Alors que l'inflation mondiale tend à diminuer, de nombreuses familles expatriées constatent plutôt une hausse de leurs charges. La scolarité des enfants représente un coût financier considérable, alourdi, non seulement par le coût de la vie, mais aussi par des réformes gouvernementales qui augmentent les taxes. Comment assurer la bonne scolarité de ses enfants dans ce contexte ? Existe-t-il des alternatives aux écoles internationales traditionnelles ?
Hausse des taxes sur les écoles internationales au Royaume-Uni : l'inquiétude des familles d'expats
Où scolariser ses enfants en 2025 ? Au Royaume-Uni, les familles s'inquiètent. En cause : un projet de taxe de 20 % sur les frais de scolarité dans les écoles privées et internationales, applicable dès le 1er janvier 2025. La taxe entend lutter contre les inégalités en réinjectant l'argent du privé vers le public. Car plusieurs études confirment que l'écart entre le public et le privé s'est profondément aggravé sous les gouvernements conservateurs. Dès leur retour au pouvoir cet été, les travaillistes ont évoqué cette taxe. L'exécutif table sur une recette de 1,3 milliard de livres sterling par an. Une recette qui permettra notamment de créer 6 500 nouveaux postes d'enseignants.
Mais nombre de locaux et expats rappellent que l'enseignement privé n'est pas réservé aux riches. Si les plus aisés paieront aisément la taxe, les classes moyennes s'alarment. Certains envisagent de prendre un second emploi. D'autres espèrent un revirement du gouvernement. Les ambassadeurs prennent la défense des expatriés et affirment que cette taxe nuira aux relations internationales. La taxe a déjà fait baisser les demandes de visa de 23 % comparativement à l'an dernier. Une baisse qui coûterait 50 millions de livres sterling rien que dans les écoles privées. Les écoles internationales, fréquentées par nombreux étrangers s'exposent également à de lourdes pertes. Selon les ambassadeurs, la taxe fera baisser le nombre de familles expatriées, et donc, le nombre d'enfants étrangers scolarisés. Au contraire, les partisans de la réforme appellent le secteur privé à suivre l'exemple du public, contraint d'innover pour pallier les coupes budgétaires.
Scolarité internationale : les pays du Golfe gagnent en attractivité
Le Royaume-Uni risque-t-il de perdre en attractivité ? C'est ce que prédisent les agences spécialisées en expatriation. Elles notent déjà un vif intérêt de leurs clients pour les établissements privés américains, toujours chers, mais bien moins taxés que les établissements britanniques. Engouement similaire pour d'autres établissements européens, peu ou pas taxés. Malgré une hausse d'environ 6 à 7 % des frais de scolarité dans les pays du Golfe, les écoles attirent les expats. Ils quittent justement le Royaume-Uni et ses taxes pour profiter d'un enseignement de qualité pour un coût plus abordable qu'en Europe ou aux États-Unis. Aux Émirats arabes unis (EAU), il faut compter entre 67 717 et 117 547 dirhams par an pour une bonne école britannique ou américaine (entre 18 436 et 32 0002 dollars/USD). Les écoles indiennes sont encore plus abordables : entre 3 698 et 15 095 DH annuels (entre 1 006 et 4 109 USD).
L'augmentation progressive des frais de scolarité dans les écoles internationales des pays du Golfe est en grande partie due à l'augmentation du nombre d'élèves expatriés. C'est le cas en Arabie saoudite, où la hausse du nombre d'élèves britanniques tire les tarifs vers le haut. L'État reste néanmoins l'un des plus abordables des pays du Golfe, avec des frais compris entre 10 000 et plus de 50 000 riyals saoudiens annuels (entre 2 663 et plus de 13 315 dollars).
Faut-il davantage taxer les étudiants étrangers ? Le choix du Japon
En août 2024, la célèbre université d'art Musashino (université privée tokyoïte) crée la polémique en actant une hausse de 20 % de frais de scolarité pour les étudiants étrangers à partir de 2025, soit 363 000 yens supplémentaires (2 500 dollars). Jusqu'alors, nationaux et étrangers payaient les mêmes frais. Les étudiants étrangers dénoncent une décision discriminatoire. L'université se justifie en expliquant que la taxe servira à « améliorer leur expérience » au Japon. Musashino compte près de 15 % d'étudiants étrangers (700 élèves). Afin de compenser l'effet de la taxe, l'université promet des bourses pour les étudiants en difficulté.
