Les meilleurs pays pour bien étudier tout en maîtrisant son budget
Sans surprises, les étudiants étrangers sont particulièrement vulnérables aux soubresauts économiques. Malmenés depuis la crise sanitaire, ils doivent composer avec un coût de la vie qui ne cesse d'augmenter et des réformes de l'immigration parfois restrictives. Où étudier en 2024 ? Les traditionnelles destinations d'expatriation cochent toutes les caches « rouges », avec des frais élevés et des restrictions à l'immigration. Si l'excellence n'a pas de prix, les nouveaux candidats à l'expatriation refusent de s'étrangler avec des frais qu'ils ne pourront supporter.
Mais pas question pour autant de sacrifier la qualité de l'enseignement. Si les États-Unis, l'Australie, le Canada et le Royaume-Uni restent toujours encensés pour l'excellence de leurs formations, d'autres pays ont su susciter l'intérêt des étudiants étrangers. La République tchèque, Taïwan et le Mexique font partie des nouvelles destinations pour la mobilité internationale étudiante. Ces États cumulent deux points essentiels pour les expatriés : enseignement de qualité et coût de la vie abordable.
Zoom sur les nouveaux pays favoris des étudiants étrangers.
République tchèque
C'est la nouvelle destination tendance des étudiants étrangers. D'après l'Office tchèque des statistiques, 55 000 étudiants étrangers étaient inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur en 2023 (soit 18 % du nombre total d'étudiants). C'est 3 % de plus qu'en 2022. La République tchèque est de plus en plus plébiscitée par les étudiants étrangers ; ils encensent son coût de la vie abordable et ses cursus de qualité. Le pays enregistre une hausse notable du nombre d'étudiants étrangers depuis son entrée du pays dans l'Union européenne (UE) en 2004.
L'Université Charles de Prague, l'Institut de technologie chimique de Prague ou encore l'université Masaryk (à Brno) font partie des meilleures universités du pays et d'Europe. Elles proposent des cursus en anglais et encouragent la venue des étudiants étrangers. Les frais de scolarité varient selon l'établissement, le cursus choisi, l'année de formation. Par exemple, ils oscillent entre 3 000 et 7 000 euros pour une licence ou un master à l'université Masaryk. Ils sont d'environ 4 500 euros pour un doctorat. Le coût de la vie d'un étudiant varie entre environ 500 à 600 euros par mois. Mais tout dépend de la ville d'habitation et du mode de vie.
Taïwan
Si l'on a beaucoup parlé de l'expatriation des étudiants au Japon, en Corée du Sud ou en Chine, on parle de plus en plus de Taiwan. Le pays n'a en effet rien à envier à ses concurrents asiatiques. Il détient même de sérieux atouts, grâce à l'excellence de son système éducatif et à son coût de la vie abordable. Plus de 110 000 étudiants étrangers suivent actuellement un cursus à Taïwan. Le gouvernement espère en attirer 320 000 d'ici 2030.
Les universités taïwanaises sont reconnues à l'international. La National Taiwan University est l'université la plus prestigieuse du pays. Classée dans le top des meilleures universités mondiales, elle se distingue notamment par la qualité de ses cursus scientifiques, médicaux et d'ingénierie. Les frais de scolarité varient entre 3 000 et 4 500 euros l'année. Ils sont un peu moins chers à la National Tsing Hua University et la National Cheng Kung University, autres universités réputées du pays (entre 2 500 et 3 500 euros l'année). Là encore, les frais varient en fonction de l'année d'étude.
Le coût de la vie à Taïwan est abordable, surtout si on le compare avec celui de ses concurrents. Pour vivre à Taïpei, la capitale, il faut compter entre environ 650 et 1 100 euros par mois. Sans surprise, les villes moyennes et les petites communes sont encore plus abordables.
Pologne
Coût de la vie abordable et qualité de l'enseignement : voilà ce que viennent rechercher les étudiants étrangers en Pologne. Ils sont plus de 100 000 à avoir choisi la Pologne au cours de l'année universitaire 2022-2023. Un record. La Pologne passe pour la première fois la barre des 100 000 étudiants étrangers inscrits. L'objectif du ministère des Sciences et de l'Enseignement supérieur fixé en 2015 (avoir 100 000 étudiants étrangers en 2020) a été atteint avec un léger retard, COVID oblige. Les ressortissants européens sont les plus nombreux, devant les Asiatiques et les Africains (leur nombre augmente progressivement).
