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Ces provinces canadiennes ont le plus besoin d'expatriés

New Brunswick, Canada
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Écrit parAsaël Häzaqle 21 Novembre 2022

Les dernières annonces de Sean Fraser, ministre canadien de l'immigration, ont été reprises dans tous les médias internationaux. Les candidats à l'expatriation y voient une nouvelle chance de saisir leur rêve canadien. Certaines provinces ont cependant plus besoin d'eux que d'autres, et le gouvernement pourrait orienter les nouveaux immigrants qualifiés vers des zones particulièrement sous tension. Quelles sont les provinces canadiennes qui ont le plus besoin de main-d'œuvre étrangère ?

Le Nouveau-Brunswick cherche des étrangers qualifiés

Pour rappel, le Canada est une fédération divisée en 11 provinces et territoires : Alberta, Colombie-Britannique, Île-du-Prince-Édouard, Manitoba, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Nuvanut, Ontario, Québec, Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador, Territoires du Nord-Ouest, et Yukon. Si les expatriés avaient davantage tendance à privilégier le Québec ou l'Ontario, et à se concentrer dans les grandes villes, la tendance change progressivement. Le Canada connaît une pénurie de main-d'œuvre inédite, mais les besoins ne sont pas les mêmes selon les provinces.

C'est le cas du Nouveau-Brunswick, province rurale qui vient de mettre en place un projet pilote, en partenariat avec le gouvernement fédéral. Annoncé le 7 novembre, ce « Projet pilote pour les travailleurs essentiels du Nouveau-Brunswick » (NBCWP – New Brunswick Critical Worker Pilot Project) se veut d'être gagnant-gagnant. Bien plus qu'une simple immigration économique, il propose un accompagnement pour meilleure intégration des candidats. Ces derniers recevront, en plus du travail, une formation de 200h d'anglais. Ils seront également soutenus s'ils veulent reprendre ou poursuivre leurs études au Canada.

Nouveau-Brunswick a sélectionné 6 entreprises qui, en plus d'avoir besoin de main-d'œuvre qualifiée, sont réputées pour leur politique d'accueil, d'intégration et d'ouverture : Cooke Aquaculture, Imperial Manufacturing, Groupe Westo, Groupe Savoie, J.D Irving ltd., et McCain Foods. Prévu pour durer 5 ans, ce programme pilote sera régulièrement ajusté pour faire correspondre au mieux les besoins de la province et ceux des immigrants.

Immigration : des zones rurales moins attractives ?

En 2022, la majorité des immigrants choisissent encore Ontario (227 235) ou la Colombie-Britannique (83 200). Ontario et sa capitale Toronto abritent Ottawa, la capitale du Canada. De nombreux expatriés préfèrent s'établir dans les deux grandes villes, également proches des États-Unis (au sud) de la province du Québec (à l'est). Le Québec est d'ailleurs la 3e province ayant accueilli le plus d'immigrants cette année (62 798). Au pied du podium, Alberta a accueilli 52 573 nouveaux immigrants. Les autres provinces attirent beaucoup moins, avec des chiffres qui passent rapidement sous la barre des 20 000, et même des 10 000 nouvelles arrivées. Nouveau-Brunswick, pourtant confronté à une pénurie de main-d'œuvre dans ses industries, n'a attiré que 8401 nouveaux étrangers cette année. Ils sont encore moins nombreux à Terre-Neuve-et-Labrador (2843), dans le Yukon (663), dans les Territoires du Nord-Ouest (346) ou dans le Nuvanut (52). (chiffres Statista)

Selon les données du gouvernement, environ 20 % de la population canadienne vit en milieu rural. Une population qui produit près de 30 % du PIB, essentiellement dans l'agriculture et dans l'industrie. Or, elles sont confrontées à un double problème : les jeunes partent pour les grandes villes, réputées plus attractives, et les étrangers ne viennent pas pour les mêmes raisons. Le 14 janvier 2019, Justin Trudeau crée le ministère du Développement économique rural du Canada et nomme Bernadette Jordan pour conduire la nouvelle politique du gouvernement. Manitoba, Nouveau-Brunswick, Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador ou encore Yukon font partie des provinces qui ont le plus besoin des expatriés. Il existe aussi des communes rurales dans le besoin, en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique et dans la province de Saskatchewan.