La décision de Musashino s'inscrit dans un contexte de hausse de frais pour les étudiants étrangers. Si en principe, ils paient les mêmes frais que les locaux (environ 535 800 yens/3 462 dollars, montant standard fixé par une ordonnance ministérielle), quelques établissements ont le droit de majorer ces frais de 20 %. En mars 2024, l'ancien gouvernement Kishida supprime le plafond pour les 86 universités nationales du pays. Certains redoutent que les établissements privés suivent cette nouvelle norme. Pour l'ancien gouvernement, ces hausses ne freinent pas les étrangers, toujours « très motivés » à l'idée d'étudier au Japon. Mais d'autres estiment que ces augmentations seront contre-productives. Frappés par une démographie en berne, les établissements scolaires et universitaires japonais traversent une grave crise financière. Pour remplir les classes, le Japon compte sur les étrangers : en 2023, Kishida entendait accueillir 400 000 étudiants étrangers d'ici 2033.
Taxer davantage les étudiants étrangers pour financer les établissements scolaires ?
Mais les hausses de frais pourraient bien les faire fuir. Pour les détracteurs, renflouer les caisses des écoles avec l'argent des étudiants étrangers n'est pas la bonne option. Moins attractif que la Chine, Singapour ou les établissements européens, le Japon comptait justement sur ces frais moins élevés pour attirer les étrangers.
Et s'il fallait augmenter les frais de tous les étudiants pour assainir les finances des établissements scolaires ? En septembre, l'Université de Tokyo annonce une hausse des frais de scolarité de 100 000 yens, applicable dès la rentrée 2025 (avril). D'autres universités devraient suivre le mouvement. L'ordonnance ministérielle émise en 2004 permet à chaque université de multiplier par 1,2 maximum (642 960 yens/4 159 dollars) le montant standard des frais de scolarité. Mais le coût des études plombe déjà les finances des étudiants japonais et expatriés. Étranglés par les prêts bancaires et l'inflation, et malgré les bourses et un travail à temps partiel, nombre d'entre eux peinent à suivre.
Très chère école internationale : vers de nouvelles hausses des frais de scolarité en 2025 ?
Comme le Japon, les grandes destinations d'expatriation augmentent leurs frais pour les étudiants étrangers. Ces hausses s'inscrivent souvent dans des réformes migratoires visant à réduire le nombre d'étudiants étrangers. Exemple avec le Canada et l'Australie, deux destinations prisées par les candidats à l'expatriation.
Au Canada, les frais de scolarité (hors Québec) sont passés de 7 632 dollars canadiens (CAD) en 2018-2019 à 9 262 CAD pour la rentrée 2024-2025. Une hausse en partie due à l'inflation, mais pas seulement. Le gouvernement du Québec a déjà annoncé que les frais de scolarité pourraient passer de 9 000 à 12 000 CAD. Conformément à sa réforme du 1er janvier 2024, le Canada délivrera moins de permis d'études en 2025 (437 000, contre 485 000 cette année). Ottawa espère une baisse de 300 000 permis d'études d'ici 3 ans.
L'Australie suit le même chemin. Plusieurs universités australiennes comptent augmenter leurs frais de scolarité pour les étudiants étrangers en 2025 : +5,8 % à l'université nationale d'Australie, entre +3 et 4 % à Sydney, +7 % à Melbourne, Western Sydney et la Nouvelle-Galle du Sud. Comme les universités japonaises, elles expliquent que les hausses de frais assureront de meilleures conditions d'apprentissage pour les étrangers. Elles sont surtout confrontées aux coupes budgétaires, à l'inflation et à la baisse du nombre d'étudiants internationaux, et donc des frais de scolarité. Une manne pourtant essentielle pour les universités australiennes. Mais l'État s'est engagé dans une politique migratoire restrictive : ses dernières réformes visent justement à diminuer le nombre d'étudiants étrangers. Parmi ces dernières restrictions : la hausse du revenu minimum pour demander son permis d'études et des tests d'anglais plus stricts. À partir de janvier 2025, des quotas d'étudiants étrangers par matière et par lieu d'étude seront imposés. Le nombre d'étudiants étrangers sera limité à 270 000.
