Tour du monde des bonnes manières : évitez les impairs culturels à l'étranger !

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Écrit par Helena Delbecq le 27 septembre, 2024
« La politesse coûte peu et achète tout », écrivait Montaigne. S'il est évident que se montrer poli facilite nos relations, encore faut-il connaître les codes propres à chaque pays ! Croyant se montrer affable en serrant quelqu'un dans ses bras en guise de salutations, on risque de passer pour grossier dans une culture qui fuit les contacts physiques… Tour d'horizon de certains codes de politesse, connus et moins connus, à travers le monde.

L'art de saluer poliment

Quel expatrié n'a pas été un peu surpris par le « Hi, how are you ? » des Américains alors qu'on est simplement en train de tendre ses courses à un employé de magasin ? Là où on ne vous accorderait qu'un simple regard en Europe, on semble outre-atlantique se préoccuper un peu plus de vous. Bien évidemment, il ne s'agit que d'une question rhétorique. L'employé ne s'attend pas à ce que vous déballiez vos états d'âme en même temps que vos courses. Mais ce serait manquer un peu de courtoisie que de ne pas saluer les gens par cette question si habituelle aux États-Unis.

On connaît bien aussi les courbettes japonaises (o-jigi) même si l'on n'est jamais certain de savoir comment et jusqu'où il faut s'incliner. A vrai dire, les Japonais ne s'attendent pas vraiment à ce qu'un expatrié étranger pratique ce genre de salut. Vous pouvez simplement incliner légèrement la tête. Pour les Japonais eux-mêmes, en revanche, le salut est un art, allant de l'informel au très formel et traduisant toute la gamme de respect dû à un interlocuteur donné. Il n'est pas incongru d'avoir des formations en entreprise pour savoir de quelle manière saluer dans les formes.

On évitera bien sûr la bise à la française dans les pays asiatiques et même dans certains pays européens tels que l'Allemagne où se répand plutôt dernièrement une forme de “hug” (entre amis) probablement héritée des États-Unis. La manière de faire cette accolade n'est d'ailleurs pas uniforme. Le « hug » est plutôt léger aux États-Unis et se pratique dans un contexte un peu plus large qu'en Allemagne.

La poignée de main quant à elle s'effectue plutôt avec vigueur aux États-Unis tandis que trop énergique, elle est perçue comme impolie dans certains pays. En Turquie, il convient de maintenir cette poignée pendant un certain laps de temps. Au Maroc, elle sera légère et seulement adressée à quelqu'un du même sexe !

Même s'il est beaucoup plus rare de s'expatrier au Tibet, ne soyez pas offusqué si on vous tire la langue en guise de salutation. On ne se moque pas de vous, loin de là ! Ce geste vient d'une coutume consistant à montrer qu'on n'est pas une réincarnation du cruel roi Lang Dama (IXe siècle) qui avait, paraît-il, la langue noire. Aujourd'hui, les Tibétains tirent toujours, légèrement et brièvement, leur langue en guise de salut.

Politesse dans le rapport à l'espace (personnel) et au temps

Vous avez du mal avec ces personnes qui vous parlent de trop près ou qui aiment les contacts physiques ? Des chercheurs de l'université d'Oxford et d'Aalto ont montré que pour certaines cultures, le contact physique est un moyen important de maintenir les relations sociales. Le problème est que nous n'avons pas tous la même tolérance au contact. Il convient du moins d'en connaître les codes et ne pas s'en étonner lorsqu'on vit par exemple au Brésil.

Évitez par contre de montrer la même proximité physique en Suède où « l'espace personnel » est plus strictement respecté, même entre amis proches. Roger, un expatrié américain dans le pays, se rappelle qu'il avait l'habitude de se tenir trop près des gens lors des conversations. Ce n'est qu'au bout de plusieurs mois qu'il a compris pourquoi ses interlocuteurs semblaient ressentir un certain malaise (Reddit).

Concernant le rapport au temps, tout le monde connaît la ponctualité légendaire des Japonais, des Allemands et des Suisses. Savez-vous qu'il est même attendu dans ces pays d'arriver un peu en avance ? C'est surtout vrai dans un contexte professionnel. Samantha, une expatriée britannique à Berlin, se souvient avoir surpris ses collègues en arrivant « seulement » à l'heure lors de sa première réunion professionnelle.

La ponctualité peut donc être plus qu'une simple courtoisie : c'est une valeur fondamentale, signe de respect, dans certains pays.

Il y a aussi des cultures où le concept même du temps est plutôt flexible ! Au Mexique, l'expression « ahorita », qui se traduit littéralement par « tout de suite », peut être interprétée de différentes manières en fonction du contexte. Parfois, cela peut signifier dans quelques minutes, mais dans d'autres cas, cela peut s'étendre à des heures… Il en est de même en Chine où le « Mashang » (« tout de suite » ou « à dos de cheval » littéralement) est un concept temporel plus ou moins élastique…

Politesse et communication

On connaît l'importance de la communication indirecte et du concept de face en Chine. « La face est à l'homme ce que l'écorce est aux arbres », énonce un dicton. Vous vous devez de préserver la face de votre interlocuteur, en ne lui signifiant pas trop frontalement votre désaccord en public, par exemple. Le concept peut prendre des nuances très complexes.

