Arrivée de manière inattendue, la pandémie de Covid-19 a frappé le monde entier, ne laissant rien au hasard. Entre confinements et nouvelles vagues, certaines régions ont mieux géré la situation que d'autres. L'Australie et la Nouvelle-Zélande faisaient partie des pays plébiscités pour leurs mesures strictes. Pendant un certain temps, ces deux pays ont fièrement relevé le défi de maintenir leur nombre de cas d'infection au minimum. Mais à quel prix ?
Australie
Chasser un virus tel que la Covid-19 semble aujourd'hui être une tâche presque impossible. La peur accablante de scénarios catastrophiques, comme celui en Lombardie ou en Chine au début de la pandémie, a entraîné une prise de conscience significative aux quatre coins du monde. Cette situation non seulement a interpellé des dirigeants et motivé des entrepreneurs mais aussi bloqué des entreprises pendant près de deux ans. C'était également le cas en Australie, où les restrictions de voyage introduites étaient parmi les plus strictes au monde, créant une sorte de bulle de protection qui ne permet à personne d'entrer à moins d'être citoyen, résident permanent ou membre de la famille immédiate de ces derniers. Ceux qui se trouvent en dehors de l'Australie à l'expiration de leur visa permanent ne peuvent pas retourner dans le pays. Les voyageurs autorisés à entrer sont tenus de fournir un test PCR négatif effectué dans les dernières 72 heures. De plus, ils sont placés en quarantaine dans leur ville d'arrivée pendant 14 jours. Deux autres tests sont effectués, notamment aux jours 10 et 12 de la quarantaine. Cette bulle, qui concernait principalement les voyages entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, a toutefois été suspendue le 21 septembre 2021. Il n'empêche que les deux pays prévoient de limiter l'entrée des voyageurs jusqu'en 2022, afin de privilégier toutefois le retour des migrants qualifiés. Cette situation représente un lourd fardeau pour une grande partie de la population, car ils sont nombreux à avoir des proches immigrants qu'ils n'ont pas pu revoir depuis le début de la pandémie. De plus, le poids de ces réglementations incombe aux étudiants étrangers, aux expatriés et aux travailleurs de toutes catégories confondues. Ces deux pays sont ainsi confrontés au taux d'immigration le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale.
Nouvelle-Zélande
Comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande a pris des mesures strictes en adoptant une stratégie dite « zéro Covid » depuis le début de la pandémie. Parmi ces mesures, on compte la fermeture complète des frontières depuis le 19 mars 2020, sauf pour les citoyens et les résidents du pays. Tout nouvel arrivant (sauf ceux qui arrivent des îles Cook et de Niue) est contraint à une quarantaine de 14 jours. Cette stratégie s'est avérée plus ou moins efficace lors des différentes vagues de la pandémie, mais pas suffisamment contre le variant Delta, hélas ! Les fermetures strictes et les réglementations rigoureuses, en particulier dans la ville d'Auckland, ont, d'autre part, suscité des réactions négatives de la part des citoyens et des entreprises ayant subi de terribles pertes au cours de cette période. Alors que le taux de vaccination dans le pays augmente et que le gouvernement est graduellement en train de mettre de côté sa stratégie « zéro Covid », les frontières restent fermées à l'international au moins jusqu'au début de 2022. Les restrictions sont toujours en cours, avec un plan d'assouplissement en vue une fois que le taux de vaccination aura franchi le seuil de 70 %. On s'attend d'ailleurs à ce que ce seuil soit atteint vers le 1er décembre. Le Premier ministre néo-zélandais Jacinda Ardern a récemment déclaré que les restrictions pourraient être levées au début de l'année prochaine. Actuellement, la ville d'Auckland passe du niveau d'alerte 3 (avec les mesures les plus rigoureuses) au niveau d'alerte 2, ce qui signifie que les gens peuvent se rendre au travail, mais en respectant les règles de distanciation sociale. Les entreprises, les services, ainsi que les particuliers, sont tenus d'afficher le code QR officiel NZ Covid Tracer afin de faciliter le suivi des infections et les vaccinations.
Témoignages d'expatriés
Kathy est une pathologiste d'origine macédonienne qui vit actuellement à Perth. Selon ses dires, la côte ouest de l'Australie n'était pas aussi perturbée que la cote. Pour eux, les inconvénients n'ont duré que quelques semaines, soit au tout début de la pandémie, quelques jours pendant la période des vacances et quelques semaines en juin 2021. Comme elle est employée dans le secteur des services essentiels, la vie quotidienne de Kathy n'a pas été affectée de manière significative. Elle a continué à travailler comme d'habitude, avec toutefois l'obligation du port du masque et de respecter la distanciation sociale. Selon son constat, des entreprises comme les salons d'esthétique et de coiffure sont restés fermés pendant six semaines, cependant, elles ont bénéficié du soutien du gouvernement australien. De plus, des employés qui ont perdu leur emploi ont bénéficié d'une allocation-chômage. Certains des projets de Kathy ont toutefois été interrompus en raison de l'impossibilité de voyager pour rendre visite à ses proches en Macédoine. Selon le gouvernement australien, les résidents ne pourront voyager qu'une fois que 80% de la population sera vaccinée. Pour elle, puisqu'elle travaille dans le domaine médical, la vaccination a été facile, soulignant les services gratuits de dépistage dans les cliniques mobiles. En ce qui concerne le confinement, Kathy estime que cela lui a permis de passer plus de temps en famille.