Attirer les expatriés vers les communes rurales du Canada

Pour encourager l'immigration dans ses territoires ruraux, le gouvernement a lancé plusieurs programmes. Le Programme d'immigration au Canada atlantique (PICA) aide les provinces atlantiques (Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve) à attirer de nouveaux étrangers qualifiés. En août, le PICA avait déjà reçu 167 candidatures. Un succès pour le gouvernement qui décide de lancer le Programme pilote d'immigration dans les communautés rurales et territoires du nord (PPICRN) en août 2022. Les étrangers qualifiés éligibles peuvent prétendre à la résidence permanente. Le gouvernement a sélectionné 11 communes : North Bay, Sudbury, Sault Ste. Marie, Thunder Bay et Timmins (Ontario), Brandon et Altona/Rhineland (Manitoba), Moose Jaw (Saskatchewan), Claresholm (Alberta), Kootenay-Ouest et Vernon (Colombie-Britannique) et a investi 35 millions de dollars pour que les nouveaux arrivants aient accès « aux services essentiels au cours de leur première année [dans leur commune rurale] au Canada. »

Selon les estimations du gouvernement, chaque ville pourrait accueillir 125 nouveaux arrivants et leur famille par an. Le PPICRN a déjà permis l'arrivée de plus d'un millier de travailleurs étrangers, et a permis de combler les besoins de main-d'œuvre dans les secteurs sous tension (hôtellerie, fabrication, restauration, transport, commerce de détail). À Miramichi, région du Nouveau-Brunswick, le PICA a permis de stabiliser la population grâce à l'arrivée d'étrangers. La région était confrontée à une baisse démographique. En 20 ans, le nombre de moins de 20 ans était passé de 14 000 à 9000. Celui des plus de 65 ans avait grimpé de 7 500 à 11 000 personnes. L'immigration a permis d'inverser et de dynamiser les secteurs en manque de main-d'œuvre. Un exemple à suivre pour de nombreuses provinces.

Expatriation : les véritables défis des provinces canadiennes

Entreprises et locaux militent pour que leurs provinces accueillent et retiennent plus de talents étrangers, notamment en améliorant le cadre de vie sur place : infrastructures et transports modernes, logement, Internet, formations professionnelles, accompagnement des immigrants dans leur installation… Mais dans la pratique, des étrangers font part de leur mal-être. Loin de l'accueil promis, ils seraient parfois stigmatisés par les locaux.

La Covid a fait remonter les tensions dans la province du Manitoba. Isolement, racisme, précarité… Les conditions de vie des immigrants de la province seraient plus difficiles aujourd'hui qu'avant la Covid. Des contradictions auxquelles font face les autorités et les habitants. Derrière les expressions « solution au vieillissement de la population », « solution pour lutter contre la pénurie de main-d'œuvre » se cachent des individus bien réels, et non une simple variable d'ajustement économique. Si les provinces rurales le reconnaissent, elles n'ont pas toujours les moyens de leurs ambitions. Les services multilingues, quand ils existent, ne sont pas aussi développés que dans les grandes villes. Les mêmes défis se posent pour les autres provinces rurales. L'initiative du Nouveau-Brunswick est censée apporter une solution « gagnant-gagnant » : des entreprises à l'avant-garde pour l'accueil et la formation des étrangers, et des services publics eux aussi formés pour accompagner les nouveaux arrivants. Si le plan pilote réussit, il pourrait faire des émules dans les autres provinces.

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Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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