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Études à l'étranger : à quelles difficultés faut-il s'attendre ?

groupe d'etudiants a l'universite
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Écrit parAsaël Häzaqle 10 Mai 2023

La mobilité internationale étudiante a repris des ailes depuis la réouverture des frontières. La Chine, l'un des derniers pays à avoir officiellement repris la délivrance de « tous types de visas » entend bien attirer de nouveau les étudiants internationaux. Découverte d'un pays, d'une culture, apprentissage d'une langue, de compétences nouvelles, construction d'un réseau… On ne compte plus les avantages des études à l'étranger. Derrière les beaux principes se cachent pourtant d'autres réalités qu'il ne faut pas ignorer. Emploi, logement, socialisation… les défis sont grands pour les étudiants étrangers.

Très chers logements

La Banque mondiale avait prévenu. 2023 resterait une année de crise immobilière mondiale. Le secteur surchauffe. Les voyants étaient déjà au rouge en 2022, après une période Covid marquée par une euphorie immobilière. Dans certains pays, la situation était déjà critique avant la Covid. Dans ces conditions, trouver un logement s'apparente à un parcours du combattant pour de nombreux étudiants étrangers. États-Unis, Portugal, France, Allemagne, Suède, Chine, Australie, Canada, Japon, Corée du Sud… Chez de nombreuses puissances, le marché immobilier traverse une forte zone de turbulence. Parmi les pays impactés, les destinations phares des étudiants internationaux (Canada, Australie ou États-Unis).

Logements étudiants : la valse des prix

En France, trouver un logement étudiant abordable a toujours été difficile. C'est encore plus vrai aujourd'hui. En 2022, il faut compter environ 557 euros par mois (610 dollars) pour un studio de 23m². Une chambre coûte environ 437 euros mensuels (479 dollars). Sans surprise, les loyers sont plus chers en région parisienne : 849 euros dans Paris (929 dollars), entre 800 et 600 euros dans les villes voisines (876 et 657 dollars). Les prix sont plus abordables au Mans, à Limoges ou à Brest, avec des loyers mensuels compris entre 350 et 380 euros (383 et 418 dollars). Aux États-Unis, les prix peuvent varier du simple au triple selon la région. Un studio dans le Colorado revient à environ 1000 dollars par mois (914 euros). Il faut compter 2000 à plus de 3600 dollars mensuels à New York (entre 1829 et 3290 euros).

Conscientes du problème, les universités ouvrent leurs campus. Mais là encore, les places sont limitées, et la valse des prix continue, selon l'établissement. Une chambre dans la Texas Tech University coûte environ 6000 dollars par an (5480 euros). C'est 10 000 dollars (9150 euros) pour une chambre à Cornell University. D'autres solutions existent, comme la sharehouse, la colocation en appartement privé, ou le logement chez l'habitant. Les prix, eux, continuent de subir le contrecoup de l'inflation et de la crise économique.

Zoom sur l'Australie : le « Far West » de l'immobilier

59 000 étudiants étrangers sont arrivés en Australie cette année. Faute d'obtenir une chambre, ils acceptent des colocations d'un nouveau genre, comme une tente dans un salon pour 300 dollars la semaine. Le marché immobilier australien est un Far West où le plus offrant aura la mise. Les locataires acceptent de payer plus pour se loger. Les propriétaires proposent des baux plus courts.

Le FMI a tiré la sonnette d'alarme en décembre 2022. Les prix moyens des logements australiens sont jusqu'à 50 % plus chers que le budget d'un ménage moyen. La faute à une hausse des taux d'intérêt et à l'inflation. En cause aussi, une forte demande de logements durant la pandémie. Les propriétaires en profitent pour augmenter leurs loyers de près de 40 %. Les étudiants étrangers n'ont que peu de marge de manœuvre pour négocier. Ils sont aussi mal informés et soutenus. Ils n'ont pas une famille sur qui compter. Faute de connaître le marché, ils se fixent dans les grands quartiers des grandes villes, dont les loyers sont hors de prix.

