Pourquoi les familles expatriées désertent-elles les écoles françaises ?

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Écrit par Estelle le 28 août, 2024
Beaucoup de Français expatriés font le choix d'un enseignement français pour leurs enfants, ce qui est possible grâce aux écoles françaises implantées dans les principales villes du monde. Depuis la rentrée 2023, on compte d'ailleurs 580 établissements homologués par le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, dans 139 pays différents, où sont actuellement scolarisés quelque 391 000 élèves. Mais depuis quelques années, on constate une baisse des nouvelles inscriptions.

Moins d'inscription dans les écoles françaises : quelles en sont les causes ?

À première vue, cette baisse des inscriptions est due principalement aux frais de scolarité souvent très élevés, car en près de 10 ans, ils ont augmenté en moyenne de 42 %. En effet, les parents ne peuvent ou ne veulent pas débourser des sommes aussi conséquentes dans une école privée, même si c'est le seul moyen d'adhérer au programme éducatif français.

Pour rappel, ces établissements suivent les calendriers et les programmes du système français, de la maternelle au baccalauréat. De plus, avant la rentrée 2012, les enfants français de l'étranger pouvaient s'inscrire gratuitement grâce au gouvernement. La fin de cette mesure a été catastrophique pour ces familles qui sont contraintes de devoir débourser jusqu'à 40 000 €, comme c'est le cas à New-York.

Les changements dans les salaires et le coût de la vie au fil des ans, causés par les multiples crises économiques de ces 15 dernières années, n'ont pas amélioré la situation. Autrefois, le profil type des parents inscrivant leurs enfants à l'étranger bénéficiait d'un contrat d'expatriation très avantageux qui comprenait notamment la prise en charge des frais de scolarisation, mais qui se fait rare de nos jours. Aujourd'hui, les expatriés français ont un contrat de travail local et un salaire pas toujours adapté aux frais d'inscription de l'AEFE (Agence pour l'Enseignement du Français à l'Étranger). Mais si certains gagnent très bien leur vie, le coût de la vie du pays d'expatriation ne permet pas toujours de prévoir un budget pour ces établissements, ce qui les force à se tourner vers l'éducation locale.

Frais de scolarisation en hausse : la grogne des parents

Face à ces augmentations, les parents de certains pays commencent à hausser le ton. C'est ce que rapportent notamment plusieurs médias au Maroc. En effet, pour l'année scolaire 2024-2025, des augmentations de 1 500 à 2 700 dirhams par an ont récemment été annoncées, dépendant des établissements. À Casablanca, les droits de première inscription sont ainsi passés de 15 000 à 30 000 dirhams. Face à ces hausses et à l'absence d'améliorations notables concernant la qualité de l'enseignement, les parents d'élèves ont dénoncé un manque de transparence et de concertation de la part de AEFE. L'Union des comités de parents d'élèves (UCPE) s'est notamment mobilisée, craingnant une « marchandisation croissante de l'éducation » et appelle à une répartition plus équitable des charges entre les familles et l'État français.

Bourses scolaires et alternatives au système éducatif français

Il existe bien des bourses scolaires qui permettent aux enfants d'entrer dans les écoles françaises, mais elles sont difficiles à obtenir. De plus, elles sont réservées aux familles ayant des salaires très bas, voire, le plus souvent, aucune ressource financière, bien que le nombre de bourses ont été revues à la hausse. Donc bien souvent, un salarié moyen ne peut pas en bénéficier. Selon estimations du gouvernement, un élève sur cinq faisant partie du réseau AEFE bénéficie d'une bourse scolaire, et une famille sur quatre n'obtient pas de réponse positive à une demande de bourse.

Les parents d'élèves sont donc contraints de trouver des alternatives à l'éducation française. Certains inscrivent leurs enfants simplement dans des écoles locales et choisissent l'établissement selon la qualité de l'enseignement du français dans la mesure du possible, afin qu'ils acquièrent les bases de la grammaire et de l'orthographe. D'autres choisissent une double scolarité, c'est-à-dire une inscription dans une école locale en combinant avec un programme allégé du CNED. Une solution qui peut être cependant lourde pour les enfants. D'autres choisissent l'enseignement à distance, ou le homeschooling, qui permet de suivre le programme éducatif français, d'une façon plus abordable.

Scolarité dans une école française : quels avantages pour les enfants ?

Si vous hésitez encore, bien que les frais puissent s'avérer élevés pour certaines familles, il est important de rappeler les avantages d'inscrire ses enfants dans une école française à l'étranger. En premier lieu, l'AEFE garantit un enseignement de qualité conforme aux exigences de l'Éducation nationale française, et ce, dès la maternelle jusqu'à l'obtention du baccalauréat. Les élèves pourront évoluer dans un environnement multiculturel, puisque ces établissements accueillent des élèves de toutes nationalités, pas seulement des Français. En outre, on constate qu'un diplôme obtenu dans un lycée français ouvre les portes des universités et grandes écoles françaises et internationales, offrant donc aux élèves un vaste choix pour leur parcours éducatif et leur avenir professionnel.