D'où viens-tu Jessica, que faisais-tu avant de vivre au Canada et que fais-tu actuellement ?
J'ai l'habitude de dire que je suis de Paris (ça va plus vite) mais je viens plus précisément de l'Essonne et avant de venir au Canada, j'étais en CDI depuis 1 an et demi en tant que Chargée de recrutement dans une entreprise de grande distribution.
Je travaille actuellement en tant que Conseillère en développement RH dans un groupe scolaire catholique francophone pour un contrat de 1 an. Cela n'a pas l'air très fun dis comme ça mais c'est vraiment sympa : je suis rattachée au DRH et je m'occupe de différents projets. Mes missions peuvent aller de la rédaction de communication RH interne en passant par la mise en place des indicateurs RH jusqu'à la création de tout un processus d'évolution des enseignants vers des postes de directeurs d'école.
Pourquoi as-tu choisi la ville de Toronto ? Depuis combien de temps y vis-tu ?
Je suis arrivée en Septembre 2014.
J'ai choisi Toronto car c'est une grande ville que certains comparent à un « petit New York » (je confirme un PETIT New York). La deuxième raison est que énormément de Français choisissent Montréal et ont du mal à trouver un emploi là-bas car il y a beaucoup de concurrence.
Toronto est la capitale économique et je me suis dit qu'à défaut d'avoir un niveau d'anglais suffisant pour éviter les «can you repeat please» quotidiens, mon français pourrait être contre-balancé et être un atout ici.
Comment s'est passée ton installation au pays ? As-tu rencontré des difficultés concernant les formalités (visas, permis de travail etc.) que tu as dû passer pour ton expatriation ?
J'ai été extrêmement chanceuse dans toutes mes démarches et dans mon installation. Le PVT Canada est un peu considéré comme une loterie aujourd'hui car il y a peu de places et un nombre incroyable de demandes, mais j'ai eu la chance d'obtenir le mien assez facilement.
Une fois arrivée à la douane à l'aéroport c'est simple, il suffit de montrer le papier et on obtient son visa d'un an !
J'avais également l'attestation d'assurance et la preuve de fond de ma banque avec moi au cas où mais cela ne m'a même pas été demandé.
J'ai trouvé une colocation en quelques jours et ensuite, après seulement deux entretiens, j'ai trouvé un emploi dans mon domaine. Comme je disais, j'ai été très chanceuse...
Que peux-tu nous dire sur ton expérience Permis Vacances-travail au Canada ? Que t'a-t-elle apporté ?
Alors, je dois avouer que cette aventure, je l'ai décidé un peu sur un coup de tête : un matin ma collègue de l'époque est arrivée en me parlant du PVT et je me suis dit pourquoi pas ! J'avais tout en France : un emploi en CDI, des amis, ma famille mais j'avais besoin de changement et de tenter une nouvelle aventure.
Cela va bientôt faire un an que je suis à Toronto et je pense que ça a été l'année la plus riche que j'ai vécue. J'ai énormément appris sur moi, je me suis rendue compte que, malgré une certaine réserve, j'arrivais à rencontrer des gens facilement, être plus ouverte et encore plus curieuse que je ne l'étais. J'ai aussi découvert que je pouvais vivre en colocation, moi qui ai vécu seule pendant 6 ans, c'était pas gagné !
J'ai pris pas mal de recul sur ma vie je pense, je réalise au fil des mois que mon environnement affectif est essentiel et que la famille et les amis me manquent beaucoup plus que ce que je n'aurais imaginé.
T'es-tu facilement adaptée à la population canadienne ?
Oui, je n'ai eu aucun problème : tout le monde est plutôt sympa.
Et puis comme dans de nombreux endroits dans le monde : le « french accent » aide beaucoup et marche toujours avec un sourire !
Qu'en est-il du coût de la vie à Toronto ?
Le coût de la vie à Toronto est assez élevé, on n'est pas encore au niveau de Vancouver ou Paris mais pas loin ! Les appartements sont assez chers dans le centre et pour tout ce qui est nourriture c'est comme partout, cela dépend de ce que vous voulez manger.
Les transports coûtent aussi très chers : seulement 2 lignes de métros principales pour le « doux » prix de 141 $ par mois.
Quelles sont les différences qui t'ont le plus marqué entre le mode de vie français et le mode de vie canadien ?
Ayant vécu toute ma vie à Paris, j'ai un rythme assez rapide que certains qualifieront de rythme « parisien » : marcher vite, être toujours dans le speed pour prendre un métro, ne pas aimer faire la queue...