Bourses scolaires : à quoi s'attendre en 2025 ?
Plusieurs types de bourses sont proposées : les bourses de l'État, de la région/province, les bourses privées et celles des universités. Il existe également des bourses réservées à certaines nationalités. C'est le cas, par exemple à Maurice, qui a récemment lancé un programme boursier réservé aux étudiants citoyens des pays membres de l'Union africaine (UA) ou des pays africains du Commonwealth. Maurice, qui ambitionne de devenir un nouveau hub africain de l'éducation. Les candidatures sont ouvertes jusqu'au 23 avril 2025.
Le gouvernement canadien présente une plateforme dédiée aux bourses internationales. Les universités proposent également des bourses. À l'université de Dalhousie, par exemple, les candidatures sont ouvertes jusqu'en février 2025. HEC Montréal propose des centaines de bourses ; certains programmes sont encore ouverts, comme la bourse doctorale Fondation CPA du Québec et la bourse AGA assurances collectives. Le montant des bourses peut varier en fonction de l'organisme donateur, du niveau d'études de l'étudiant, de ses ressources, etc. Au Canada, la bourse délivrée par l'État fédéral peut s'élever à 525 CAD par mois pour un étudiant à temps plein.
En France, les étudiants étrangers peuvent bénéficier des bourses de l'Etat, des aides du Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires (CROUS), des bourses Erasmus+, de l'aide au logement et des programmes privés. Les Français expatriés peuvent bénéficier des bourses de l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Étranger (AEFE). Or, la hausse du nombre d'enfants scolarisés à l'étranger fait progressivement baisser le montant de la bourse. Les familles expatriées s'inquiètent de la baisse du montant de leurs bourses, alors que le coût de la scolarité ne cesse d'augmenter.
Bien entendu, de nombreux autres pays proposent des bourses. Les futurs expats ont tout intérêt à postuler le plus tôt possible.
Hausse des frais de scolarité en expatriation : faut-il opter pour l'école à distance ?
Face à un coût de la scolarité toujours plus élevé, des familles expatriées ont trouvé une alternative. Il n'est en effet pas toujours possible de scolariser son enfant dans l'école internationale de son choix. La présence même d'une école internationale n'est pas toujours une évidence. Popularisée depuis la pandémie, l'école à distance gagne un nouveau public. Les organismes l'ont bien compris, et diversifient leurs offres pour coller aux attentes des expatriés.
Les expats cherchant une école américaine s'orienteront peut-être vers la Bridgeway academy ou la Pearson online academy. En Australie, l'Université de Sydney et l'Institut d'ingénierie de technologie de Melbourne font partie des universités proposant des cursus en ligne. La pratique s'est accrue, là encore, depuis la crise sanitaire. Les grandes universités du monde développent leurs enseignements en ligne pour attirer les étudiants internationaux. Le site du gouvernement canadien consacré à la scolarité internationale recense les établissements proposant des cursus en ligne. Il peut exister aussi des solutions mises en place par l'État. En France, le Centre national d'enseignement à distance (CNED) est un organisme rattaché aux ministères de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur. Il propose des programmes pour tous les âges.
Les écoles à distance remplissent-elles leurs promesses ?
Elles règlent effectivement le problème de la présence d'une école internationale. Le coût est globalement inférieur à celui d'une scolarité en présentiel. À l'université de Londres, par exemple, une année à distance (1er cycle) coûte 3 000 livres sterling, contre 9 250 livres pour un programme en présentiel. Au Canada, il faut en moyenne compter 36 100 dollars canadiens pour une année de premier cycle. Les frais peuvent être divisés par 10 pour un établissement en ligne.
Mais attention : tous les établissements ne se valent pas. La multiplication des écoles en ligne a démultiplié les arnaques. Sensibles aux prix, les étudiants étrangers peuvent être plus vulnérables. Il convient donc de s'assurer que l'école en ligne est bien reconnue par l'État. Ses diplômes doivent être reconnus, de même que sa formation. Les familles expatriées seront particulièrement vigilantes quant au programme dispensé aux jeunes enfants. Car le 100 % à distance a un inconvénient majeur : le risque de passivité et de dépendance aux écrans. Pour garantir les interactions nécessaires aux bons apprentissages, il convient de trouver l'équilibre entre cours en ligne et activités pratiques (club de sport, culture, loisirs, etc.).