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Vie à l’étranger, chocs et coups de cœur interculturels

Carina de Naurois
Écrit parCécile Lazartigues-Chartierle 30 Avril 2021

À l’instar du portrait de Proust, la consultante en Interculturel Cécile Lazartigues-Chartier invite chaque mois un(e) expatrié(e) à partager son expérience de vie à l’étranger : surprises, chocs, coups de cœur ou défis interculturels. L’invitée du mois est Carina de Naurois, fondatrice et directrice de French Movie Nights à New-York.

Pouvez-vous présenter succinctement ?

Je suis d'origine franco-italienne, occitane d'adoption par mon mari. Notre port d'attache est près de Lagrasse en France. J'ai 54 ans, je suis mariée avec 4 enfants de 23 à 14 ans. J'ai une formation financière. Depuis notre arrivée à NY, je suis très impliquée pour des galas de charité et festivals de cinéma.

Quelles sont vos origines géographiques et pourquoi New-York ?

J'ai vécu jusqu'à 30 ans à Paris, nous sommes partis en 1993 à Kuala Lumpur en Malaisie 2 ans, Sydney en 2003 et à NY depuis 2004 où mon mari a créé sa société. NY était un choix délibéré, nous voulions venir nous installer ici.

Votre occupation professionnelle actuelle ?

J'ai créé en 2016 French Movie Nights, un RV de cinéma mensuel et je fais la sélection des films présentés.

La pandémie a modifié l'offre de films et le mode de diffusion, mais la demande est toujours là : les gens ont besoin de culture. Les francophones et francophiles sont friands de cinéma français.

En attendant le retour à la normale, je propose des films en salle virtuelle.

Racontez le début de votre aventure de vie à l'étranger ?

Moi-même fille de déraciné, j'ai toujours voulu voir comment était le monde !

La Malaisie était fascinante. À l'époque nous échangions avec l'Europe par fax thermiques. J'ai appris beaucoup : différentes cultures, les traditions, les us et coutumes, l'humilité. Écouter, regarder, imiter et encaisser parfois. Ce séjour m'a donné les bases fondamentales du savoir-vivre à l'étranger.

La qualité que vous préférez de votre pays d'origine et de New-York ?

La France (et l'Italie !) aime passer du temps à table, c'est vraiment très appréciable.

À NY, on est plutôt dans l'efficacité. En général, quand un processus est mis en place, ça fonctionne bien (dernier exemple les tests et la vaccination COVID).

Pour vous quel est le principal défaut de la France et de celui de États-Unis ?

La France n'est pas assez rigoureuse et les EU manquent définitivement de ce savoir-vivre.

Quel a été votre plus grand choc culturel à New-York ?

On pense arriver dans un ‘Paris où l'on parle anglais', mais pas du tout !

Ici, on peut dénoncer son voisin s'il fait quelque chose contre la loi. En France, ça n'est pas très bien vu.

Je dois avouer que j'ai encore été surprise jusqu'à dernièrement.

La pandémie a fait jaillir des traits qui me surprennent encore.

Quelle a été la stratégie que vous avez utilisée pour aller au-delà de ce choc ?

J'ai appliqué ma règle malaisienne : regarder, écouter, imiter et encaisser. Et donc encaisser.

Quel défi vous a-t-il le plus surpris dans votre expérience ? Et pourquoi ?

Pour mon mari ou moi, ce qui est fascinant ici c'est que tout est possible si vous avez envie de réussir et que votre projet a du sens.

Peu importe votre background, vous n'êtes pas pénalisé parce que vous démarrez une nouvelle activité à 40 ou 50 ans. Vous avez le droit aussi à l'échec, ou plutôt vous avez le droit à une deuxième, troisième chance. On a la possibilité de se relever !

Les gens sont toujours enthousiastes et vous soutiennent vous et vos projets, il n'y a pas d'envie ni de jalousie.

Si vous étiez une ville ?

Venise, sans hésitation ! Culturelle, avec un festival de cinéma, et sans voiture (ni paquebots) !

Si vous étiez un livre ou… un film ?

Un livre : Marie-Antoinette de Stefan Zweig.

Un film : j'en prends 2 ! César ET Rosalie de Claude Sautet et Tellement Proches de Toledano-Nakache

Quels sont les aspects dans votre expérience à l'étranger qui vous ont le plus heurté ? Et le plus enchanté ?

Les aspects qui m'ont le plus heurté sont les délations, surtout quand ils sont au détriment des enfants.

En revanche, je trouve que c'est un pays efficace, qui fonctionne. La vaccination bat son plein et l'économie repart.

À quelles différences interculturelles avez-vous dû faire face en travaillant aux États-Unis ?

Les Américains sont en général beaucoup plus réactifs que les Français dans le travail. La négociation est possible, on essaye toujours de trouver une solution.

En France, la négociation est plus rigide.

Que vous a appris la vie à l'étranger ?

Que j'étais capable de faire autre chose, de me lancer et de réussir, croire en moi ! Même si je souhaite rentrer en France d'ici quelques années.

Quelle habitude ou quel mode de vie avez-vous adopté de votre expérience ?

Être plus calme, plus sereine. Mieux appréhender les choses et les évènements.

Je crois que je suis devenue très Américaine sur beaucoup de choses : ne plus râler, ne pas klaxonner, ne pas doubler dans une file (et même être choquée quand quelqu'un le fait), ne pas essayer de tricher en substance.

Quel serait le coup de cœur à partager sur New-York méconnu ou incontournable ?

Difficile de conseiller un endroit. Manhattan se découvre à pied, à toute heure de la journée ou du soir. Profiter de la position du soleil pour avoir des vues magnifiques, ne pas être pressé !

Quel serait le conseil que vous auriez aimé recevoir avant d'arriver à New-York qui vous aurait aidée ?

Je ne sais pas si on est capable d'écouter un conseil lorsqu'on arrive dans un pays. Peut-être d'être plus ouvert sur le système éducatif américain.

Propos recueillis par Cécile Lazartigues-Chartier de L'art et la manière – Conseils en Interculturel.

 
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A propos de

Franco-canadienne, experte en Interculturel, elle accompagne les entreprises et les individus à développer l’Intelligence Culturelle pour plus d’harmonie et d’efficacité.

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