Saviez-vous que les travailleurs mexicains passent en moyenne 45,8 heures au bureau par semaine, tandis que leurs homologues allemands en font 33 heures en moyenne pour les femmes et 40 heures pour les hommes ? Explorons les disparités mondiales en matière de durée de travail et de perception des horaires de départ du bureau.
Une « longue journée de travail », c'est quoi ?
La définition d'une longue journée de travail varie d'un pays à l'autre. Ça peut être une question de durée légale, de norme sociale, ou simplement de perception individuelle ou d'un groupe. En fait, dans certains pays, comme le Japon, une journée de travail de 10 à 12 heures est souvent considérée comme normale, tandis qu'en France, dépasser les 8 heures peut déjà être perçu comme excessif (sur le papier, mais certains expérimentent souvent le fait que partir à l'heure au travail soit « mal vu », mais nous y reviendrons).
Plusieurs éléments jouent un rôle dans la perception de la longueur d'une journée de travail. La culture nationale, par exemple, est bien sûr le facteur déterminant. Au Japon, la culture du « karoshi » (mort par excès de travail) est tristement célèbre, tandis que dans les pays du Nord de l'Europe, comme la Suède ou le Danemark, l'équilibre travail-vie personnelle est valorisé. Le secteur d'activité et le niveau hiérarchique sont également cruciaux. Dans les services financiers, il n'est pas rare de voir des employés travailler jusqu'à tard dans la nuit, en particulier dans des postes de direction. Chose similaire dans les startups.
Selon les données de l'OCDE en 2023, le Mexique détient depuis longtemps le record de la durée de travail annuelle d'une moyenne de 2 207 heures, suivi par le Costa Rica avec 2 171 heures. À l'autre bout du classement, on peut voir des pays comme l'Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas, qui affichent des moyennes respectives de 1 343, 1 380 et 1 413 heures par an. Entre les deux, le Canada affiche 1 865 heures par an, contre 1 799 pour les États-Unis. On constate donc une approche très différente du travail.
Les pays où quitter son poste tôt est mal vu
Dans certains pays, quitter le bureau avant ses collègues est perçu comme un manque d'implication et de motivation. C'est notamment le cas au Japon, où les employés restent souvent au bureau jusqu'à ce que leur supérieur parte, même s'ils n'ont plus de travail à faire. En France, on entend souvent parler de la fameuse phrase « T'as pris ton après-midi ? » dirigée vers ceux qui partent à l'heure. L'avènement du télétravail n'a arrangé en rien cette culture, car beaucoup, travaillant de chez eux, ont été tentés (et le sont encore) de rester de longues heures à travailler puisqu'ils sont déjà chez eux. Chose que certains employeurs normalisent, pouvant conduire bien souvent à l'épuisement professionnel, à des accidents du travail, voire au burn-out.
Et puis, ne pas respecter ces normes peut avoir des répercussions lourdes. Par exemple, dans les pays où le présentéisme est valorisé, ceux qui partent tôt risquent de voir leurs opportunités de carrière se réduire, car perçus comme moins ambitieux ou moins dévoués.
Pourquoi travaille-t-on autant ?
Dans des pays où l'économie est en plein essor, comme la Chine, les longues heures sont souvent nécessaires pour répondre aux exigences du marché. Au contraire, dans des économies plus stables comme celles des pays d'Europe du Nord, la durée du travail est plus encadrée, permettant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Les aspirations individuelles et le besoin d'équilibre sont de plus en plus pris en compte. Comme nous le disions (ce qui se confirme le plus dans les pays occidentaux), la tendance est à la réduction du temps de travail pour améliorer la qualité de vie. Cependant, dans d'autres régions du monde, comme en Asie, la pression sociale reste forte pour accumuler les heures.
En règle générale, travailler tard impacte négativement les relations sociales et familiales. Le manque de temps pour les loisirs et la famille peut engendrer des frustrations, des conflits familiaux et un isolement social. Enfin, ce qui est paradoxal, c'est que les études montrent que dépasser un certain nombre d'heures de travail hebdomadaires réduit la productivité. En effet, des travailleurs fatigués (mentalement et physiquement) et stressés sont moins performants. Conséquence : les erreurs se multiplient, réduisant donc la qualité du travail.
Vers un nouvel équilibre
Mais les choses commencent à évoluer. En France, par exemple, la loi « Droit à la déconnexion » incite à respecter les horaires de travail et à limiter les communications professionnelles en dehors des heures de bureau. De plus en plus d'entreprises adoptent des politiques favorisant un meilleur équilibre travail-vie personnelle, même dans des pays traditionnellement marqués par une culture du présentéisme.
On parle aussi beaucoup de la semaine de 4 jours (tout en conservant la même rémunération), notamment expérimentée à grande échelle au Royaume-Uni en 2022. Et ce fut un réel succès puisque 92 % des organisations ont souhaité poursuivre l'expérimentation et une vingtaine d'entreprises au total ont adopté de manière permanente cette nouvelle manière de travailler.
Le choix d'un futur expatrié
Concernant les futurs expatriés, le choix d'aller vivre dans un pays ou non peut aussi dépendre du nombre d'heures travaillées. Par exemple, si vous vivez en Europe et que vous recevez une offre d'emploi au Mexique ou encore en Chine, si votre équilibre vie personnelle-vie professionnelle est important pour vous, il sera sûrement nécessaire de réfléchir à votre avenir et à ce que vous voulez vraiment avant de vous lancer. Oui, car ça peut avoir un impact significatif sur votre intégration dans le pays et votre bien-être. En effet, effectuer un grand nombre d'heures de travail pourrait donner moins d'espace pour les interactions sociales en dehors du travail, pour apprendre la culture ou encore connaître la ville dans laquelle vous déménagez. Bien entendu, travailler plus permet d'en apprendre plus, surtout pour les jeunes diplômés ou les carriéristes, et une première expérience peut être bénéfique pour tester leurs limites et postuler ensuite pour des postes plus importants partout dans le monde.
Tout est une question de culture, de choix et de besoins personnels.