J'ai 40 ans, mariée avec 3 enfants de 8, 6 et 2 ans. Nous habitions auparavant en Bourgogne, à côté de Dijon, mais ma région d'origine est la Lorraine.
Comment t'est venue l'idée de t'installer à Beyrouth?
Avec mon mari, nous avons toujours aimé voyager, chacun seul avant de se connaître, puis à 2, et maintenant en famille avec les enfants. L'expérience de l'expatriation est un souhait partagé et recherché depuis notre rencontre. L'opportunité professionnelle s'est présentée fin 2011 pour mon époux. Nous sommes au Liban, mais cela aurait pu être ailleurs, notamment en Chine où un projet était également envisagé par l'entreprise.
Depuis combien de temps es-tu partie? Est-ce la première fois que tu vis loin de chez toi?
Mon époux est arrivé seul en mars 2012, et la famille l'a rejoint en août. C'est la première fois que nous habitons à l'étranger, mais nous avions chacun déjà quitté notre région d'origine pour nos études, puis pour travailler, avec une mutation professionnelle tous les 3 ans en moyenne. Je dois en être à mon 14ème déménagement en comptant les colocations, studios et chambre d'étudiante... partir ailleurs ne m'a jamais angoissée, on peut même dire que j'aime ça.
Comment s'est passée l'installation?
Elle était préparée depuis l'annonce du départ, soit presque un an auparavant. Les nombreux contacts avec le réseau des expats sur place, via Internet, ont largement facilité notre arrivée. Le logement, l'inscription à l'école, l'achat de la voiture, les bonnes adresses...tout avait été préparé par mon mari sur place depuis 5 mois. Mais les méandres administratifs restent obscurs... La procédure d'immigration est engagée depuis maintenant 10 mois, mais nous n'avons toujours qu'un visa touristique qui nous oblige à sortir du pays tous les 3 mois, et l'obtention de chaque acte officiel est un parcours du combattant.
Les Libanais sont-ils accueillants?
Nous étions invités dès le premier week-end à déjeuner en montagne dans la famille d'un collègue, puis à passer la nuit tous les 5 dans une autre famille que nous voyons toujours régulièrement. Les Libanais sont extrêmement accueillants, ouvrent leur porte et rendent service naturellement. Ils sont pour la plupart francophones, ce qui facilite forcément les échanges.
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Beyrouth/au Liban?
- La présence chrétienne très marquée.
- Les lampadaires publics allumés toute la journée, alors que les Libanais peuvent subir jusqu'à 16 h de coupure par jour.
- La densité du trafic routier, avec des bouchons constants à Beyrouth, et la circulation anarchique, sans aucun respect des règles élémentaires du code de la route.
Quelles sont les différences les plus marquantes avec la France, ton pays d'origine?
- L'ouverture sur le monde.
- L'absence de conscience écologique et environnementale.
- Le rythme scolaire : rigueur et exigence, cours de 7h30 à 15h, pas de mercredi, pas de vacances en octobre ni en février, des devoirs dès la grande section de maternelle.
Quel est ton meilleur souvenir?
Un week-end de camping sauvage en montagne avec des Libanais. Je le raconte en détails sur mon blog. Rien n'est jamais trop organisé à l'avance... A peine arrivés au Liban, nous avons campé à côté d'une rivière qu'il a fallu traverser dans la nuit avec les enfants et le paquetage sur le dos, avec un fil électrique tiré au-dessus de l'eau depuis la batterie de la voiture pour avoir un peu de lumière, des morceaux de mouton à embrocher par terre en-dessous de nos vêtements trempés qui pendaient sur les arbres, et une montagne de brochettes de chamallow pour se cramer les doigts. Rien de très extravagant en soi, mais notre premier souvenir familial raconté aux amis, qui m'a donné envie d'en écrire plus et le point de départ du blog !
Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent depuis que tu es installée à Beyrouth?
En terme d'achats, pas vraiment, on trouve de tout. Mais les prix peuvent être rédhibitoires : c'est une bonne raison pour vivre à la libanaise, sans chercher à reproduire ses habitudes d'achat à la française.
Il me manque aussi un jardin pour les enfants, et une cuisine lumineuse ouverte sur l'extérieur !
La vie d'une expat au Liban, ça ressemble à quoi?
Ma journée commence à 6h pour le départ en bus pour l'école des 2 plus grands à 7h. J'emmène ensuite en voiture le petit dernier à la garderie à 8h. A partir de 15h ou 16h en fonction des activités extrascolaires, c'est devoirs (au début 2 à 3 heures par jour), douches et repas pour un coucher des enfants avant 20h. De mon côté, je me suis inscrite à un cours à la fac une fois par semaine, vais peindre dans un atelier tous les mercredis, passe beaucoup de temps pour l'alimentation de mon blog, et d'un second que j'ai créé pour un club de cuisine qui existe depuis plusieurs années à Beyrouth.
Nous sortons 2 fois et recevons au moins 1 fois par semaine. Nous passons tous les week-ends à l'extérieur de Beyrouth, en montagne ou en bord de mer.
Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce blog?
Au départ pour donner des nouvelles à la famille et aux amis. Maintenant c'est plus un journal de bord, avec toujours nos activités, mais aussi des anecdotes, des petites choses qui m'interpellent, et de plus en plus de photos. J'ai découvert un réel plaisir à écrire, c'est devenu un besoin quotidien.
As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog?
J'ai de plus en plus de visiteurs, de demandes de contact perso, une proposition d'interview sur France Inter.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles et ceux qui souhaiteraient aller vivre à Beyrouth/au Liban?
De ne pas se laisser effrayer par l'image que donnent les médias du Liban. C'est un pays très facile pour une première expatriation : ce n'est pas très loin (4h30 de Paris), le niveau médical est excellent, le niveau scolaire également, les Libanais sont joyeux et toujours prêts à faire la fête. La vie est belle au pays des cèdres !