Lucas est un Brésilien qui vit sur la côte est de l'Australie. Il estime que le confinement imposé par le gouvernement avait pour but de restreindre le mouvement des personnes afin de mieux traquer les personnes infectées. Il reconnaît également le fait que de nombreuses entreprises ayant subi des pertes ont bénéficié d'une assistance financière. Cependant, dans son cas, le confinement a été plutôt difficile et déprimant. Comme il travaille dans le secteur de la construction, le travail à distance n'a jamais été une option, ce qui a eu un impact considérable sur sa carrière. Il n'empêche que Lucas comprend la gravité de la situation, car un de ses amis au Brésil a perdu trois membres de sa famille à cause du coronavirus. Il estime toutefois que le gouvernement australien aurait pu faire mieux en organisant la vaccination de la population plutôt. D'autre part, il perçoit mal les mesures complexes qui ne permettent pas de voyager pour rendre visite à sa famille. « Cette situation », dit-il, « est une cause de souffrance pour beaucoup d'immigrants et peut entraîner la dépression. Il faut reconnaître que la présence d'immigrants est cruciale pour l'économie australienne ». Cela fait donc près de deux ans qu'il n'a pas revu sa famille et, pour le moment, il n'y a aucun moyen de leur rendre visite.
Giovanni, originaire de l'Italie, vit en Nouvelle-Galles du Sud, où l'État a atteint 60% de vaccination. Bonne nouvelle pour Giovanni qui espère que le taux de vaccination conduira à la levée définitive des restrictions pour les pubs, les clubs et les restaurants. Il se souvient du dernier couvre-feu imposé en raison du nombre élevé d'infections et de la présence de policiers, d'hélicoptères et de patrouilles militaires s'assurant que les lois soient respectées dans sa région. « Depuis 2020, le gouvernement a fermé les frontières. Alors qu'il est possible pour les expatriés titulaires de visas temporaires de quitter le pays, ils ne peuvent pas revenir. Si cette décision a fait ses preuves au début de la pandémie, c'est quelque chose qui ne peut pas continuer éternellement », estime-t-il. Giovanni a vécu le confinement avec beaucoup de difficulté puisqu'il était presque impossible pour lui de voir ses amis qui vivent dans des banlieues différentes. « Les règles en vigueur ne permettent pas de se déplacer à plus de quelques kilomètres de la maison ». Il passe donc son temps à faire de la lecture, à s'instruire et à écrire, tout en se consacrant à son travail de journaliste en écrivant des articles d'opinion pour un journal italien. Giovanni dit ressentir le poids de la solitude en raison de l'impossibilité de se déplacer librement dans le centre-ville et à la plage.
Un autre constat de Giovanni est que les entreprises dans le domaine de l'hôtellerie sont à la traîne en raison de l'absence de touristes. Le problème principal, selon lui, est la pénurie de nouveaux étudiants étrangers et de travailleurs immigrés qualifiés, en particulier dans les domaines de la santé et des soins aux personnes âgées. Faisant lui-même partie de ce secteur, il est vacciné mais n'a toujours pas la possibilité de voyager. Il souhaite visiter certains des plus beaux endroits de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande et attend impatiemment que le taux de vaccination optimal soit atteint pour que le confinement soit levé et que les gens puissent enfin se rendre dans les bars et restaurants et voyager. Même s'il a son opinion sur la façon dont la situation a été gérée, il évite de critiquer le gouvernement. « Je pense c'est le plus facile de juger derrière un écran d'ordinateur », dira-t-il.
Comparées à la côte ouest, les grandes villes de l'est de l'Australie ont des restrictions beaucoup plus strictes et difficiles pour les jeunes professionnels. Carmela est une italo-australienne qui vit à Sydney. Elle se souvient du début de la pandémie, lorsque les premières actions du gouvernement australien étaient la fermeture des restaurants, la limitation du nombre de personnes dans les transports en commun et leur quartier, sans oublier l'imposition du port de masques à l'intérieur. « Le premier confinement a duré deux mois et les personnes qui se sont trouvées en difficulté financière ont été bénéficié de l'aide Cependant, cela est loin d'être suffisant pour les personnes qui ont une hypothèque à payer, par exemple », dit-elle. Après des années de travail acharné, elle a perçu toutes ces mesures comme un véritable point bloquant pour ses projets. Carmela nous fait part de ce poids émotionnel que ce mode de vie a entraîné dans son quotidien, entre des crises d'angoisse, des troubles du sommeil, de la colère et de la tristesse. Ses études et son travail dans le domaine du service à la clientèle ont également été affectés. Elle a fini par perdre son emploi. Bien qu'elle ait elle-même été contaminée à un certain moment, elle estime que le confinement a été préjudiciable à sa santé mentale. Carmela estime que le gouvernement aurait pu faire mieux, prenant en compte les personnes vulnérables à la maladie plutôt qu'en faisant pression sur les jeunes. « Non seulement les salariés et les entreprises, mais aussi les relations et la santé mentale des gens ont été mis en veilleuse depuis près de deux ans. Les restrictions de voyage l'ont contraint à revoir son projet de revoir sa famille en Italie.
Même les régions les plus belles et les plus reculées du monde n'ont pas été épargnées par la pandémie. Cependant, il appartient aux gouvernements de décider de la marche à suivre en accordant une attention particulière au bien-être de tous les groupes sociaux. Pour l'instant, il incombe aux voyageurs de fixer leurs priorités et de décider si leur localisation actuelle leur offre des avantages et des possibilités pour surmonter cette crise.