Les nombreux défis de l'entrepreneuriat en couple
Un bon contrat de mariage et un business plan réfléchi !
À l'instar du mariage, la question est de savoir si la création d'entreprise à deux repose sur un projet solide et une vision commune. La première étape est donc de sonder les objectifs qui vous animent profondément, la nature précise des activités et des produits, les moyens par lesquels proposer vos services ou vos produits. En somme, il s'agit de bâtir un business plan comme on le ferait pour toute entreprise, qu'elle soit individuelle ou à plusieurs collaborateurs, en laissant de côté les aspirations de couple sans contour réellement défini. Le feu d'une passion commune risque en effet de ne pas suffire pour établir les fondements d'une entreprise durable et lucrative !
Beaucoup de sites Web vous aideront à jeter les bases d'une stratégie solide. Consultez, par exemple, le rappel effectué par un article de Forbes ou faites-vous conseiller par l'un des organismes d'aide à la création d'entreprise. En France, vous pouvez notamment consulter l'agence France entrepreneur ou encore le site du service public qui rappelle les étapes essentielles pour définir sa stratégie business.
La juste répartition des rôles
Pas question non plus de laisser place à l'improvisation quant aux fonctions et responsabilités de chacun des deux entrepreneurs ! Nous ne filerons pas plus loin la métaphore des tâches ménagères mal réparties et du désastre que cela peut occasionner…
Il est important en effet de mener une réflexion sur la répartition des rôles au sein de l'entreprise, en fonction des compétences personnelles et professionnelles de chacun. Faute de quoi, on risque l'éparpillement et l'inefficacité, comme avec n'importe quel associé.
Or, on manque souvent de lucidité sur ce qui constitue nos forces individuelles. En prendre conscience peut vous aider significativement dans la création ou la gestion de votre entreprise commune. Le test de référence est le CliftonStrenghts réalisé par l'Institut Gallup. ll existe une version gratuite en ligne vous permettant de définir vos principaux atouts. Vous pouvez autrement avoir recours à pléthore de tests de personnalité ou de compétences, en ligne. Si vous souhaitez un accompagnement précis, il est également possible de réaliser un bilan de compétences avec un professionnel, procédure certainement utile dans tout projet de réflexion personnelle et de réorientation professionnelle, seul ou en couple.
Parvenir à séparer vie professionnelle et privée
Un troisième écueil majeur est la porosité entre la vie familiale et professionnelle quand on gère une entreprise en couple. Vivre et travailler ensemble risque en effet de mener à des sujets de conversation quelque peu répétitifs et envahissants : le business, ses difficultés et/ou réussites ! Pour séparer vie professionnelle et privée, tentez de vous imposer des règles comme le fait de ne pas parler boulot une fois chez vous. Vous travaillez justement chez vous ? Si cela est pesant, considérez les espaces de coworking présents dans la plupart des grandes villes ou bien dédiez dans votre logement une pièce de travail bien spécifique. Vous supportez difficilement d'être l'un sur l'autre à longueur de journée ? Différenciez à ce moment-là les lieux de travail si vous en avez la possibilité (deux bureaux ou deux espaces bien différents).
La liste des défis est encore longue quand on travaille ensemble, de surcroît quand on vit à l'étranger !
À quoi prendre garde pour son entreprise commune à l'étranger?
Obtenir un visa entrepreneur
Les aspects liés au visa sont à prendre en considération au premier chef ! Si vous n'avez pas besoin d'autorisation de séjour en tant que ressortissant de l'Union européenne (UE) exerçant dans un autre pays de la zone, il faudra bien entendu vous préoccuper de cette question pour tout autre pays en dehors de l'UE.
De nombreux États accordent spécifiquement des visas pour entrepreneurs. C'est le cas, par exemple, de l'Australie, de l'Estonie, de l'île Maurice, du Danemark, de Taïwan, du Royaume-Uni, pour ne citer que quelques destinations. Attention, il faut prêter spécifiquement attention aux conditions requises pour obtenir ce type de visa. Pour le Canada, par exemple, votre entreprise doit premièrement bénéficier d'un soutien (de la part d'un incubateur business, par exemple). Elle doit ensuite faire preuve d'innovation et constituer un apport notable pour l'économie du pays d'accueil (création d'emplois locaux, par exemple). Il n'est pas rare de devoir apporter également l'assurance de certains revenus (montants différents en fonction des pays).
Votre entreprise n'a pas une telle envergure ? Visez à ce moment-là plutôt les visas de nomade digital, par exemple, si votre activité se prête au travail à distance. L'inconvénient est que ce type de visa est en général accordé pour une durée assez limitée (un an ou deux) et qu'il ne s'adapte peut-être pas à la vision de votre entreprise sur le long terme. Tout dépendra de la nature de votre activité professionnelle et des conditions exactes offertes par le pays cible. Pour faciliter l'obtention d'un visa, une solution pourrait aussi consister à être employé dans un premier temps par une entreprise locale et obtenir un permis de résidence dans le pays, avant de fonder sa propre entreprise.
Les aspects légaux et juridiques à ne pas négliger
Certains pays imposent des conditions spécifiques aux entrepreneurs étrangers et cela est assurément à prendre en compte ! En Chine, par exemple, il faut être au fait des différentes procédures et réglementations encadrant l'ouverture d'un établissement étranger dans le pays. Il est notamment crucial que le champ d'activité enregistré pour votre entreprise reflète scrupuleusement les activités réelles de cette dernière, certaines étant très réglementées. Il sera très compliqué pour un couple étranger en Chine d'ouvrir une entreprise en lien avec le domaine de l'éducation (école de langue, par exemple) tant ce secteur est contrôlé.
Il vous faut également prêter attention à des questions telles que le capital à apporter, la question du statut légal des collaborateurs de l'entreprise selon le droit du pays où vous résidez. Êtes-vous associés à part égale? Autant de questions à considérer et qui dépendent du statut de l'entreprise et du droit local. Il peut être avisé de consulter un avocat spécialisé même dans des cas moins complexes que l'ouverture d'une entreprise en Chine.
La question cruciale des finances et de la fiscalité
Enfin, la question des finances et de la fiscalité est de taille. On sait que c'est le nerf de la guerre et cet aspect est d'autant plus exacerbé quand tous les revenus du foyer dépendent de la même source ! D'où l'importance de disposer d'un business plan solide et de connaître tous les aspects légaux (investissements et responsabilité financière en fonction du statut de l'entreprise).
Côté fiscalité, vous serez en principe imposable dans le pays où vous menez votre entreprise. Mais la question de la résidence fiscale quand on vit à l'étranger est parfois très complexe ! Il est recommandé de vérifier s'il existe une convention fiscale entre le pays dont vous avez la nationalité et celui où vous avez votre activité entrepreneuriale (accords disponibles le cas échéant sur le site internet des ministères de l'Intérieur et des Impôts). Les accords fiscaux mettent en place des règles permettant de trancher sur des cas problématiques et d'éviter des situations de double imposition. Le recours à un conseiller fiscal peut être utile pour les cas complexes.
On le voit, les précautions à prendre sont nombreuses quand on se lance dans une aventure entrepreneuriale commune, d'autant plus à l'étranger ! Avec une bonne préparation et des informations spécifiquement adaptées au pays cible, vous pouvez néanmoins vivre une des expériences les plus enrichissantes qui soient et fédératrice à bien des égards de votre couple d'entrepreneurs.
