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Travail à distance depuis l'étranger : une pression sur les entreprises ?

travail a distance
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Écrit parAsaël Häzaqle 19 Juillet 2022

C'est l'un des bouleversements engendrés par la crise sanitaire. Encore peu répandu il y a quelques années, le travail à distance s'est largement imposé durant le confinement. Beaucoup de pays l'avaient rendu obligatoire en raison des mesures sanitaires. En 2021, avec les vaccins et l'assouplissement des gestes barrières, les entreprises ont sonné le retour au bureau. 

Mais, pour une partie des salariés, le bureau est désormais leur domicile. D'autres entendent même exporter le travail à l'étranger. Quelle pression met-on sur les entreprises pour qu'elles acceptent le télétravail à l'étranger ?

Les entreprises du tertiaire ouvertes au télétravail à l'étranger

En 2021, Anywr, agence de recrutement et mobilité professionnelle des talents, sonde plus de 500 entreprises. 86 % d'entre elles disent avoir reçu des « demandes de télétravail longue distance ». La majorité (74%) a accepté ces demandes de télétravail à l'étranger. Côté salariés émerge un fort besoin d'allier vie à l'étranger et travail, pour construire un nouveau cadre de vie. Le travail s'intègre dans un schéma de vie que le salarié veut construire avec ses valeurs. Stéphanie Duclos, DRH chez Cooptalis, analyse positivement ces nouvelles aspirations : « Être favorable au télétravail longue distance et le mettre en pratique nous permet à la fois de rester une entreprise à forte attractivité notamment sur des profils rares, et de continuer à développer nos équipes pour soutenir notre croissance ». Même analyse pour Jasmine Manet, fondatrice de Vocation média, pour qui « cette nouvelle méthode de travail est là pour durer. »

En 2022, le Word Trend Index (enquête réalisée par Microsoft) aboutit aux mêmes conclusions. Déjà défi en soi, le télétravail à l'international est un challenge supplémentaire pour les entreprises. Pour celles déjà présentes dans divers pays, c'est le pari gagnant-gagnant. Les salariés eux-mêmes sont volontaires pour s'expatrier. Même cercle vertueux pour les start-ups et structures qui visent l'étranger, et/ou cherchent à développer leur marché à l'international. Ce sont plutôt les entreprises du secteur tertiaire qui acceptent le télétravail à l'étranger. Ilek, start-up écolo, ou le groupe de communication Publicis, proposent des séjours de quelques semaines à deux mois dans plusieurs destinations (100, pour Publicis). Pour ces groupes, il est essentiel de répondre aux nouvelles attentes des salariés. L'enjeu économique n'est évidemment pas loin, avec une opportunité de s'ouvrir ou de renforcer sa position à l'étranger.

Pression sur les entreprises et limites du télétravail à l'étranger

Mais peut-on travailler à distance à l'étranger ? Tout dépend du droit du travail de son pays. En France, par exemple, si le télétravail est inscrit dans la loi, l'on ne l'envisageait pas dans un cadre international. Une zone grise donc, qui profite aux demandeurs. Pour les entreprises, l'équation est plus complexe. Impossible d'accéder aux requêtes des salariés sans évaluer les avantages et les inconvénients d'une telle organisation du travail. L'entreprise doit d'abord convenir d'un cadre : télétravailler 100 % à l'étranger, ou ponctuellement ? Quelles destinations seront permises ? Sans surprise, l'entreprise pense tout d'abord à son marché. Elle sera plus encline à envoyer ses salariés dans des pays dans lesquels elle peut faire du business. De bonnes projections financières qui n'effacent pas le coût du programme. Fiscalement, l'entreprise doit pouvoir s'y retrouver. Plus qu'accéder à une simple requête du salarié, c'est une vraie délocalisation, pour l'entreprise.

D'où les réticences de beaucoup, surtout depuis qu'on peut de nouveau travailler au bureau. Certaines entreprises préfèrent miser sur une refonte de l'espace travail. Elles comprennent les besoins de flexibilité et de liberté des salariés, mais ne veulent/ou ne peuvent céder à la pression du télétravail à l'étranger. Les petites structures locales ne sont, par exemple, pas concernées par ces demandes de télétravail. Idem pour les moyens groupes, ou ceux ne travaillant qu'avec quelques pays, pour qui la délocalisation d'un salarié comporterait plus de coûts que de bénéfices. D'autres entreprises parlent de mauvaises expériences avec des salariés partis sans prévenir.

Quel avenir pour le télétravail depuis l'étranger ?

Taille et poids de l'entreprise, secteur dans lequel elle évolue, vision pour l'avenir… Beaucoup de paramètres entrent donc en compte dans le choix (ou non) de laisser son salarié s'installer à l'étranger. Les entreprises ont bien saisi les nouvelles attentes de leurs salariés. Le télétravail est rentré dans la norme, et est bien parti pour s'installer comme une nouvelle forme d'organisation du travail. Le travail à distance à l'étranger se développe bien plus lentement, mais pourrait devenir, pour les groupes du tertiaire, un nouveau moyen d'attirer les talents.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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