Les villes étudiantes de Varsovie, Cracovie, Wrocław et Poznań font valoir la qualité de leur enseignement. Les universités de Varsovie, de Wrocław, de Gdańsk, d'Adam Mickiewicz (à Poznań) et l'Ecole des mines et de la métallurgie (à Cracovie) font partie des meilleurs établissements polonais. Le coût de la vie y est abordable, compris entre 300 euros (Poznań) mensuels et environ 650 euros mensuels (Wrocław).
Pour attirer davantage d'étudiants étrangers, la Pologne mise sur ses programmes. « Banach Nawa » permet d'étudier gratuitement en Pologne et d'obtenir une bourse. « Poland My First Choice Nawa » délivre gratuitement des cursus en master dans les universités publiques. Ces programmes s'inscrivent dans le cadre de Ready, Study, Go ! Poland, plan gouvernemental qui promeut les études en Pologne.
Mexique
Déjà plébiscité par les nomades numériques, le Mexique gagne des points auprès des étudiants étrangers. Ses atouts : des frais de scolarité moindres, estimés à environ 1 000 euros pour une université publique et de 5 000 à 17 000 euros pour un établissement privé, avec une tendance à la hausse ; ces frais restent néanmoins variables selon le cursus choisi et le niveau de l'étudiant. L'Université nationale autonome du Mexique est l'une des plus réputées du pays ; la qualité de son enseignement est reconnue à l'international. L'Institut technologique de Monterrey, l'Institut technologique de Mexico, l'Université de Guadalajara et l'Institut polytechnique national de Mexico font partie des établissements les plus prestigieux du pays. À noter que cette année, l'Agence mexicaine de coopération internationale pour le développement a ouvert les bourses d'excellence du gouvernement aux étudiants internationaux.
Si le coût de la vie reste plus abordable que celui des grandes destinations d'expatriation, il a tendance à augmenter, surtout dans la capitale. À Mexico City, dans les autres grandes villes (Monterrey, Tijuana…) et dans les zones touristiques, les prix sont plus élevés, surtout ceux du loyer. En général, on estime que le coût de la vie au Mexique pour un étudiant étranger avoisine les 660 euros par mois (sans les frais de scolarité). Le loyer reste l'un des principaux postes de dépense. Il faut compter environ 500 euros mensuels pour un studio à Mexico City. Le prix grimpe à 900 euros pour le même appartement dans la cité touristique de Los Cabos. Il baisse à 300 euros par mois pour le même appartement à Guadalajara.
Allemagne
Ce n'est pas vraiment une nouvelle destination, mais elle ne cesse de gagner des points auprès des étudiants étrangers. Cela tombe bien : l'Allemagne veut devenir l'une des destinations favorites des étudiants expatriés. En 2022, elle en accueille 350 000. Elle se hisse juste derrière les pays stars de l'expatriation étudiante : les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie. L'Allemagne met en avant l'excellence de ses formations. Selon le Times Higher Education (THE), l'Université technique de Munich, l'Université de Heidelberg et l'Université LMU de Munich font partie du top 100 des meilleures universités en 2024.
Autre atout du pays : des cursus peu coûteux et de nombreux programmes en anglais (plus de 1 700). Côté frais de scolarité, il faut compter entre 5 000 euros (universités publiques) et 30 000 euros (universités privées). Mais ces frais varient aussi en fonction du type de cursus choisi, de l'année d'étude. Malgré la crise, les autres postes de dépense restent moins élevés que dans les grosses destinations d'expatriation étudiante. Selon l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD), un étudiant peut vivre en Allemagne avec 600 à 850 euros par mois.
