Retour des fermetures de frontières et de la quarantaine
Omicron prendra-t-il le même chemin que le variant Delta ? Depuis sa découverte jeudi dernier en Afrique du Sud, les cas se répandent dans le monde : Israël, Belgique, Royaume-Uni, Malawi, Hong-Kong, Australie, Italie, Allemagne, République tchèque... 61 des 600 passagers d'un vol Johannesburg-Amsterdam ont été testés positifs au variant Omicron. 13 sont porteurs du virus. L'Europe, déjà touchée par une recrudescence du variant Delta, renforce ses mesures anti-Covid, à commencer par la fermeture de ses frontières. France, Italie, Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Royaume-Uni... les États suspendent leurs liaisons avec l'Afrique australe malgré les appels de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
La quarantaine fait également son retour. En France, toute personne positive au nouveau variant ou cas contact devra être isolée, même si elle est vaccinée. Le Royaume-Uni impose désormais un test PCR obligatoire 2 jours après l'entrée sur le territoire, assorti d'un auto-isolement, lui aussi obligatoire, en attendant le résultat du test. La mesure concerne tous les voyageurs en provenance de l'étranger, quelle que soit leur nationalité, qu'ils soient vaccinés ou non. Jusqu'alors, seul un test antigénique, moins cher, était demandé, sans obligation de s'isoler. Mais ce test est moins précis que le PCR, et le gouvernement Johnson veut à tout prix éviter une aggravation de la situation.
Une aggravation déjà présente en Allemagne, avec des hôpitaux saturés par le variant Delta. Les personnels de santé parlent d'une « situation de guerre ». Le ministre de la Santé Jens Spahn enfonce le clou : « l'armée de l'air est en train de transporter les malades d'un hôpital à l'autre de l'Allemagne. Est-ce vous réalisez ce que ça représente ? » Cette nouvelle vague traumatise autant que les premiers temps de la pandémie, et Omicron n'arrange rien. Les scientifiques appellent l'Allemagne à plus de restrictions encore, via la fermeture des commerces non essentiels, notamment, les marchés de Noël.
La Belgique remet le couvre-feu en place (à partir de 23h) et ferme ses boîtes de nuit. Bars et restaurants fermeront à 23h. Les clients seront obligatoirement assis, et pas plus de 6 à table. Côté compétitions sportives, c'est le retour du huis-clos. Même sévérité pour les autres rassemblements : ils sont interdits, à l'exception des mariages et des enterrements. La Suisse se distingue des autres États européens. Pas de durcissement de sa politique anti-Covid, hormis des restrictions aux frontières. Les voyageurs en provenance du Royaume-Uni, du Malawi, d'Égypte, des Pays-Bas et de République tchèque devront désormais présenter un test PCR négatif et s'isoler 10 jours.
Dose de rappel pour tous ?
L'extrême virulence du variant Delta et l'entrée du nouveau variant Omicron obligent les États à multiplier les mesures d'urgence. Dans sa course contre le nouveau variant, la Commission européenne recommande de conditionner la validité du passe sanitaire à la dose de rappel - rappel qui devrait avoir été effectué 9 mois maximum après la 2e dose. Aux États de valider ou non la proposition. La Commission veut aller vite et espère une application dès le 10 janvier 2022, au risque de créer des incompréhensions entre les États qui freineraient la circulation des individus.
Autre changement : les voyages vers l'Europe. La Commission ne veut plus regarder uniquement à la situation épidémiologique du pays de départ, mais se concentrer sur l'état vaccinal du voyageur. La commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson a ainsi annoncé qu'à compter de mars 2022, « toutes les personnes vaccinées pourront voyager vers l'UE ». Seront reconnus les vaccins validés par l'Agence européenne des médicaments (AEM) et par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L'OMS acceptant les vaccins Sinopharm et Sinovac (contrairement à l'AEM), les voyageurs ayant reçu ces vaccins devront également fournir un test PCR négatif.
