Depuis son lancement fin 2022, l'outil d'intelligence artificielle ChatGPT a suscité de nombreuses controverses dans le milieu universitaire. Il a brouillé la frontière entre la recherche originale et le plagiat d'une manière que les universités ne sont toujours pas parvenues à se retrouver. De nombreuses universités ont explicitement interdit ChatGPT dans leur politique contre le plagiat, mais d'autres restent ambivalentes quant à son utilisation. Un autre danger guette les étudiants étrangers : s'ils sont accusés de plagiat, ils risquent de perdre leur visa d'étudiant ainsi que le droit de séjourner dans le pays.
Comment les étudiants utilisent-ils ChatGPT ?
Les étudiants, nationaux et internationaux, qu'ils soient au lycée ou à l'université, utilisent ChatGPT de diverses manières.
Les étudiants en informatique sont nombreux à l'avoir utilisé pour écrire du code. Au stade de la réflexion et de la recherche lors de la rédaction d'une dissertation, de nombreux étudiants ont recours à ChatGPT pour les guider vers des sources académiques pertinentes. Cependant, certains vont jusqu'à demander au robot de rédiger entièrement leur essai, ce qui les fait entrer dangereusement dans la zone de plagiat et de tricherie. D'autres utilisent l'IA pour s'entraîner à des tests standardisés tels que le Graduate Record Examination (GRE) et le Test of English as a Foreign Language (TOEFL), soit le Test d'anglais langue étrangère. Pour les étudiants en sciences naturelles, il peut repérer des modèles dans les données ou mesurer les niveaux de variabilité biomédicale.
Les étudiants étrangers suivent souvent des cours qui ne sont pas dispensés dans leur langue maternelle ou dans leur langue académique principale. Ils éprouvent souvent ce que l'universitaire Elaine Kolker Horwitz a qualifié d'« anxiété liée à la langue étrangère », qui affecte leur réussite académique. L'anxiété liée à la langue étrangère les pousse à occuper des places à l'arrière, à minimiser leur participation en classe et à se rendre « invisibles », à hésiter à demander de l'aide aux professeurs et, surtout, à hésiter à rédiger des travaux dans cette langue étrangère.
Plusieurs outils peuvent aider les étudiants internationaux qui souffrent d'anxiété liée à la langue étrangère à rédiger leurs dissertations. Des sites web ou des applications comme Grammarly, Merci, ProWritingAid, Hemingway App et WhiteSmoke les aident à vérifier les erreurs grammaticales et les fautes de frappe dans leurs dissertations. Ils améliorent également la lisibilité globale de leur travail en réécrivant les phrases confuses et en suggérant des synonymes. D'autres sites web comme Linguee et Reverso aident les étudiants à voir comment les mots de différentes langues sont utilisés en contexte dans des sources réelles comme les sous-titres de films et les sites d'information.
Les sites web ou applications susmentionnés sont acceptés dans les universités depuis de nombreuses années. Il s'agit simplement d'outils qui aident les étudiants de la même manière qu'une calculatrice ; ils ne les remplacent pas pour faire le gros du travail, à savoir la recherche, trouver des idées originales et savoir comment organiser ces idées. Cependant, certaines utilisations des outils comme ChatGPT vont plus loin. Faire écrire au robot l'intégralité de votre essai dans une seconde langue ou réaliser l'intégralité de votre travail de codage pourrait vous mener à une suspension, voire une expulsion pour faute académique.
Comment ChatGPT peut-il mettre en danger le statut de visa d'un étudiant ?
Toutes les universités ont un code de conduite et des règles d'intégrité académique. Ces règles sont énumérées sur le site Web de l'université et peuvent même vous être présentées sous la forme d'un document que vous devez signer au début de votre formation. Il est essentiel d'être au courant de ces règles en tant qu'étudiant étranger afin d'éviter d'avoir des ennuis non seulement avec l'université, mais aussi avec la loi.
Chaque université peut être plus ou moins stricte sur des questions telles que la consommation d'alcool ou de drogues à des fins récréatives sur le campus, l'absentéisme et la tricherie. Si un étudiant est expulsé à la suite d'un écart de conduite, il perd automatiquement son visa d'étudiant et doit quitter le pays dans les semaines qui suivent. Les universités doivent généralement informer le service de l'immigration du pays si un étudiant international titulaire d'un visa n'y est plus admis. Aux États-Unis, par exemple, la loi fédérale exige qu'un établissement d'enseignement supérieur mette un terme au dossier SEVIS (Student and Exchange Visitor Information System) d'un étudiant s'il est expulsé.
ChatGPT étant très récent, de nombreuses universités ne l'ont que récemment inclut à leur code de conduite académique ou sont en train de le faire. À Hong Kong, l'université chinoise de Hong Kong et l'université Baptiste ont toutes deux explicitement fait ressortir que l'utilisation du robot sans une autorisation du professeur entraînerait une baisse des notes académiques, un échec, une suspension ou même une expulsion. En France, le prestigieux Science Po a interdit cet outil en janvier.
Certaines universités autorisent partiellement l'outil pour certains cours ou avec l'accord du professeur. Par exemple, à l'université de Tufts, aux États-Unis, il est interdit d'utiliser ChatGPT dans les cours d'informatique et d'ingénierie de niveau inférieur, mais l'outil est autorisé dans certains cours d'ingénierie avancés, à condition que les étudiants soumettent des enregistrements de toutes leurs interactions avec le robot.
En effet, si vous utilisez ChatGPT avec l'autorisation de votre professeur, surtout s'il s'agit de quelque chose de simple comme trouver des contre-thèses possibles à votre thèse ou vous guider vers des sources académiques, vous pouvez simplement ajouter le robot à votre bibliographie à la fin de la même manière que vous ajouteriez une encyclopédie que vous avez consultée. Il s'agit là d'une utilisation éthique du robot. En revanche, si vous l'utilisez sans autorisation et pour d'autres motifs, vous risquez de vous faire prendre.
Un étudiant de Princeton a récemment créé un autre logiciel, GPTZero, qui peut détecter si une dissertation a été rédigée par ChatGPT. D'autres moyens de détecter l'utilisation de ChatGPT sont susceptibles de voir le jour à l'avenir. Le professeur peut aussi simplement détecter que les étudiants étrangers ont triché avec le robot si le niveau de langue utilisé dans la dissertation est beaucoup plus élevé que leur niveau habituel dans d'autres devoirs. Comme le robot est encore en cours d'élaboration, les dissertations qu'il produit peuvent également être absurdes, même si elles semblent bien structurées. C'est particulièrement le cas pour les dissertations en arts et sciences humaines, qui ne peuvent jamais être reproduites de manière uniforme.
Alors soyez prudent dans votre utilisation de l'intelligence artificielle. Une utilisation contraire à l'éthique, même si vous pensez que vous n'allez pas être découvert, peut mettre en danger votre statut d'étudiant international. Avec l'avènement des nouvelles technologies, les concepts de tricherie évoluent également. Si vous vous faites prendre et que vous devez comparaître devant un comité disciplinaire, évitez de répondre « je ne savais pas que ça compte comme de la triche » pour votre défense.