Face à la crise et aux politiques migratoires restrictives, les étudiants étrangers redéfinissent leur plan d'expatriation. S'ils sont toujours volontaires pour étudier à l'étranger, ils passent plus de temps à planifier leur budget. Les destinations les plus en vue perdent des points au profit de nouvelles cités de l'éducation internationale. Analyse.
Hausse du coût des études et nouveaux calculs des étudiants étrangers
La hausse du coût des études est l'une des premières sources d'inquiétudes des étudiants étrangers, avec les réformes migratoires restrictives. Les deux éléments sont d'ailleurs liés. Tour à tour, les grandes puissances adoptent des mesures pour faire baisser le nombre d'étrangers. Des mesures non sans conséquences sur leur attractivité. De l'aveu des intéressés, les hausses continuelles des frais les poussent à se tourner vers d'autres pays, un peu moins prisés, mais offrant des cursus dont la qualité n'a rien à envier aux grandes destinations d'expatriation. C'est notamment le cas en Australie : impactés par les dernières mesures restrictives (augmentation du seuil de revenu exigé, hausse des frais du visa étudiant, fin du « visa hopping ») un certain nombre d'étudiants délaisse le pays pour d'autres destinations, comme Taïwan.
Réorientation vers les destinations moins chères
L'augmentation du coût des études ne se traduit donc pas par un arrêt de la mobilité internationale, mais par une réorientation des candidats à l'expatriation. Plutôt que de miser sur les destinations phares des étudiants étrangers (Australie, Canada, États-Unis, Royaume-Uni), ils s'orientent vers d'autres pays, offrant des frais de scolarité plus abordables (Malaisie, Allemagne, République tchèque, Mexique, Taïwan...). Une licence ou un master en République tchèque coûte environ 3 000 à 7 000 euros. Des coûts comparables à ceux de l'Allemagne (environ 5 000 euros pour le public) et Taïwan (entre 3 000 et 4 500 euros en moyenne). Les coûts de la vie dans ces pays sont également plus faibles que dans les grandes destinations d'expatriation.
Aux États-Unis, il faut compter 9 000 à 13 000 euros en moyenne pour les universités les moins chères (licence). Mais les prix dépassent les 90 000 euros pour les établissements les plus renommés. L'Australie est un peu plus abordable, avec des frais de scolarité d'environ 10 000 à 30 000 euros. Au Canada, il faut compter près de 24 000 euros. Au Royaume-Uni, les frais de scolarité peuvent grimper jusqu'à plus de 40 000 euros en premier cycle (licence). À ces frais s'ajoutent ceux du quotidien (loyer, alimentation, transport…) également en hausse dans ces pays.
L'indispensable aide parentale
Ce choix, c'est aussi celui des parents, qui supportent l'expatriation de leur enfant. Plusieurs études le confirment. L'une des dernières en date, menée par HSBC, (Quality of Life Report 2024) prend notamment l'exemple des parents indiens. Près de 78 % d'entre eux souhaitent que leur enfant étudie à l'étranger. L'apprentissage d'une nouvelle culture, l'obtention d'un « bon diplôme » et l'intégration internationale font partie des sources de motivation des parents (toutes nationalités confondues). Mais l'étude montre que seuls 53 % des parents indiens interrogés ont la capacité de financer les études de leur enfant. 51 % comptent sur les bourses étudiantes internationales. 40 % comptent sur les prêts étudiants. Près de 30 % des parents se disent prêts à vendre leurs actifs pour financer la mobilité internationale de leur enfant.
Des étudiants étrangers confrontés aux défis du marché du travail international
Toutes les nationalités sont concernées. Du Vietnam en passant par les États-Unis, le Nigéria, l'Australie et le Brésil, les parents sont convaincus de l'impact positif d'une éducation internationale pour le futur de leur enfant. Pour eux, les évolutions du marché du travail international rendent la formation à l'étranger indispensable. Si le constat est juste, les parents ont parfois une image idéalisée de l'expatriation. Pour eux, le diplôme à l'étranger ouvre automatiquement les portes de l'entreprise et du salaire élevé. Leur vision est celle de la méritocratie, de l'ascension sociale par le mérite.