La situation était déjà tendue avant la pandémie. Elle est encore plus critique aujourd'hui, surtout pour les plus modestes. Les universités se félicitent du retour des étudiants étrangers, mais sont conscientes du contexte socio-économique difficile. Certaines d'entre elles proposent des logements en campus entre 280 dollars la semaine (Monash College) à 280-700 dollars la semaine (The University of Queensland). Le gouvernement a proposé une loi pour créer un fonds « Housing Australia Future » de 10 milliards de dollars, qui rapporterait 500 millions de dollars par an. L'argent servirait au développement de logements sociaux, et viserait principalement les femmes, travailleurs et enfants issus de milieux modestes. Le projet de loi est encore à l'étude. On ignore encore s'il intégrera les étudiants internationaux.

Trouver un emploi : les galères des étudiants étrangers

On pourrait penser que la pénurie de main-d'œuvre fait les affaires des étudiants étrangers. Les pays frappés par la crise du logement sont aussi ceux qui embauchent massivement. Le Japon désespère d'intéresser les talents internationaux. Le Canada profite de sa bonne image pour dérouler le tapis rouge aux travailleurs étrangers. La France bataille pour rehausser la sienne. Les États-Unis surfent sur le rêve américain. L'Allemagne réforme pour faciliter l'immigration économique.

Mais les étudiants étrangers n'y trouvent pas toujours leur compte. S'ils arrivent à décrocher des jobs à temps partiel, la voie de l'emploi stable est plus étroite. Quand les gouvernements assouplissent leurs règles pour leur permettre de travailler plus (comme en Australie ou au Canada), c'est davantage pour pallier les pénuries de main-d'œuvre dans les secteurs sous tension (restauration, hôtellerie, tourisme)… Pas sûr que les gouvernements pensent vraiment à l'avenir professionnel de ces jeunes.

Méconnaissances des entreprises et difficultés des étudiants étrangers

Le Royaume-Uni souffle le chaud et le froid sur la politique migratoire. Oui aux talents étrangers, mais non en même temps. Selon les associations étudiantes, les universités n'aideraient pas assez les étudiants internationaux à trouver un emploi stable. Contrairement aux Britanniques, les étrangers ne connaissent pas toujours bien le marché de l'emploi, le processus de recrutement, les particularités culturelles, le CV, etc. De leur côté, les employeurs comprennent encore mal les systèmes de visa, notamment le Graduate Sheme Visa. Il permet pourtant aux étudiants étrangers de travailler au Royaume-Uni deux ans après l'obtention de leur diplôme. Il a justement été conçu pour faciliter leur embauche. Mais près de 90 % des entreprises ignoreraient son existence, et continueraient de penser qu'employer un étranger est « trop compliqué ».

Même problème en Australie. En 2019, les étudiants étrangers rapportent pourtant plus de 40 milliards de dollars à l'économie. S'ils ne génèrent que 25,5 milliards de dollars en 2022, c'est essentiellement à cause de la Covid. Les chiffres repartent déjà à la hausse. Mais ces chiffres ne se reflètent pas sur le marché de l'emploi. En 2022, à peine la moitié des étudiants de l'Asie du Sud-est diplômés occupe un emploi à plein temps. Ils ont étudié la finance, l'ingénierie, la santé, l'éducation ou le conseil. Des secteurs qui embauchent, mais dans lesquels ils n'arrivent pas à décrocher un emploi. La majorité des postes est réservée aux résidents permanents ou aux citoyens. L'offre d'emploi pour les résidents temporaires est bien plus limitée.

Emploi : les discriminations qui touchent les étudiants internationaux

Les problèmes soulevés au Royaume-Uni ou en Australie s'observent dans d'autres pays. Les entreprises sont encore trop nombreuses à méconnaître les possibilités qu'elles ont concernant le recrutement d'étudiants étrangers et de jeunes diplômés. Obtenir un emploi stable est pourtant une clé pour demander la résidence permanente. De leur côté, les gouvernements ne prennent pas toujours la mesure des réalités de la vie d'étudiant étranger. Ils agissent sur le court terme (augmentation du nombre d'heures de travail autorisée pour soulager les entreprises), mais pas sur le long terme.