Les États s'organisent déjà. L'Italie, la Grèce, Malte, la Hongrie, la Pologne, l'Allemagne, la Norvège ou la France ont élargi la vaccination de rappel à tous les individus de plus de 18 ans, s'écartant ainsi des recommandations de l'OMS. Les États ouvrent la vaccination à tout individu ayant sa 2e injection 5 mois auparavant (et non plus 6). C'est un changement radical pour l'Allemagne, qui réservait jusqu'alors la dose de rappel aux plus de 70 ans (hors personnel médical et personnes fragiles). L'Islande compte ouvrir la vaccination aux plus de 16 ans. Le Danemark réintroduit le passe sanitaire (supprimé en septembre) et réfléchit à ouvrir la vaccination de rappel à tous. Même réflexion pour la Belgique qui, initialement, prévoyait une vaccination pour tous en 2022. Le Royaume-Uni maintient le délai de 6 mois entre la 2e et la 3e injection. Même réserve concernant le public concerné, avec une extension aux 40 et plus seulement. Le port du masque redevient obligatoire dans les commerces et les transports.
Les épidémiologistes veulent tout de même se montrer rassurants. La dose de rappel pourrait éviter une catastrophe. La crainte, c'est le temps. Omicron pourrait devenir majoritaire d'ici à un mois, selon certains d'experts. Invité sur le plateau de la chaîne d'infos française LCI, Le secrétaire d'État aux Affaires européennes Clément Beaune a annoncé que « les contrats entre l'UE et les laboratoires ont désormais l'obligation d'adapter leurs produits aux nouveaux variants. » Pfizer-BioNTech étudie le variant, avec des premiers résultats attendus d'ici à deux semaines. Moderna compte développer une dose de rappel spécifique au variant Omicron.
Dose de rappel et passe sanitaire
Prévu initialement pour durer jusqu'au 15 novembre, le passe sanitaire français est finalement reconduit jusqu'au 31 juillet 2022. C'est là le résultat de la loi du 10 novembre 2021, également appelée « loi vigilance », qui autorise l'État à prolonger le passe sanitaire, à renforcer les contrôles et les sanctions, notamment, pour lutter contre les fraudes. Un passe qui pour rester valide est désormais soumis au rappel vaccinal. Les Français de 18 à 64 ont jusqu'au 15 janvier 2022 pour se mettre en règle. Pour les plus de 65 ans, la date butoir reste le 15 décembre. Ça change aussi au Royaume-Uni : vendredi 19 novembre, le ministère de la Santé annonce que les voyages hors du pays seraient soumis à l'injection d'une dose de rappel. Mais pas de rappel nécessaire pour venir en Angleterre, du moins, pour l'instant : le royaume reste sur le principe d'une vaccination complète dès la 2e injection reçue. C'est le NHS Covid Pass, certificat obligatoire pour voyager, qui contiendra la preuve de la dose de rappel reçue. Cette preuve apparaîtra dès le 29 novembre sur les NHS Covid Pass du Pays de Galles, mais pas encore sur celui d'Écosse ou de l'Irlande du nord. L'Écosse dit réfléchir à une intégration prochaine, sans donner de date. L'Irlande du nord permet de sélectionner son certificat (usage sur le territoire ou à l'international).
Toujours plus de pression sur les non-vaccinés
Faire pression sur les non-vaccinés sans pénaliser les vaccinés. Tel est le pari de la majorité des États européens. Contrairement à l'Autriche ou la Lettonie, qui confinent, aux Pays-Bas et à la Belgique, qui instaurent des couvre-feux, la France laisse ses enseignes ouvertes. Pas de confinement, de couvre-feu, de fermetures de commerces ou limitations de déplacements. Mais la validité des tests PCR des non-vaccinés est réduite : de 72 à 24h, depuis le 29 novembre. La Belgique aussi tape sur les non-vaccinés. De récentes études confirment qu'ils ont plus de risques d'être infectés par la Covid et de faire des formes graves. La Commission européenne exhorte les États à durcir les mesures restrictives pour encourager la vaccination, seul moyen pour éviter une nouvelle catastrophe sanitaire. L'OMS, elle, réitère ses appels à une plus grande solidarité internationale. Gordon Brown, ancien Premier ministre britannique, appuie et signe une tribune dans le journal The Guardian. Pour lui, les pays riches se lancent dans la course à la dose de rappel et « s'accaparent les doses disponibles » alors que beaucoup « non pas encore reçu une dose de vaccin ». L'OMS insiste : oui à la triple vaccination, avec raison.