Le cas de la Hongrie
La Hongrie gagne progressivement des points auprès des étudiants étrangers. Leur nombre ne cesse de progresser depuis les années 2010. En 2023/2024, on compte 37 500 étudiants étrangers, contre 14 300 en 2009/2010. Le pays est connu pour son enseignement de qualité, notamment en médecine et en sciences. Les frais de scolarité varient généralement entre 12 000 et 16 000 euros pour les cursus médicaux, scientifiques et autres spécialités du secteur. Ils baissent à environ 6 000 euros pour les autres secteurs. Il faut néanmoins garder en tête que ces frais peuvent varier selon l'établissement. Les frais de scolarité sont plus élevés dans les universités privées.
Les diplômes hongrois sont conformes aux normes européennes. De ce fait, ils se conforment également aux normes du marché international. Selon le classement QS 2025, Eötvös Loránd, Debrecen, Szeged ou encore Pécs font partie des meilleures universités hongroises. Le coût de la vie en Hongrie est bien plus abordable qu'en Australie, au Royaume-Uni, au Canada ou aux États-Unis (pays phares pour les étudiants étrangers). Capitale oblige, la vie est plus chère à Budapest, mais sans pour autant se comparer aux grands pays de mobilité internationale étudiante. Il faut compter entre 700 et environ 850 euros par mois pour vivre en Hongrie.
Une politique qui freine la mobilité étudiante ?
Mais la politique de Viktor Orbán freine l'expansion du pays. Dernier fait en date : la fin du programme Erasmus pour les Hongrois. Accusé de faire mainmise sur les universités pour accroître son pouvoir, Orbán s'est attiré les foudres de l'Union européenne (UE). Pendant la COVID, le Premier ministre a discrètement fait glisser les universités publiques vers un nouveau régime confié à des fidèles de sa politique. Conséquence : le 15 décembre 2022, la Commission européenne suspend sa coopération avec plusieurs universités hongroises. C'est la fin d'Erasmus et d'Horizon, le programme de recherche. La décision, inédite, revient à exclure la Hongrie des programmes académiques européens.
En 2024, la Commission européenne confirme la suspension. Tout en dénonçant la politique d'extrême droite d'Orbán, des universitaires voient la sanction européenne comme une violation de ses propres règles de mobilité internationale et de protection de la jeunesse européenne. De son côté, le gouvernement Orbán s'est empressé de créer des programmes de substitution : Pannónia et HU-rizont, et se vente d'accueillir des étudiants « du monde entier ». Il promet de meilleurs programmes et des bourses plus généreuses que l'UE.
Expatriation des étudiants : les indispensables compromis
La montée en puissance des nouvelles destinations ne relègue pas au second rang les poids lourds de l'expatriation étudiante.
Aux États-Unis, les interminables délais d'attente découragent une partie des étudiants étrangers. Ils doivent également supporter des frais de visa et d'études en augmentation. Au Canada, les réformes mises en place depuis 2024 font grincer des dents. Doublement du seuil minimum pour prétendre au visa, plafonnement du nombre d'étudiants étrangers, limitation du permis de travail post-diplôme… En Australie, les étudiants étrangers doivent supporter des frais de visa multipliés par deux. Le gouvernement s'est aussi engagé à plafonner le nombre d'étudiants étrangers. Le Royaume-Uni a mis en place une série de mesures pour faire baisser le nombre d'étudiants étrangers : fin du regroupement familial, hausse des frais de visa, limitation du visa post-études…
Toutes ces hausses plombent le budget des étudiants, déjà fragilisé par la conjoncture. Car les étudiants étrangers doivent composer avec d'autres augmentations : logement, transport, assurance santé, alimentation… Autant de contraintes qui les incitent à se tourner vers des destinations offrant un enseignement de qualité à un coût plus abordable.
De plus en plus populaire auprès des étudiants étrangers, la Nouvelle-Zélande vient d'annoncer un doublement de ses frais de visa à partir du 1er octobre de 375 à 750 dollars néo-zélandais (204 à 409 euros). Le visa post-études passera de 700 à 1 670 dollars néo-zélandais (382 à 912 euros). Surfant sur la bonne image du pays, le gouvernement assume son choix et compte multiplier les recettes provenant de l'éducation internationale. Il vise les « 4,4 milliards de dollars néo-zélandais d'ici à 2027. »