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Nouvelles règles pour les étrangers à Bali : ce que vous devez savoir

couple etranger a Bali
Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 16 Juin 2023

Oui aux touristes et aux expatriés, mais dans le respect des règles. I Wayan Koster, le gouverneur de Bali remet de l'ordre et rappelle les fondamentaux de la bienséance dans une nouvelle circulaire. Effective depuis le 31 mai, elle fixe de nouvelles règles pour les touristes internationaux, mais aussi pour les expatriés. Une mesure indispensable, selon le gouverneur, qui constate un « relâchement de plus en plus important » chez certains visiteurs étrangers.

Strict respect des lieux sacrés

« Relâchés », les étrangers en visite à Bali ? Ces derniers mois, plusieurs vidéos (notamment sur TikTok) qui ont provoqué un bad buzz. Plages souillées, rues sales, touristes se déshabillant près des monuments sacrés, dansant nus dans les monuments sacrés, conduisant dénudés et sans permis… La circulaire rappelle les interdits et les sanctions en cas d'infractions.

Les premières règles concernent les lieux sacrés. Les autorités ont constaté que certains étrangers prennent tout lieu comme bon à visiter et adoptent des attitudes contraires à la culture locale : ils grimpent sur les monuments et arbres sacrés, s'y photographient dans des tenues inappropriées (vêtements trop courts, décolletés...), ne respectent pas les symboles religieux…

Depuis la réouverture des frontières, Bali a retrouvé son rang de cité touristique. Le gouvernement investit d'ailleurs massivement, et pour faire venir les touristes, et pour attirer davantage d'expatriés. Après le Second home visa, il vient de mettre en place le Golden visa et le visa nomade numérique. Car les nomades numériques, ces nouveaux travailleurs 5.0, sont la nouvelle cible des États. Bali espère bien marquer des points avec son visa nomade numérique de 5 ans, bien plus long que ceux des autres États. Mais Bali espère aussi que ces expatriés respecteront les traditions locales.

Les autorités rappellent que les lieux sacrés (comme le célèbre temple de Pratima) ne sont pas des places touristiques. Les étrangers ont l'interdiction d'y pénétrer à moins de venir y prier. S'ils viennent y prier, ils devront porter les vêtements traditionnels de Bali. Les femmes ne pourront pas pénétrer dans ces lieux durant leurs menstruations. De même, les vingt-deux montagnes de Bali sont des monuments sacrés. Interdiction d'y grimper à moins qu'il n'y ait une cérémonie religieuse. Outre l'irrespect envers les traditions et la culture, ces ascensions sauvages menacent l'environnement.

Attitude dans les lieux publics

En tant qu'étranger, on oublie parfois qu'une simple tenue vestimentaire n'est pas aussi « simple » qu'il y paraît. À Bali, le respect de la culture et des traditions locales passe aussi par le port obligatoire d'une tenue « modeste, raisonnable et appropriée ». La règle vaut partout : tenue traditionnelle pour aller prier, tenue appropriée pour circuler sur les places publiques, dans les zones touristiques ou pour pratiquer une activité.

Exit donc les tenues trop moulantes, trop courtes, les décolletés et autres vêtements considérés comme irrespectueux envers la culture locale. La tenue modeste s'accompagne d'un comportement lui aussi respectueux, dans tous les lieux (zones touristiques, restaurants, hôtels…). Pour s'assurer du respect des règles, des guides pourraient même accompagner les voyageurs lorsqu'ils visitent les attractions touristiques. Faire du bruit, dire des grossièretés, être violent, inciter à la haine ou diffuser de fausses informations sont également prohibés.

Attention aux lieux de séjours : la circulaire rappelle que les visiteurs étrangers ont l'obligation de séjourner dans les hôtels disposant des autorisations requises. La mesure vient pour casser la pratique des logements Airbnb et autres guesthouses qui ne paieraient pas de taxes, contrairement aux hôtels agréés. C'est justement pour mieux les réguler que les autorités ont pris ces dispositions. La mesure pourrait aussi affecter les logements dits informels (loger chez des amis, chez des locaux, par exemple).

Attention aussi aux déchets. Bali s'est engagée à lutter contre la pollution environnementale et à garantir un tourisme plus écologique. Jeter ses déchets dans la rue, la mer ou la rivière est strictement interdit. Interdiction également d'utiliser les sacs plastiques à usage unique et les pailles en plastique.

Règles concernant le monde des affaires

Certains touristes ont semblé oublier une règle élémentaire : en tant que touristes, ils ne peuvent pas faire travailler ni faire des affaires. S'ils veulent exercer des activités commerciales, ils doivent au préalable en obtenir le droit auprès des autorités compétentes, qui leur délivreront un document officiel. Acheter ou vendre des objets culturels, artefacts, flores ou faunes sacrés est illégal, au même titre que l'achat ou la vente de drogue. Prudence aussi concernant l'échange de devises étrangères. La circulaire rappelle que ces échanges ne peuvent se faire que dans les établissements agréés, disposant d'un numéro de licence et d'un logo de QR Code émanant de la Banque d'Indonésie.