En réalité, il ne s'agit pas seulement de ne pas faire perdre la face mais tout aussi important : « d'en donner » (Gěi miànzi). Cela peut se manifester en mettant en avant les réussites de quelqu'un, en le complimentant publiquement ou en lui confiant des responsabilités.

Sarah, une expatriée américaine travaillant à Shanghaï, raconte qu'elle a réussi à renforcer les relations avec ses collègues chinois en les félicitant publiquement lors de réunions, ou en leur demandant conseil sur des projets. Elle a remarqué que ces gestes avaient non seulement amélioré l'ambiance de travail, mais aussi favorisé sa propre acceptation au sein de l'équipe (reddit).

La communication indirecte n'est pas la spécificité du Japon. En Inde aussi, notamment dans le contexte professionnel, il est courant d'utiliser des insinuations ou des allusions pour exprimer des opinions ou des désaccords, moyen de préserver l'harmonie sociale et d'éviter les confrontations directes. Le langage corporel, le ton de la voix, et les expressions faciales jouent un rôle important pour décrypter des messages subtils. Nombreux sont les témoignages d'expatriés qui finissent par comprendre qu'un « peut-être » ou qu'un « nous verrons » signifient en réalité un refus.

Dans notre communication avec les autres, on a tendance à éviter à tout prix le silence, perçu comme gênant. Est-ce donc qu'on n'aurait vraiment rien à se dire?

Dans certaines cultures, au contraire, des moments de silence sont valorisés dans la conversation. En Finlande, par exemple, le silence est perçu comme naturel et souvent interprété comme un signe de réflexion ou de respect. Les Finlandais considèrent que chaque mot compte, et il n'est pas rare que les conversations incluent des pauses silencieuses. C'est une forme de communication en soi !

Laura, une expatriée canadienne vivant en Finlande, se souvient d'une réunion avec ses collègues finlandais où d'assez longs moments de silence régnaient après chaque intervention. Au début, elle trouvait cela inconfortable et pensait que ses idées n'étaient pas bien accueillies. Elle a ensuite compris que ces pauses étaient le signe que ses collègues réfléchissaient sérieusement à ce qu'elle avait dit, et que le silence était peut-être un moyen de montrer du respect pour ses idées.

Façons de remercier, de prendre congé, de se conduire à table ou dans la rue, on n'a pas fini de décliner les mille nuances de la politesse dans une culture donnée !

Et la courtoisie au volant?

Piétons, prenez garde ! Dans certains pays, ne partez pas du présupposé que les voitures s'arrêtent forcément quand vous traversez au passage piéton. Si cela paraît tout à fait normal en Suisse, au Japon ou au Canada vous risquez d'avoir de mauvaises surprises en Chine, par exemple, où les automobilistes chercheront plutôt à vous esquiver qu'à s'arrêter franchement. Dans les grandes villes du pays, les mentalités ont cependant tendance à évoluer et on laisse passer les piétons beaucoup plus régulièrement, dans la crainte notamment des caméras de surveillance.

Tandis que dans certains pays on vous fait un appel de phare pour vous remercier d'un geste civique, dans d'autres, il faudra interpréter cet appel comme un avertissement de la présence proche de la police ou encore, comme un signalement que vous êtes beaucoup trop lent sur l'autoroute en Allemagne ! Ne restez surtout pas sur la voie de dépassement à gauche si vous ne maintenez pas votre allure à une très haute vitesse (pour les autoroutes à vitesse illimitée en Allemagne). D'ailleurs, dans de nombreux pays, vous êtes censé vous ranger aussitôt sur la voie de droite après votre dépassement alors que beaucoup monopolisent la voie du milieu, à vitesse de croisière constante.

Mais voilà qu'on vous dépasse par la droite ? Si cette attitude est saluée par des coups de klaxons en France, elle est tout à fait courante en Chine ou en Inde. Le klaxon est d'ailleurs utilisé pour tout et n'importe quoi dans certains pays alors qu'il est interdit et perçu comme offensant si vous l'utilisez autrement que pour prévenir d'un danger. Certaines villes quant à elles ont leurs petites particularités : les conducteurs parisiens sont connus pour pousser votre véhicule sans trop de ménagement quand ils cherchent à se garer. Oser toucher en revanche la voiture d'un Allemand ? Mieux vaut avoir une bonne assurance !

A propos de Helena Delbecq

Titulaire de l’Education nationale et d’un Master II en Politiques linguistiques, j’ai eu l’opportunité de vivre au Japon et en Chine et suis actuellement basée en Allemagne. Mes activités se déclinent autour de la rédaction et de l’enseignement.