Au Canada c'est différent : les gens sont plus calmes et patients. Je n'ai encore jamais entendu quelqu'un râler à cause du retard d'un métro. Enfin si, pardon, un Français !
Il existe une vraie différence au niveau de tout ce qui est soirée aussi : au Canada ils sortent tôt car tout ferme vers 2h ou 3h du matin. Alors quand on a l'habitude en France de prendre l'apéro, manger etc., sortir vers minuit, ça complique un peu. On est toujours en retard du coup, après 10 mois je n'ai toujours pas réussi à m'adapter à leur rythme !
Le rythme de travail est également différent : les gens travaillent pour la plupart 35h par semaine en commençant vers 8h30 et finissant vers 16h30. En France, je faisais en moyenne 50h par semaine donc là, ça laisse beaucoup plus de temps libre pour notre vie personnelle.
Les rapports hommes/femmes aussi sont différents : ce sont les femmes qui draguent ici ! Et il est fréquent que les gens fréquentent plusieurs personnes pendant souvent plusieurs mois avant de se dire être en couple. C'est ce qu'ils qualifient de « multidates ».
Une anecdote particulière que tu aimerais partager avec nous ?
Une petite anecdote sur le jour où j'ai voulu skier au Canada. On m'avait prévenue que l'hiver était rude mais j'arrivais plutôt bien à m'y faire malgré plusieurs mois avec des températures entre -10 et -25°.
J'avais acheté ma doudoune, mes bottes donc j'étais équipée pour survivre tout l'hiver. Jusqu'au jour où on a décidé d'aller skier au mois de Février : grand soleil, ciel bleu mais -32°...
Je pense que ce jour-là j'ai passé plus de temps à me préparer à aller sur les pistes qu'à skier. On n'était pas encore descendu du télésiège que nos cheveux et cils avaient déjà gelé. C'est une sensation assez étrange, on se serait cru dans le film Rasta Rocket.
Quels sont tes loisirs ? Comment occupes-tu ton temps libre à Toronto ?
J'ai la chance d'avoir une salle de sport à 3 min à pied de chez moi donc cela fait partie de mes occupations. Sinon cela dépend : cinéma, patinoire, restaurant et soirées entre amis.
Durant l'été on peut facilement profiter des plages, de Toronto Islands et des nombreux festivals gratuits qui ont lieu partout en ville.
J'ai aussi intégré une association depuis le mois de février afin de parler un peu plus anglais (mon travail étant quasiment à 100% en français). On organise des évènements pour récolter des fonds afin de venir en aide aux chiens errants en Inde (oui, je sais ce n'est pas très canadien tout ça).
Quelles sont tes spécialités culinaires préférées ?
Alors, comment dire, la gastronomie canadienne n'est pas vraiment très réputée surtout quand on vient de France. Hormis la Poutine, spécialité québécoise, et les pancakes au sirop d'érable, la seule spécialité qu'il faut goûter : les « queues de castor ». Une pâtisserie avec une base sur une espèce de beignet et souvent recouverte de chocolat, smarties, nutella, Oreo ou autre. Au moins 1 000 calories par bouchée mais ça vaut le coup !
Des projets d'avenir ?
Certainement la question la plus difficile à laquelle je dois répondre aujourd'hui...
J'ai réussi à obtenir un visa de deux ans de plus mais mon contrat actuel se termine en novembre 2015 et je dois avouer que je ne sais pas encore trop ce que je ferais ensuite.
J'ai prévu quelques vacances pour commencer avec un road trip de 3 semaines au Pérou et en Bolivie donc on verra ensuite où se posent mes valises.
Quels conseils souhaiterais-tu donner aux jeunes expatriés qui aimeraient aller s'installer au Canada ?
Je pense que pour venir s'installer au Canada il faut être très ouvert et prêt à accepter des petits boulots pour commencer. J'ai eu beaucoup de chance de trouver un poste rapidement mais je m'étais dit que si je ne trouvais pas dans mon domaine le 1er mois, je postulerais ensuite dans des cafés, restaurants, boutiques etc. pour au moins acquérir une première expérience canadienne.
Mon deuxième conseil serait d'essayer de participer à des «meet up» en arrivant. Il s'agit de soirées de networking qui permettent de se faire de nombreux contacts et de ne pas rester seul dans une ville inconnue.
Mon dernier conseil serait de ne pas hésiter une seule seconde, quels que soient les freins qui peuvent vous faire hésiter en partant, on en apprend sur soi, sur les autres et on découvre plein de choses. Et puis au pire si cela ne marche pas ? Et bien on rentre et on retrouve tout simplement notre famille et nos amis !
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