La route n'est cependant pas aussi dégagée. Confère la déception des diplômés étrangers au Canada, en Australie, au Royaume-Uni ou en France, de plus en plus nombreux à évoquer leur difficile insertion sur le marché du travail. Les récentes réformes migratoires compliquent un peu plus leur entrée dans le monde du travail. Cette situation, dénoncée par les associations étudiantes, n'est pas toujours comprise par les parents. C'est également un choc pour les étudiants, qui comptaient justement sur un emploi stable à l'étranger pour rembourser leur emprunt et s'insérer dans la vie active.
Comment s'organiser financièrement avant le grand départ ?
Hausses des frais de visa, des frais de santé, du seuil de revenu pour prétendre au permis d'étude, augmentations des loyers, inflation… les candidats à l'expatriation doivent dégager plus de revenus pour espérer étudier à l'étranger.
Demander une bourse d'études
Il existe plusieurs programmes d'aide à la mobilité internationale. Ces bourses peuvent être délivrées par le pays d'origine de l'étudiant, le pays d'accueil, des organisations internationales ou des organismes privés. Il convient de garder en mémoire que plusieurs types de bourses peuvent coexister au sein d'un même État : bourse étatique, régionale, bourse de la collectivité. Ces aides varient généralement en fonction du domaine d'étude, de l'âge de l'étudiant, de sa nationalité. Par exemple, certaines bourses sont réservées aux étudiants suivant un cursus scientifique. D'autres ciblent les étudiants d'une zone géographique précise. Par exemple, la Philanthropic Educational Organization (PEO) aide les femmes voulant étudier aux États-Unis ou au Canada.
Il ne faut pas attendre la délivrance de son visa d'étude pour demander une bourse. L'offre est souvent inférieure à la demande. Elle est d'ailleurs soumise à des délais et des critères de sélection qu'il convient de respecter. Les étudiants augmenteront leurs chances en postulant à plusieurs bourses (selon leur éligibilité), sous réserve qu'elles soient cumulables entre elles.
Prendre un job étudiant avant le départ
Les étudiants ont été durement touchés par les confinements. Traditionnellement plus précaires que les autres, ils n'ont pas pu compter sur les jobs étudiants pour financer leurs études et leur vie dans le pays d'accueil. La pandémie passée, la crise économique mondiale menace toujours les finances. Pour faire face à la conjoncture et aux éventuels changements législatifs (hausse des frais du visa étudiant en Australie, doublement du revenu minimum pour le permis d'études canadien…), les étudiants comptent plus que jamais sur le petit boulot avant le départ.
Si la crise économique secoue les économies, elle va de pair avec des pénuries de main-d'oeuvre dans des secteurs fortement soumis à la concurrence. C'est le cas, par exemple, en hôtellerie-restauration ou dans la grande distribution (emplois de vendeurs, caissiers, serveurs...). Mais dans certains pays, obtenir un job résulte parfois du parcours du combattant. Crise oblige, les petits boulots ne sont pas uniquement pris d'assaut par les étudiants. C'est le cas notamment en France.
Faire un prêt
C'est presque devenu un passage obligé, surtout si l'on souhaite s'inscrire dans une université réputée. Les dettes astronomiques des étudiants aux États-Unis et au Royaume-Uni font régulièrement les gros titres de la presse internationale. Moins médiatisées, les dettes étudiantes en Australie ou au Canada n'en sont pas moins alarmantes.
Avant de contracter un prêt dans son pays, il est indispensable de bien comprendre ce qu'il implique. Quels seront les intérêts et la durée du prêt ? Quelles seront les modalités de remboursement ? Ces questions sont cruciales pour ne pas se retrouver, sitôt le diplôme en poche, avec des remboursements mensuels dépassant ses capacités (surtout si l'on est encore en recherche d'emploi). Attention : certains contrats de prêts exigent que les intérêts soient payés avant le remboursement du prêt en lui-même. Si le remboursement du prêt intervient à l'issue des études, cela signifie donc que les intérêts devront être payés pendant la scolarité.
Liens utiles :
EducationUSA ; #YouAreWelcomeHereScholarship : bourses pour les étudiants étrangers
Royaume-Uni : programmes d'aide pour les étudiants étrangers
Canada : programmes de mobilité internationale
Australie : bourses pour les étudiants étrangers
Erasmus+ : bourse de mobilité internationale
Union européenne : trouver une bourse
Japon : bourses d'études