Expatriés au cœur des troubles politiques au Moyen-Orient : partir ou rester ?

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Écrit par Ameerah Arjanee le 11 octobre, 2024
La situation entre Israël, la Bande de Gaza et le Liban a plongé le Moyen-Orient dans l'instabilité et l'incertitude. Ces dernières semaines, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et la Turquie, ont choisi de faire évacuer leurs concitoyens expatriés des zones touchées. Comment cette situation influence-t-elle les projets et le quotidien des expatriés dans la région ?

Les gouvernements évacuent leurs citoyens expatriés au Liban

Les violences ont éclaté le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a lancé des attaques coordonnées en Israël, entraînant des frappes aériennes israéliennes sur Gaza en réponse. Un an plus tard, le conflit persiste. Le Liban est désormais impliqué, suite à l'entrée de l'armée israélienne sur son territoire en octobre 2024. Plusieurs pays ont activé des mesures d'urgence pour évacuer leurs ressortissants, alors que le Liban subit des bombardements israéliens, touchant également la capitale, Beyrouth, où vivent de nombreux expatriés.

La semaine dernière, le gouvernement britannique a commencé à affréter des vols pour évacuer ses 5 000 citoyens résidant au Liban, dont beaucoup possèdent la double nationalité. Selon des témoignages, ces expatriés ont eu seulement quelques heures pour rassembler leurs affaires et quitter le pays. Certains ont dû laisser derrière eux les membres de leur famille de nationalité libanaise ou encore leurs animaux de compagnie.

Tandis que le Royaume-Uni a envoyé des avions, la Turquie a dépêché deux navires de guerre pour évacuer environ 2 000 de ses ressortissants au Liban. Le gouvernement turc a précisé qu'il pourrait également mobiliser des avions pour évacuer les 12 000 citoyens turcs restants, si nécessaire. Environ 70 ressortissants chinois ont également été évacués par voie maritime, à la demande de l'ambassade de Chine à Chypre, l'un des pays européens les plus proches.

Certains pays se préparent encore, comme les États-Unis, qui ont déployé des troupes à Chypre en prévision d'une éventuelle évacuation. L'Allemagne a déjà rapatrié le personnel non essentiel de ses ambassades ainsi que ses citoyens ayant des problèmes de santé, sans toutefois évacuer l'ensemble de ses ressortissants.

Ces expatriés qui choisissent de rester

L'année dernière, après le début du conflit, certains Palestiniens détenteurs de la double nationalité ont été évacués via l'Égypte, tout comme de nombreux Israéliens binationaux. Selon des médias locaux, environ un demi-million de résidents d'Israël ont quitté le pays après l'attaque du 7 octobre lors du festival de musique de Re'im. Une étude de l'Université hébraïque révèle que 80 % des Israéliens vivant à l'étranger ne prévoient pas de retourner au Moyen-Orient en raison de l'instabilité actuelle, tandis que l'arrivée de nouveaux immigrants en Israël a diminué de moitié.

Malgré le contexte actuel, tous les expatriés ne choisissent pas de partir. Sur le forum d'Expat.com, un expatrié américain vivant en Israël confirme son intention de rester dans le pays, conscient des risques associés à son choix d'installation. Il précise que la région nord d'Israël, où il réside, est rarement la cible d'attaques, malgré quelques alertes aux raids aériens par le passé. Cette situation ne remet pas en cause sa détermination à vivre en Israël. Selon CBS News, de nombreux Américains expatriés considèrent désormais ce pays comme leur véritable patrie, en particulier ceux qui y sont installés depuis plusieurs décennies. Certains ont déjà connu d'autres périodes de volatilité politique, comme la guerre du Golfe, et estiment que la situation actuelle finira par s'améliorer.

Quelle est la situation des expatriés vivant dans d'autres pays du Moyen-Orient qui, bien qu'épargnés par la guerre, pourraient néanmoins subir les conséquences de l'instabilité régionale ? Sur le forum d'Expat.com, des expatriés au Bahreïn et au Qatar affirment qu'ils n'ont pas l'intention de déménager, signe de résilience face à l'incertitude. Un expatrié pakistanais souligne que ceux issus de pays en développement sont souvent moins enclins à quitter leur poste, en raison de la pression financière qu'ils ressentent pour soutenir leur famille restée au pays.