Frank, qui vit en Allemagne, nous indique que ce confinement n'est pas aussi strict que celui instauré au début de la crise. Les écoles, les bureaux, ainsi que les commerces, sauf les restaurants et les lieux de loisirs, restent ouverts. En ce qui concerne la vie sociale, les rencontres se limitent aujourd'hui à deux familles maximum. « Cette fois-ci, c'est plus embêtant que difficile, sauf, bien sûr, pour ceux qui ont perdu leur emploi et ceux dont l'activité professionnelle s'est arrêtée ».
Tom, un expatrié américain à Stuttgart, accueille favorablement le fait que les bars et cafés, de même que les cinémas, théâtres, salles de sport, salons de coiffure et d'esthétique, ainsi que les événements, soient tous fermés au public. « La plupart des universités sont également fermées depuis le début du printemps. Pour les écoles et les garderies en revanche, une quarantaine de deux semaines maximum est imposée lorsqu'un cas positif est rapporté parmi les enfants. Si plusieurs cas sont découverts, alors c'est l'école toute entière qui ferme ses portes », soutient-il.
Aujourd'hui en Allemagne, le port du masque reste obligatoire dans la plupart des commerces et boutiques, ainsi que dans les transports en commun. Tom fait toutefois ressortir que le port du masque est recommandé, mais pas obligatoire dans la rue. « Les gens doivent observer la distanciation sociale et éviter tout contact physique avec des étrangers ». A Jean Luc, expatrié français en Allemagne, d'ajouter qu'énormément de personnes sont anti-masques. « Pour ma part, j'accueille favorablement les mesures prises par les autorités allemandes. De nombreuses firmes allemandes privilégient aujourd'hui le travail à distance, mais quand ce n'est pas possible, alors le port du masque, l'utilisation des gels hydroalcooliques, la désinfection et l'aération des locaux à des intervalles réguliers, sont des mesures qui s'imposent naturellement », nous dira-t-il. Dans les grandes industries, selon Jean Luc, les horaires de travail ont été modifiés afin de limiter les contacts entre les salariés. Il n'empêche que le nombre de cas d'infection est monté en flèche ces dernières semaines, l'Allemagne comptant, à ce jour, plus de 738 000 cas positifs.
Du côté de la France, Victoria, une expatriée indonésienne, se dit profondément déçue par ces nouvelles mesures. « Je suis musicienne de profession. Mes activités avaient à peine repris que le gouvernement français a annoncé le reconfinement. Il n'empêche que cela m'accordera plus de temps pour entreprendre quelques projets qui traînent depuis quelque temps, comme la rénovation de mon studio ». Maman d'une petite fille, elle nous confie qu'elle prend toutes les précautions nécessaires pour déposer cette dernière à l'école et la récupérer au quotidien. « Je suis en possession d'une lettre officielle qui m'a été remise par l'école de ma fille et que je dois présenter en cas de contrôle policier ». En revanche, l'époux de Victoria reste bloqué à l'étranger en raison de son travail. « Je reste en contact avec mes proches et je travaille en ligne avec d'autres musiciens. Heureusement que nous sommes autorisés à sortir pendant au moins une heure par jour pour prendre l'air. Ce qui me permet de rencontrer quelques amis, même si on ne peut pas faire des sorties ensemble pour l'instant ».
Ben, pour sa part, est salarié d'un groupe qui fait partie des métiers essentiels en France. « J'ai une attestation professionnelle qui me permet de circuler, et en même temps j'applique scrupuleusement les mesures barrières. Comme je suis élu dans ma commune, j'ai également la légitimité de me déplacer », nous dira-t-il. Le seul bémol, selon lui, est la restriction des loisirs, surtout le week-end. « Mais disons que c'est pour le bien commun. Et puis, il faut être réaliste et accueillir toutes les belles choses de la vie avec une certaine gratitude. Restons positif, nous allons nous en sortir et cela collectivement ».
Le Royaume-Uni s'étant également reconfiné, mais pratiquement rien n'a changé au cours des derniers mois. C'est d'ailleurs ce que nous confirme Jeff, un expatrié américain : « La seule chose qui a changé c'est l'obligation de porter un masque presque partout. Aussi, la plupart des pubs, clubs et restaurants sont fermés, sauf ceux qui offrent un service de repas prêts à emporter. Comme nous sommes loin d'être des fêtards et que le port du masque ne nous dérange pas, ce reconfinement ne nous affecte pas de manière significative ». Il estime toutefois que cette situation est largement due au laisser-aller des Britanniques ces derniers mois. « Les gens ne respectaient plus la règle de distanciation sociale, en allant prendre un verre régulièrement dans les pubs et en se serrant les mains. Et voilà le résultat ! ». Si le travail à distance est recommandé dans la mesure du possible au Royaume-Uni, la plupart des bureaux sont ouverts, comme les écoles. Cependant, lorsque des cas positifs sont détectés dans les écoles, les enseignants et les élèves sont tenus de s'auto-isoler et de se soumettre à un test PCR.
Installé en Crète depuis le mois de septembre, Vincent estime que le gouvernement grec est plus que prudent. En revanche, c'est la légèreté des Crétois qui le dérange. « Il faut dire qu'ici, ils ont eu si peu de cas que certains croient que la COVID-19 est une maladie inventée. J'ai dû leur dire que je connaissais personnellement des gens décédés de cette maladie pour qu'on m'accorde une attention polie ». Il dira toutefois que le confinement ne lui semble pas si sévère qu'ailleurs en Europe. « Certes, les commerces non essentiels et les espaces culturels sont fermés, mais nous avons vu beaucoup de commerces ouverts, dont des magasins vendant de la peinture et des tapis. Puis, il est relativement facile d'obtenir l'autorisation de sortir ».