Génération Z : les nouveaux codes du travail à l'étranger

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Publié le 2024-06-25 à 12:00 par Asaël Häzaq
Ils ont moins de 25 ans et rêvent d'une nouvelle vie à l'étranger. Leur vision du monde du travail n'est cependant pas comme celle de leurs aînés. Qui sont ces « nouveaux expatriés » qui bousculent les codes traditionnels de l'entreprise ?

L'expatriation dans les yeux de la génération Z

Ils sont nés peu avant l'an 2000, avec Internet, les smartphones et les réseaux sociaux. On les dit égoïstes, paresseux, peu impliqués dans le travail et peu pressés d'en trouver. Les jeunes de la génération Z (Gen Z) auraient perdu le goût de l'effort pour se perdre dans les méandres du monde ultra-connecté. Mais la réalité dément le cliché. Confèrent les millions de jeunes qui, chaque année, osent partir étudier ou travailler à l'étranger.

Les jeunes qui immigrent à l'étranger et ceux qui rêvent de voyager sont bien conscients des difficultés de l'économie mondiale. Ils seraient même plus pessimistes que leurs aînés. Du monde économique, ils ne retiennent que les crises financières et géopolitiques. Sans compter la crise sanitaire, qui a repoussé ou annulé bien des projets d'expatriation.

Comment la génération Z voit-elle le monde du travail ?

Qu'ils vivent aux États-Unis, en Allemagne, en Espagne, au Maroc ou au Japon, les jeunes évoquent un monde du travail « compliqué », « dur à comprendre », « impitoyable », surtout avec les nouveaux. On trouve bien sûr des variables qui peuvent être importantes, selon le milieu social du jeune, son vécu, son expérience professionnelle, etc. Mais on remarque des similitudes. La « dureté » du monde du travail peut être source d'incompréhensions. Les experts notent plusieurs nouvelles tendances du monde du travail qui impactent la génération Z, notamment les candidats à l'expatriation.

Décalage entre le poste et l'offre d'emploi

La première d'entre elles concerne le travail en lui-même. Combien de jeunes expatriés se sont retrouvés dans un poste ne correspondant pas à leurs attentes ? Mauvaise description du poste, mauvaise compréhension avec l'employeur… Les voici contraints d'effectuer un travail dans lequel ils ne s'épanouissent pas. Ce manque de clarté nuit autant à l'expat qu'à l'entreprise.

Recherche d'emploi malgré une prise de poste à l'étranger

Autre tendance, directement liée à la conjoncture morose : les jeunes expats restent en recherche d'emploi même s'ils sont en poste à l'étranger. Ils estiment qu'ils peuvent toujours trouver de meilleures opportunités ailleurs. Cette quête « du meilleur » répond à une crainte d'être remplacé par un autre, dans un marché du travail international instable et fortement concurrentiel. Les vagues de démissions mais aussi de licenciements dans la Tech restent dans toutes les mémoires. Le boom de l'IA enthousiasme autant qu'il inquiète. Contrairement aux idées reçues, les actifs de la génération Z ne sont pas forcément des flambeurs vivant au jour le jour. Les jeunes travailleurs internationaux veulent assurer leurs arrières.

Attachement à l'entreprise étrangère

La recherche d'un autre emploi ne rend pas les jeunes expats plus oisifs et/ou moins engagés dans leur entreprise. Au contraire, ils veulent faire leurs preuves et être membres à part entière de l'entreprise. Ils ne sont néanmoins pas prêts à sacrifier leur santé pour cela. Contrairement aux baby-boomers (enfants nés entre 1946 et 1964), la Gen Z refuse de vivre pour le travail. L'expatriation professionnelle s'inscrit dans le parcours de vie.

Toujours plus d'autonomie

C'est une autre tendance forte qui s'installe, en lien direct avec la place qu'occupe le travail pour la génération Z. La crise sanitaire a conduit au boom du télétravail et de nouvelles organisations du travail. Les jeunes expats ont manifesté plus clairement leur désir d'autonomie. Ils refusent d'être de simples exécutants, mais veulent participer à l'organisation de leur mission ainsi qu'à l'organisation du travail. Cette autonomie leur permet de mieux gérer l'équilibre vie professionnelle/vie privée. Car, pour eux, l'expatriation professionnelle doit aussi permettre l'épanouissement dans les autres sphères sociales. Les jeunes étrangers revendiquent du temps pour se consacrer à leurs activités et à leurs proches.

Travail à l'étranger : ce que veut la génération Z

Si la Gen Z est plus pessimiste que les générations précédentes, elle croit toujours que les rêves sont possibles : « rêve américain », « rêve canadien », « rêve australien »… Ceux qui partent espèrent « s'accomplir » à l'étranger. L'expatriation prend des airs de parcours initiatique. Paradoxalement, cette quête de sens n'empêche pas certains comportements à risque. Les jeunes seraient plus nombreux à se lancer sur des marchés économiques risqués, comme celui des cryptomonnaies. Les success stories des nouveaux riches vivant une vie de rêve à Dubaï précipitent leur projet d'expatriation. Mais la réalité peut être très différente du rêve vendu sur les réseaux sociaux.

Certains employeurs reprochent aux jeunes une vision radicale. Avec eux, ce serait « tout ou rien ». Ils voudraient le « job de leur vie » à l'étranger, avec un bon salaire, une grande flexibilité et beaucoup de temps libre. Les concernés préfèrent s'éloigner de la caricature. Ils estiment être parmi les premiers touchés par le marasme économique et les politiques des États. Ils partent étudier à l'étranger malgré le risque de précarité, acceptent des conditions de vie et de travail que d'autres n'accepteraient pas. Ils font déjà des sacrifices pour réaliser leur rêve. C'est l'une des raisons qui les poussent à militer pour une meilleure reconnaissance et prise en charge de la santé mentale au travail.

On rappelle bien entendu qu'il est impossible de dresser un portrait unique de la génération Z. Les différentes cultures et parcours de vie influencent et façonnent les jeunes candidats à l'expatriation. Certaines tendances observées ne sont d'ailleurs pas propres à la génération Z, mais touchent aussi les autres générations. La quête de sens, la préservation de la santé mentale, la balance vie professionnelle/vie privée sont des aspirations fortes visibles chez les expats plus âgés.