notable entre l'université que vous imaginiez et la réalité.

Le changement de filière est une option à envisager. Mais il n'est pas la seule option. Définir les causes de votre déception et vous entretenir avec le service d'orientation de votre université vous aidera à faire le meilleur choix. S'il s'agit d'une déception concernant le choix de vos cours optionnels, un réajustement est certainement possible.

Envisagez une réorientation en cours d'année

Vous avez essayé de tenir bon durant les premières semaines de votre vie à l'étranger, mettant votre déception sur le compte du choc culturel. Mais les semaines passent et la déception est toujours là. Si vous sentez que votre choix de cursus met à mal tout votre projet d'expatriation, il est peut-être temps de changer de filière.

Étudiez les diverses options avec les conseillers d'orientation de l'université. N'oubliez pas de contacter les services de l'immigration pour vérifier si la réorientation est possible et sous quelles conditions. Selon les règles de l'établissement universitaire, une admission en cours d'année sera peut-être refusée. Pour changer de filière, il vous faudra alors redoubler votre année. Pour éviter le redoublement, renseignez-vous sur la possibilité d'intégrer sans délai un cursus « passerelle ». Vous commencez à étudier les matières de votre choix sans délai, et pourrez pleinement intégrer le nouveau cursus dès la validation de votre année actuelle. Vous pouvez aussi miser sur les universités effectuant des rentrées en décalé ou plusieurs rentrées scolaires dans l'année.

Changer de filière : les démarches

En général, vous avez le choix entre deux types de changement : le changement de filière dans votre université ou le changement dans une autre université. Mais attention à votre permis d'étude. Vous avez immigré dans votre pays d'accueil grâce à votre université, qui fait office de « sponsor ». Vérifiez tout d'abord que le changement d'université n'impactera pas votre titre de séjour.

Par exemple, le Canada autorise en principe le changement d'université ou de cursus. Mais la procédure est soumise à conditions :

  • Votre nouvel établissement devra être agréé par les autorités provinciales ou territoriales comme pouvant accueillir des étudiants étrangers.
  • Vous vous engagez à être assidu en cours.
  • Vous fournissez tous les renseignements demandés par les services de l'immigration.

En cas de manquement à la procédure, vous risquez une annulation de permis d'étude et une expulsion du territoire avec interdiction d'y revenir.

Changement de filière : quelles implications pour les étudiants étrangers ?

La première grande conséquence est… l'annonce aux parents. Plus que les natifs, les étudiants étrangers ne se donnent pas le droit à l'erreur. Vous êtes peut-être dans cette situation.Vous avez supporté une longue procédure pour décrocher leur visa. Votre famille a été mise à contribution. Vous vous êtes peut-être endetté sur plusieurs années et peinez à accepter une erreur de parcours. Éviter de retarder l'échéance. Vos parents apprendront tôt ou tard votre réorientation. Expliquez-leur les raisons de ce choix et ne fléchissez pas devant leurs remarques dubitatives. Au contraire, rassurez-les en présentant positivement votre nouveau programme universitaire.

Changement de filière et redoublement : y a-t-il un risque pour le permis de séjour ?

Le risque de redoublement est un autre point important à souligner. Si votre transfert est validé, mais que votre nouvelle université n'accepte pas d'étudiants en cours d'année, vous serez contraint de patienter jusqu'à l'année suivante. À priori, le redoublement ne remet pas en cause votre permis de séjour. Mais l'administration peut voir un redoublement (non motivé) comme un signe d'un manque d'assiduité en cours… Or, l'assiduité en cours et le sérieux dans les études font partie des critères étudiés pour renouveler ou non le permis de séjour. D'où l'importance de vous renseigner auprès des services de l'immigration avant toute démarche et de bien justifier votre désir de réorientation.

Comment se préparer au changement de filière ?

Si le changement de filière implique un redoublement, ne voyez pas ce temps d'attente comme du temps perdu. Envisagez-le comme un temps supplémentaire pour préparer votre nouveau cursus universitaire. Vous pouvez :

Si le changement de filière est « automatique », préparez-vous à un changement de rythme. Déçu de votre premier choix d'université à l'étranger, vous étiez certainement moins investi. Vous avez peut-être adopté un rythme de vie plus « détendu ». Reprenez de bonnes habitudes avant de commencer votre cursus dans la nouvelle université. Mettez toutes les chances de votre côté pour réussir votre année.

Études à l'étranger : comment gérer une erreur de cursus ?

Évitez d'associer « erreur de cursus » et « expatriation ratée ». Un changement de filière n'est pas le signe que vous avez raté votre expatriation. C'est plutôt le signe que vous savez rebondir.

Ne considérez pas que vos mois ou années à chercher votre voie sont du temps perdu. Capitalisez sur les rencontres faites à l'étranger, les expériences professionnelles, les savoirs emmagasinés, etc. Ils pourraient vous servir un jour.

À l'étranger, on est parfois plus fragile. Vous connaissez encore mal le pays, sa culture, peut-être sa langue. L'expatrié parfait n'existe pas. Laissez-vous le temps de prendre vos marques et donnez-vous une chance de rebondir.

Et si c'était une affaire de méthode d'éducation ?

On pense encore souvent qu'une erreur de cursus est synonyme d'expatriation ratée. Les analystes estiment qu'il s'agit moins d'un problème de capacité que d'un problème d'éducation nationale. Les pays nordiques et anglo-saxons ont tendance à diversifier davantage l'éducation des enfants. Ils font des petits boulots, ont des journées scolaires partagées entre les cours théoriques et les activités pratiques (sport, art, culture, etc.), s'investissent dans des associations, n'hésitent pas à faire un break après le lycée…

D'autres États ont, en revanche, un système académique. Les enfants ne sont pas poussés à accumuler des expériences à l'extérieur de l'école, mais restent dans le système jusqu'à la fin de leur cursus universitaire. Ce mode d'éducation linéaire (avec un stage uniquement en fin d'études) rendrait les enfants moins créatifs. Ceux qui ont déjà une idée de métier en tête auront plus de chances de s'en sortir. Mais ceux partagés entre les souhaits de leurs parents et ceux de leurs professeurs risquent de suivre un chemin qui n'est pas le leur… et de se tromper de cursus.

Réussir ses études à l'étranger : les conseils en plus

Pour mettre toutes les chances de votre côté, ne faites pas l'impasse sur l'apprentissage de la langue : ne vous réfugiez pas dans l'anglais (sauf si, bien sûr, vous vous expatriez dans un pays anglophone), mais apprenez la langue du pays d'accueil.

Soyez ouvert et curieux. Apprenez à connaître vos limites et à demander de l'aide. On évoque plus souvent les réussites que les difficultés de l'expatriation et les défis de la vie étudiante. Mais vous n'êtes pas le seul à être déçu de vos études à l'étranger. Parlez-en autour de vous, cherchez une oreille attentive. Ne restez pas dans votre coin.

Soyez rigoureux, surtout concernant vos démarches de changement de filière. Transmettez tous les documents utiles aux bons interlocuteurs. Respectez les délais.

Croyez en vous. Ne vous comparez pas aux autres étudiants, mais croyez en vos capacités. Ouvrez-vous aux autres. Profitez de votre visa étudiant pour découvrir votre ville. Il existe beaucoup de moyens gratuits de s'approprier son quartier, sa ville : promenade dans les jardins, inscription sur des réseaux en ligne pour faire des activités en groupe, inscription dans une association… C'est aussi une manière de faire des rencontres et de vous fondre dans votre nouveau quotidien.