Circuler à Bali

Interdiction de rouler sans permis : les étrangers doivent posséder un permis international ou national valide et utiliser des véhicules appropriés. Le port du casque est obligatoire pour les conducteurs de deux-roues. Cette mesure survient après que de nombreux cas de conducteurs de scooter sans permis et sans tenue appropriée ont été rapportés. Conduire un scooter à Bali fait partie des activités à la mode. Or, de nombreux étrangers ne portent pas de casque et déambulent en short. Interdiction aussi de transporter plus de passagers que le véhicule ne peut en supporter. Bien entendu, la conduite en état d'ivresse ou sous l'influence de drogues reste strictement interdite.

Quelles implications pour les expatriés ?

Pour le gouvernement, ces règles sont avant tout des rappels de bon sens. Le problème est que ces « rappels de bon sens » pourraient n'être pas compris par une tranche d'expatriés. On parle ici de certains jeunes, dont certains influenceurs, qui ont contribué au succès de Bali auprès de leur tranche d'âge. Ils filment leur vie de nomade numérique branché, dans une ville connue pour ses beaux paysages, mais sans toujours tenir compte de la culture locale. Ces influenceurs à l'esprit libre semblent souvent davantage portés sur les sensations que sur le respect de la culture. D'où les dérives vues sur les réseaux sociaux.

En revanche, les questions se posent concernant les logements. Les expatriés devront-ils trouver d'emblée un logement agrée par le gouvernement ? Pourront-ils loger chez des amis ? Est-ce la fin des petits arrangements entre expatriés et/ou avec des connaissances résidant sur place ? Pour l'instant, la circulaire ne serre la vis que pour les touristes.

La circulaire du gouverneur I Wayan Koster attirera-t-elle moins d'expatriés ? Moins de nomades numériques ? S'il est encore trop tôt pour établir des conclusions, certains observateurs se montrent optimistes. Ils rappellent que la majorité des expatriés vient aussi à Bali pour son cadre de vie. Les mesures du gouvernement, qui s'inscrivent dans un cadre global de lutte pour la préservation de l'environnement, sont dans l'air du temps. De plus en plus d'expatriés se disent sensibilisés à l'écologie. Ils ne souhaitent justement pas partir pour une destination asphyxiée par les touristes et déchets. Ils se sentent les premiers concernés par le respect de leur environnement.

Vers un quota des expatriés ?

Les contrôles pourraient en revanche se muscler côté « monde des affaires ». La circulaire rappelle l'obligation de disposer des documents qui permettent d'exercer telle ou telle activité commerciale. Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes influenceurs aux contrats et activités parfois floues. Les mauvaises langues diront que le gouvernement chercherait justement à en pousser certains hors de Bali, pour attirer plutôt les nomades numériques, et les riches investisseurs étrangers. Début mai, I Wayan Koster évoquait d'ailleurs une possible introduction du quota pour mieux réguler le nombre d'étrangers sur Bali. Plus que la circulaire, c'est cette mesure qui, si elle était appliquée et étendue à tous les étrangers, pourrait, de fait, limiter le nombre d'expatriés à Bali.

Pour l'instant, aucun quota n'est à l'ordre du jour. Le gouvernement espère que sa circulaire aura les effets escomptés. Mais I Wayan Koster a déjà prévenu : le tourisme de masse à Bali, c'est fini. Les expatriés seront-ils concernés ? A priori, non, si l'on considère les mesures pour les accueillir. Cette position tranchée du gouvernement s'inscrit, là encore, dans la promotion d'une Bali plus verte. Loin de décourager les candidats à l'expatriation, elle pourrait au contraire les faire venir. Non au tourisme de masse qui dénature, mais oui au voyage et à l'expatriation qui préservent les paysages et respectent la culture de Bali. C'est toute l'ambition de cette nouvelle circulaire. C'est justement ce que viennent rechercher nombre de nomades numériques.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

Commentaires

  • shaper24
    shaper24l'année dernière

    Pas d’inquietude a avoir pour la reduction du tourisme de masse: le trafic qui se rapproche chaque année de celui de Jakarta, avec embouteillages jusque sur les trottoirs de 2-roues repousses par de plus en plus d’autos, grosses, aux conducteurs , locaux, avec permis (achètes) mais sans la moindre formation et de plus en plus agressifs envers eux selon « la regle du plus gros », sans oublier l’augmentation de la vitesse generale, la diminution de frequentation se fera d’elle-meme, sans aller chercher des causes exogenes teintees de xenophobie.

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