Postuler pour un permis de travail sans quitter le pays
Bonne nouvelle pour les expatriés. Le Canada prolonge la politique publique temporaire jusqu'au 28 février 2025. Mise en place le 24 août 2020, au début de la Covid, cette politique permet aux étrangers détenteurs d'un visa de visiteur (visa de résident temporaire) de demander un permis de travail sans devoir quitter le pays. Le gouvernement fédéral entend ainsi répondre aux demandes toujours plus pressantes des entreprises, confrontées à des pénuries de main-d'œuvre critiques.
Pour demander un permis de travail, plusieurs conditions à remplir : les étrangers devront bien avoir le statut de visiteur. Il leur faudra également détenir une offre d'emploi valide (découlant d'une étude d'impact sur le marché du travail (EIMT) ou exemptée d'EIMT). Pour rappel, un employeur peut avoir besoin d'une EIMT avant d'embaucher un étranger. Les services de l'immigration précisent que les candidats étrangers sont également tenus par les règles classiques liées aux demandes de permis de travail.
Programmes des provinces et territoires au Manitoba
Les Provincial Nominee Programs (PNP), ou Programmes canadiens des candidats des provinces, permettent aux provinces et territoires du Canada de recruter des étrangers qualifiés dont les compétences sont recherchées au niveau local. Les PNP donnent accès à la résidence permanente. Un pari gagnant-gagnant : les autorités locales peuvent mieux attirer les talents étrangers (qui partent encore trop souvent à Toronto ou Vancouver) ; les talents étrangers ont un accès privilégié à la résidence permanente et l'assurance d'un emploi.
Moteur essentiel à l'économie du pays, notamment dans l'agriculture et les ressources naturelles le Manitoba, a bien compris l'urgence de se rendre attractif. À travers son tout nouveau PNP, la province vient d'envoyer 583 invitations pour recruter des talents étrangers, avec, pour la première fois, certaines invitations directement liées à un emploi. La province a retenu 4 types de voies d'entrée : les étrangers qualifiés au Manitoba, les travailleurs qualifiés à l'étranger, les travailleurs de l'éducation nationale et les investisseurs internationaux. Les dossiers des travailleurs étrangers qualifiés au Manitoba bénéficient d'un traitement prioritaire. Sont concernés tous les étrangers travaillant de manière continue au Manitoba depuis au moins 6 mois, avec un permis valide et une offre d'emploi permanent.
Plusieurs métiers sont concernés par le programme du Manitoba : infirmiers et professions paramédicales, coiffeurs et esthéticiens, conducteurs de transport et de transit, personnel auxiliaire en éducation, enseignants en maternelle, primaire et secondaire, directeurs de commerce de détail et de gros, techniciens d'entretien automobile, paraprofessionnels des services juridiques, sociaux, communautaires et de l'éducation, personnel de soutien de bureau et des services judiciaires, vendeurs et représentants de commerce. À noter que des invitations spéciales ont été réservées aux immigrants ukrainiens.
2022 : année record pour les étudiants étrangers au Canada
L'un des pays préférés des expatriés peut garder le sourire. Le ralentissement de la Covid semble bien loin. En 2022, le Canada a accueilli 551 405 étudiants étrangers, provenant de 184 pays différents. Au final, 807 750 étudiants internationaux détenaient un permis d'étude valide. C'est un autre record. 2021 enregistrait déjà d'excellents chiffres, après une année 2020 malmenée par la Covid. 444 260 permis d'études ont été délivrés en 2021, contre à peine 107 145. Le rebond est spectaculaire, et s'inscrit sur une ligne de progression observée depuis plusieurs années. En 2019, 400 600 permis d'études avaient été délivrés. 2020 est bel et bien un accident de parcours.
Qui sont ces nouveaux immigrants au Canada ? En 2022, la première place du top 10 des étudiants internationaux revient à l'Inde, avec un peu moins de 230 000 étudiants. La Chine arrive en deuxième position, mais loin dernière (un peu plus de 50 000 étudiants). Les Philippines ferment le podium avec 23 380 étudiants. Viennent ensuite la France et Nigéria, au coude à coude (respectivement 16 725 et 16 195 étudiants), l'Iran (13 525 étudiants), la Corée du Sud (11 535 étudiants), le Japon (10 955 étudiants). Le Mexique et le Brésil comptent le même nombre d'étudiants : 10 405 étudiants. La plupart résident en Ontario (411 000), en Colombie britannique (164 000) et au Québec (93 000). Manitoba accueille 22 000 étudiants étrangers.
Plusieurs facteurs expliquent la popularité du Canada. L'on vante son bon rapport entre la qualité des enseignements et leur coût, inférieur aux tarifs d'établissements anglais ou américains. Un coût amorti grâce aux bourses et aides destinées aux étudiants internationaux. S'il est facile de décrocher un job étudiant, des voix s'élèvent pour souligner la difficulté de décrocher un emploi stable, à la hauteur de ses qualifications. Une difficulté qui serait cependant davantage surmontable au Canada.
Programme des parents et grands-parents : succès du parrainage
Les derniers chiffres d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) sont sans appel : en 2022, 27 195 nouveaux immigrants sont arrivés au Canada via le Programme des parents et grands-parents (PGP). En 2021, ils n'étaient que 11 740. Une hausse inédite (+131,6%) pour des immigrants PGP deux fois plus nombreux qu'en 2015 (15 490 parents et grands-parents parrainés).
Le gouvernement fédéral compte bien voir augmenter ces chiffres. S'il mise sur l'immigration économique, il favorise aussi le regroupement familial, en permettant aux travailleurs étrangers de faire venir leur famille. C'est aussi, pour le Canada, un moyen supplémentaire d'encourager les familles à rester sur le territoire.
Le parrainage est ouvert aux citoyens canadiens et aux résidents permanents. Ils devront notamment prouver qu'ils disposent de revenus suffisants pour accueillir leurs parents et grands-parents et subvenir à leurs besoins.
Un plan d'immigration nécessairement ambitieux
Avec 465 000 nouveaux immigrants attendus cette année, 485 000 attendus en 2024, et 500 000 attendus en 2025, le Plan d'immigration du Canada est à la mesure des défis que doit relever le pays. Il y a aujourd'hui 50 % de postes vacants en plus qu'avant la crise sanitaire. Le chômage, lui, est 11 % plus faible qu'avant la Covid. Parmi les professions les plus demandées : infirmiers et personnels de santé, directeurs de travaux, développeurs, soudeurs, gestionnaires RH, data analyst, conseiller clientèle, adjoint administratif, ou encore techniciens en comptabilités. Tous les secteurs sont touchés, avec des besoins accrus dans les services, la construction et les métiers de la santé.
Au Québec, on parle de « chaos » qui coûte cher. Faute de personnel, nombre de commerces et restaurants ont réduit leurs horaires, au risque de perdre des clients. Et les professionnels soulignent un autre phénomène pour expliquer les pénuries de main-d'œuvre : la hausse de l'absentéisme. Au Québec, il aurait augmenté de 19 % en 2022, par rapport à la période prépandémie. Pour l'Institut du Québec, qui a publié les chiffres du Bilan de l'emploi 2022, cet absentéisme oblige les recruteurs à embaucher davantage. Les salariés, eux, se disent parfois stressés par le quotidien et l'inflation (5,9 % en janvier). D'où la nécessité et l'urgence de recruter davantage de travailleurs étrangers, pour éviter la surchauffe.
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