Sur le marché de l'emploi, les étudiants internationaux diplômés restent désavantagés par rapport aux nationaux. Ils ne bénéficient pas toujours des aides accordés aux nationaux. Aux États-Unis par exemple, les bourses pour suivre une formation après le diplôme sont réservées aux citoyens américains et aux résidents permanents.

Selon une étude publiée dans le magazine scientifique Nature, un tiers des étudiants internationaux dit être optimiste, mais « voit aussi des obstacles à la carrière et à l'avenir ». Près d'un tiers déclare avoir subi des discriminations ou du harcèlement « notamment raciste ». Ils témoignent d'un sentiment hostile, de moqueries à cause de leur nom, leur origine ou leur accent. Au Canada, les étudiants internationaux ont interpellé le gouvernement : pour eux, l'État doit corriger le tir, et pas seulement pour les utiliser comme main-d'œuvre bon marché.

Quand vivre coûte cher

Les étudiants étrangers n'en finissent plus de rogner sur leur budget. Durant la pandémie, ils n'ont pas pu travailler pour faire des économies. L'inflation a fait fondre leurs finances. Les frais de scolarité, les loyers, l'alimentation, les transports, tout augmente.

En France, le coût de la vie (hors frais de scolarité) d'un étudiant varie entre 600 et 1000 euros par mois (650 à 1090 dollars). Au Canada, il faut plutôt compter entre au moins 900 et 1200 dollars. C'est entre 900 et 1400 livres au Royaume-Uni (1112 à 1731 dollars), et environ 100 000 à 150 000 yens (743 à 1114 dollars) au Japon. Ces moyennes cachent des disparités parfois fortes selon les régions, les villes, voire les quartiers.

Quelles solutions ont les étudiants étrangers ? Les universités proposent des bourses. D'autres organismes offrent des aides au logement et/ou des bourses. Des institutions publiques ou privées peuvent aussi accompagner les étudiants internationaux ; de nombreuses aides sont réservées à des cursus spécifiques, et à certaines catégories d'étudiants.

Se faire aider

D'autres défis se dressent devant les étudiants étrangers. Souvent seuls dans un pays qu'ils ne connaissent pas, ils doivent gérer le choc culturel, le mal du pays. Les coups de blues peuvent survenir, d'autant plus lorsque la vie est dure. Les problèmes financiers empêchent de bien étudier. Le contexte international anxiogène rend la projection difficile.

Pourtant, de nombreux étudiants étrangers restent confiants. C'est aussi ce que révèle l'enquête du magazine scientifique Nature. S'ils reconnaissent traverser des moments difficiles, l'expatriation reste pour eux une bonne expérience. Pour certains, les défis sont autant d'opportunités à embrasser. D'autres créent des structures d'aide et d'accueil répondant aux besoins des étudiants étrangers. Ils sont passés par là, ils savent quels problèmes rencontrent les étudiants internationaux. D'autres encore fondent des cabinets de recrutement et de conseil, là encore, spécialement pensés pour les étudiants étrangers. Ces talents internationaux veulent croire qu'une autre voie est toujours possible : celle qu'ils construisent.

Liens utiles :

En français

Association générale des étudiants de Paris

Groupe Réussite : aides aux étudiants étrangers pour financer leurs études

Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE)

Accueil et Langue Française pour les Étudiants étrangers (ALFEE)

En anglais

Study Australia : support service for students

Council of International Students Australia (CISA)

Association of International Educators (US)

Japan Students Services Organization (JASSO)

British Council : scholarships and funding

UK Council for International Student Affairs

International Student Services Organization (Canada)

International Student Services Association (ISSA)

Scolarité et études
études
A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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