À l'heure où les fêtes de fin d'année approchent – et donc, l'accroissement des voyages et des contacts – à quoi doivent s'attendre les expatriés ?
Israël, le précurseur
Va-t-on suivre le modèle israélien ? L'État hébreu s'érige encore une fois en précurseur. Il est l'un des premiers pays à s'être lancé dans une campagne massive de vaccination. Il continue sur sa lancée en administrant, dès l'été dernier, une troisième dose de vaccin, d'abord aux populations âgées et aux personnes fragiles, puis aux biens portants. Le seuil d'éligibilité baisse à mesure que le variant Delta menace l'équilibre du pays. Désormais, tous les enfants de plus de 12 ans peuvent recevoir une troisième dose de vaccin. Un abaissement justifié par le ministère de la Santé, au vu de la situation sanitaire. Fervent défenseur de la mesure, le Premier ministre, Naftali Bennett, voit cette dose de rappel comme un « privilège que les autres pays n'ont pas. » À ce titre, le green pass, passe sanitaire israélien, expire désormais au bout de 6 six mois, date à laquelle l'injection d'une troisième dose est possible. Cette troisième dose est également requise pour tout voyageur souhaitant se rendre en Israël.
Troisième dose pour tous : l'avis de l'OMS
La troisième dose, nouveau sésame indispensable pour voyager ? En France, le Conseil scientifique et le Conseil d'Orientation de la Stratégie Vaccinale (COSV) semblent en prendre la direction. Après le passe sanitaire conditionné à l'obtention de la 3e dose pour les plus de 65 ans (effectif à partir du 15 décembre), la France ouvre dès le 1er décembre la vaccination de rappel aux plus de 50 ans, sans effet sur le passe sanitaire, du moins, pour l'instant. À terme, toute la population adulte serait concernée par cette dose de rappel pour conserver un passe sanitaire valide. Les voyageurs seraient donc aussi concernés. Attention, avertit l'OMS, pour qui cette dose de rappel pour les personnes non prioritaires peut attendre janvier 2022. L'Organisation recommande toujours la triple vaccination pour les personnes fragiles, les immunodéprimées, et celles ayant reçu les vaccins chinois (qui résisteraient moins bien aux variants, notamment le Delta). Mais les autres peuvent attendre.
Pour Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, c'est « un scandale » qui doit être stoppé immédiatement. « Cela n'a aucun sens d'administrer des doses de rappel à des adultes en bonne santé ou des enfants, quand, dans d'autres régions du monde, des travailleurs de la santé, des personnes âgées et d'autres populations à haut risque attendent toujours leur première dose de vaccin. » Pour l'OMS, la ligne est claire : impossible de vaincre la Covid-19 avec une telle inégalité vaccinale. À peine 5% de la population vaccinée en Afrique, et des taux de contamination sans doute sous-estimés. C'est un peu mieux en Amérique du Sud (20 à 30% de vaccinés), mais cela reste bien inférieur aux taux observés dans les États ayant accès aux vaccins.
Vers une 3e dose généralisée pour pouvoir voyager ?
Pas sûr que les États fassent marche arrière et suivent toutes les recommandations de l'OMS. En Croatie, le passeport vaccinal est devenu périssable depuis août dernier – précisément, 9 mois après la dernière injection. Idem pour l'Autriche. La Suisse étend la validité du passeport vaccinal à 1 an. Israël est l'un des plus restrictifs, avec 6 mois de validité.
Le voyage sous condition de triple vaccination n'est donc pas la norme. Pas encore ? Tout semble aller vers le conditionnement du passe sanitaire – et donc, de tout déplacement – à l'obtention de cette fameuse 3e dose. Face à l'urgence sanitaire, l'Allemagne tape sur les non-vaccinés et accélère la campagne, notamment, pour la dose de rappel : « les rappels après six mois doivent devenir la règle, et non l'exception », martèle le ministre de la Santé Jens Spahn. Lundi 22 novembre, le ministre en appelle à la responsabilité de toute la population : « Il est probable que d'ici la fin de l'hiver, presque tout le monde en Allemagne aura été vacciné, se sera rétabli ou sera mort... certains disent cela de manière cynique... mais cela sera effectivement le cas. » L'heure n'est plus aux interrogations. Il en va de l'avenir du pays.
Le Royaume-Uni dit réfléchir à des dispositifs similaires tout en rassurant les expatriés : il sera possible de venir passer les fêtes de Noël sur le territoire même si l'on a pas encore sa troisième dose. Même discours rassurant aux États-Unis et au Canada. Si la troisième dose est clairement recommandée pour tous les adultes, pas question, du moins, pour l'instant, de l'imposer aux voyageurs.
« Il faut sauver Noël ». Tel pourrait être le cri des États. Coincés entre la recrudescence du très contagieux variant Delta, les soubresauts d'une économie frappée par la crise, la menace inflationniste et le ras-le-bol des citoyens, difficile d'imposer une troisième dose de vaccin. Les délais sont trop courts. La période – Noël – trop importante. Beaucoup redoutent déjà que la reprise épidémique freine leurs plans de voyage. Le reconfinement autrichien ravive les traumatismes. Si l'OMS exhorte les États à suivre son plan de politique vaccinale, tout porte à croire que la troisième dose deviendra prochainement, non l'exception, mais la règle.