Madame Record, Quel a été votre parcours avant d'arriver au CCIFER ?
J'ai suivi des études en Sciences Politiques et en Relations internationales puis travaillé dans la communication, le secteur des nouvelles technologies et les programmes européens. J'ai eu la chance de travailler avec des publics très intéressants : entrepreneurs, autorités publiques, grandes entreprises.
J'ai commencé à travailler à la CCIFER en 2007, de retour d'une expatriation aux Émirats arabes Unis où j'avais travaillé pendant 3 ans pour le bureau local de Médecins sans Frontières. Une expérience extrêmement enrichissante professionnellement et personnellement au croisement d'un monde pluriculturel et multidisciplinaire. Le travail que j'ai fait pour MSF m'a permis de prendre connaissance des trois facteurs essentiels pour faire avancer les choses : savoir bien s'entourer, travailler avec une équipe opérationnelle convaincue et convaincante, et disposer des compétences techniques nécessaires. La bonne volonté, seule, ne suffit pas.
En arrivant en Roumanie, qu'est-ce qui vous a le plus surpris personnellement ?
Le retour en Roumanie a été surprenant. J'ai trouvé un pays européen disposant d'un potentiel humain important et d'une marge de développement conséquente. Beaucoup de choses étaient à construire. Lorsque l'on travaille en Roumanie, on est habité par des sentiments divers : parfois, les projets n'avancent pas au rythme que l'on souhaite, parfois, on met en place des projets extrêmement novateurs avec pourtant peu de moyens.
Aujourd'hui la Roumanie a en partie rattrapé son retard par rapport aux autres pays européens. Il possède des points d'excellence dans certains secteurs et des zones d'améliorations dans d'autres. Les compétences et la capacité extraordinaire des gens à s'adapter et à apprendre sont restés intacts au fil des ans.
Vous œuvrez au sein de la Chambre de Commerce Française en Roumanie en tant que Directrice. Quel est le but de l'organisme ?
La CCIFER œuvre, à travers ses activités, à renforcer la voix de la communauté française dans un marché stable, durable, dans le cadre d'une relation de partenariat. Nous avons plusieurs rôles : animer la communauté d'affaires franco-roumaine, porter sa voix dans le dialogue public, accompagner les entreprises françaises qui souhaitent s'y installer. Je dirais que notre rôle principal est de créer et d'entretenir une dynamique qui profite à tous : nos adhérents, leurs employés et la Roumanie.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la culture du business en Roumanie ?
Faire des affaires en Roumanie est facile pour les entrepreneurs et professionnels français. Nombre d'entreprises françaises y sont déjà présentes. Il existe une forte proximité géographique (2h50 en avion depuis Paris), linguistique (le roumain est une langue latine) et culturelle avec l'hexagone. En outre, les Roumains sont multilingues et très ouverts. La société roumaine est multiculturelle et intègre facilement les différences.
La Roumanie attire depuis quelques années de nombreuses entreprises étrangères. Ce phénomène est-il toujours d'actualité ?
Les investisseurs étrangers ont principalement investi dans l'industrie, les services, les télécoms, la distribution. Parmi eux, on compte plus de 3 500 entreprises françaises. Les grands groupes pionniers, qui ont structuré la présence économique française en Roumanie ont été suivies par une multitude de PME. Ces dernières ont tissé de véritables filières dans l'automobile, l'aéronautique, les nouvelles technologies, l'agriculture, etc.
Avec un marché potentiel de 20 millions consommateurs, la Roumanie est également une des économies les plus dynamiques de l'Europe Centrale et orientale. Les entreprises françaises ont été parmi les premières à s'installer en Roumanie et peu ont quitté le pays pendant la crise. Elles ont su s'adapter aux nouvelles réalités, diversifier leurs produits et leurs marchés et valoriser le capital humain.
Les investissements étrangers, un des principaux indicateurs de croissance économique, ont été de 60.19 Mds d'€ à la fin du 2014. Le rôle de pionniers des investisseurs français et leur engagement durable en Roumanie leur assurent une place à part dans le paysage local. Les investissements français ont par exemple la particularité d'avoir continué à se développer dans un contexte économique pourtant difficile et peu propice aux investissements. La France occupe la 5e place en matière d'investissement, derrière les Pays-Bas (23% de parts de marché), l'Autriche (16%), l'Allemagne (12%) et Chypre (7%). Les filiales de groupes français occupent donc une place stratégique et durable dans l'économie roumaine. Elles emploient à elles seules environ 135 000 personnes et sont souvent en 1re ou 2e position dans tous les secteurs-clés de l'industrie et des services.
