Pays les plus plébiscités par les étudiants étrangers
D'après la dernière étude de Campus France rassemblant les données de l'UNESCO, de l'OCDE et d'Eurostat, la mobilité étudiante dans le monde a progressé de 4 % entre 2019 et 2020, et de 32% sur 5 ans. On compte en 2020 6,4 millions d'étudiants étrangers. Des étudiants qui se rendent majoritairement aux États-Unis (957 475). La première puissance mondiale était déjà la première destination étudiante en 2015. Elle le reste en 2020, mais accuse une perte de vitesse (-2 % d'étudiants étrangers entre 2019 et 2020) se voit rattrapée par d'autres pays. Le géant américain a perdu en attractivité suite à la Covid ; même constat pour l'Australie, et sa politique très stricte anti-Covid. L'Australie conserve elle aussi sa position (3e), mais dégringole, avec 10 % d'étudiants étrangers entre 2019 et 2020. Au milieu, le Royaume-Uni, qui garde également son 2e rang. Mais contrairement aux États-Unis et à l'Australie, et malgré le Brexit, l'État britannique enregistre +13 % d'étudiants étrangers entre 2019 et 2020. L'Allemagne arrive au pied du podium, mais attire davantage d'étudiants. Même constat pour le Canada (5e), la France (6e), la Chine (7e – Hong Kong et Macao inclus) et le Japon (8e). Le nombre d'étudiants étrangers baisse légèrement aux Émirats arabes unis (9e), mais remonte fortement pour la Turquie.
La Turquie, 10e au classement des pays plébiscités par les étudiants étrangers, enregistre la plus forte hausse sur la période 2019-2020. Mais attention. L'étude rappelle que les États ne collectent pas leurs données de la même manière. Par exemple, la Chine et les EAU n'indiquent pas le pays d'origine des étudiants étrangers, limitant ainsi les possibilités d'analyse. D'autres pays, comme les États-Unis, le Canada, la Turquie, l'Argentine (12e) et la Corée du Sud (13e) incluent tous les étudiants étrangers, et pas seulement les étudiants en mobilité, d'où une surestimation du nombre d'étudiants étrangers.
De quels pays viennent les étudiants étrangers ?
Les étudiants chinois étaient déjà les plus mobiles en 2015. Ils le restent en 2020, malgré une progression au ralenti entre 2019 et 2020 (+2%). On compte 1 067 165 étudiants chinois en mobilité en 2020 (le chiffre comprend Hong Kong et Macao). L'Inde conserve également sa deuxième position, avec 516 238 étudiants dans le monde. La progression sur 2019-2020 est cependant nettement plus forte que la Chine (+12%). Avec +6 % de ses ressortissants partant étudier à l'étranger entre 2019 et 2020, le Vietnam bondit à la 3e position en 2020 ; il était 11e en 2015. Les étudiants allemands sont un peu moins mobiles : l'Allemagne arrive 4e, c'est une place de moins qu'en 2015. Les étudiants américains sont plus mobiles. Le pays se hisse à la 5e place (8e rang en 2015). Viennent ensuite la France (6e), la Corée du Sud (7e), le Népal (8e), le Kazakhstan (9e) et le Brésil (10e).
Là aussi, la crise sanitaire explique une partie des ralentissements observés, avec une mobilité freinée, voire stoppée durant les premiers temps de la pandémie. Ce ralentissement est notamment observé en Chine, en Inde et au Vietnam, qui affichent des progressions plus lentes sur la période 2019-2020. La région Asie-Océanie demeure néanmoins la première région de départ des étudiants étrangers (44 % d'étudiants mobiles en 2020). Elle devance l'Europe (27%), l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient (11%), les Amériques (10%) et l'Afrique subsaharienne (8%).
Mobilité étudiante : contextes géopolitiques et stratégie des États
Les contextes géopolitiques peuvent aussi expliquer en partie la forte progression de certaines mobilités étudiantes. En 2020, la Syrie (11e position) compte 87 057 de ses ressortissants qui étudient à l'étranger, soit, une hausse de 16 % sur la période 2019-2020. La hausse est encore plus impressionnante sur la période 2015-2020 (+126%). La guerre en Syrie a poussé nombre d'étudiants à poursuivre leur scolarité à l'étranger, essentiellement vers la Turquie.
Les réformes internes au pays peuvent également expliquer une partie de la baisse de certaines mobilités étudiantes. Ainsi, les étudiants saoudiens sont moins mobiles. Ils étaient 7e en 2015. Ils sont 20e en 2020, avec 58 936 étudiants à l'étranger. Soit, une baisse de 12 % en 2019-2020 et même de 32 % sur la période 2015-2020. En 2019, le gouvernement saoudien annonce investir 500 millions de dollars dans l'éducation. Un vaste plan destiné à améliorer les infrastructures universitaires et à en construire d'autres pour les étudiants. Des étudiants qui profitent d'un cadre internationalisé depuis longtemps, avec nombre d'enseignants étrangers et de Saoudiens formés à l'étranger (principalement dans les pays anglophones).
En 2020, plus de 51 millions de dollars sont investis dans l'éducation, pour favoriser « les jeunes talents ». En 2022, le ministre de l'Éducation saoudien encourage les partenariats entre les universités saoudiennes et américaines. Tous ces plans s'inscrivent dans « Vision 2030 », vaste programme de modernisation de l'Arabie saoudite. Une modernisation qui peut expliquer la baisse du nombre d'étudiants mobiles. En parallèle, l'Arabie saoudite annonce, en mars 2022, un plan visant à envoyer 70 000 de ses étudiants dans les meilleures universités étrangères.
Conclusion
Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre et de baisse démographique frappant de nombreux pays, la mobilité étudiante internationale reste un enjeu économique et social majeur. Selon l'UNESCO, les étudiants en mobilité internationale pourraient être 9 millions en 2025. Les États multiplient les plans pour attirer et surtout faire rester les étudiants. Les Émirats arabes unis proposent ainsi un Golden Visa taillé pour les jeunes talents lycéens et étudiants. Les titulaires d'un doctorat peuvent aussi prétendre au Golden Visa. En avril, le Japon a lancé « J-Find », visa réservé aux diplômés « d'universités prestigieuses ». L'Allemagne et son nouveau plan d'immigration visent à devenir la nouvelle destination phare des talents étrangers. Le 4e pays le plus plébiscité par les étudiants étrangers veut devenir le pays au système d'immigration « le plus moderne d'Europe ».