Qu'en est-il de l'expatriation ? Les étrangers sont-ils nombreux à venir s'installer en Roumanie ?
Officiellement on compte 2 000 Français au consulat. Mais on estime à environ 6 000 les expatriés français en Roumanie. Un grand nombre vient travailler pour les multinationales et vivent entre 3 et 5 ans dans le pays. De plus en plus d'étrangers décident de s'y installer dans la durée. Vivre en Roumanie est devenu un choix, et non plus une contrainte professionnelle. On trouve de plus en plus d'entrepreneurs, qui viennent tenter leur chance dans le secteur de l'informatique, des services aux entreprises, de la gastronomie, etc., et qui se voient difficilement partir d'ici. La Roumanie offre l'avantage d'être un pays proche de la France, agréable à vivre, intéressant fiscalement, riche culturellement et disposant de structures publiques de qualité.
Que vont trouver les expatriés en s'installant en Roumanie, qu'ils n'ont pas forcément dans leur pays ?
Je pense que la Roumanie propose une bonne qualité de vie. C'est en outre une terre d'opportunité. Il faut être capable de faire preuve d'initiative et de courage pour arriver à ses fins. Tout effort est récompensé. Je connais des personnes qui ont lancé leur entreprises il y a 20 ans et ont connu des épreuves comme des réussites. Aujourd'hui, elles peuvent être fières de leur persévérance.
Pour les étrangers qui souhaitent entreprendre en Roumanie, quel accompagnement la Chambre de Commerce Française en Roumanie propose-t-elle ?
Depuis sa création la CCIFER a conseillé plus de 1 000 sociétés dans leur approche du marché roumain : recherche de clients ou de fournisseurs, installation et accompagnement au développement. Nous avons en outre démarré des missions de ciblage et des prises de rendez-vous pour le compte des entreprises. L'incubateur de la CCIFER est la garantie d'être immédiatement opérationnel dans le quartier d'affaires de Bucarest. La CCIFER met à disposition des sociétés françaises ou roumaines des espaces de bureaux pour la domiciliation de siège social, un service de domiciliation postale, ainsi que des postes de travail pour des collaborateurs/V.I.E. Surtout, la CCIFER donne accès à un réseau de professionnel dans tous les secteurs porteurs de l'économie.
Quels sont les secteurs les plus dynamiques et porteurs du moment ?
L'industrie automobile exporte beaucoup de produits, ce qui contribue beaucoup à la croissance économique. En 2014 l`industrie automobile de Roumanie a représenté environ 11% du PIB, pour une valeur globale de 16 Mds d`euros.
Une autre branche à fort potentiel est l'industrie énergétique, qui utilise aussi bien des ressources conventionnelles que non- conventionnelles.
Les autres secteurs porteurs sont l'électrotechnique, l'électronique, les NTIC, la chimie et la pétrochimie, le caoutchouc, les textiles/chaussures/maroquinerie, le traitement du bois, l'industrie alimentaire, l'industrie pharmaceutique, etc.
Quel est votre rôle au quotidien au sein de la CCIFER ?
Le rôle de directeur de la CCIFER est de gérer l'activité opérationnelle de la CCIFER et de créer des ponts entre ses adhérents, le conseil d'administration, les institutions publiques et les partenaires en France. Créée il y a 20 ans, la CCIFER compte aujourd'hui plus de 450 membres et est au cœur d'un réseau de plus de 2000 entreprises et partenaires. Nous mettons en contact les membres autour de projets fédérateurs, les aidons à augmenter leur visibilité et à se positionner en Roumanie. Le savoir-faire français s'exporte bien en Roumanie.
Peut-on dire que La Chambre de Commerce Française joue un rôle fort en Roumanie ?
En 2016, la CCIFER fête ses 20 ans d'existence. Nos presque 500 entreprises membres sont réunies autour de valeurs communes et d'intérêts convergents. Les membres CCIFER représentent aujourd'hui 15% du PIB de la Roumanie et plus de 135.000 emplois répartis à travers de plusieurs secteurs d'activité qui forment l'économie locale.
Nous sommes aujourd'hui l'une des associations professionnelles les plus dynamiques du pays et nous continuerons à mettre en place de nouvelles initiatives pour le dévelop¬pement à long terme des personnes, des entreprises, et de la Roumanie.
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