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Carrière internationale : quel impact sur votre santé mentale ?

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Écrit parAsaël Häzaqle 03 Juillet 2024

De plus en plus d'expatriés se disent sensibles à la préservation de la santé mentale. Loin d'opposer « carrière » et « santé mentale », ils prennent davantage conscience de l'importance de considérer le bien-être au travail. Quel impact le travail à l'étranger peut-il avoir sur la santé mentale ? Comment se préparer au travail à l'étranger et se protéger ? Analyse.

Quand le travail impacte la santé mentale des expatriés

Dans son rapport 2024 « A global state of mind » consacré à la santé mentale des expatriés, l'assureur international AXA dresse un constat alarmant. 4 expatriés sur 5 souffrent de problèmes de santé mentale. L'étude, menée du 15 novembre au 11 décembre 2023, a recueilli 16 000 témoignages d'expatriés de 16 pays (États-Unis, Japon, Allemagne…), âgés de 18 à 75 ans.

Plus de la moitié (54 %) des expatriés interrogés estiment que la santé mentale n'est pas correctement prise en charge par leur entreprise. Un chiffre en hausse de 6 points par rapport à 2022. La proportion est la plus forte chez les jeunes travailleurs étrangers (49 % chez les 18-24 ans). Les femmes sont également les plus impactées (34 %), loin devant les hommes (14 %). Ces différences soulèvent le problème des discriminations liées à l'âge et au genre. Tous les salariés ne sont pas égaux sur le marché du travail international. Dans certains pays, la législation régresse en matière de droits des femmes. D'autres n'offrent que peu de perspectives pour les expats seniors (excepté, à la marge, les directeurs et professionnels très qualifiés).

Pourquoi s'expatrier ? Les travailleurs étrangers pressurisés dans leur vie professionnelle sont nombreux à s'interroger. 80 % des sondés lient leur mauvais environnement de travail à leurs troubles de santé mentale. Les auteurs de l'étude rappellent que les troubles de santé mentale se manifestent différemment : chaque personne est unique. S'il existe de grandes catégories de symptômes, il n'existe pas une manière de réagir propre aux expatriés. Les résultats de l'étude les confirment. Certains expatriés perdent confiance en eux, perdent l'appétit, perdent leurs repères. D'autres développent des troubles du sommeil, des difficultés de concentration, une fatigue ou un ennui chronique (bore-out).

Protéger sa carrière et préserver sa santé

Rhumes et angines à répétition, courbatures, perte de concentration, rythme ralenti… Les troubles de santé mentale se manifestent par des symptômes qui rappellent ceux de maladies que l'on pense bénignes (du moins, facilement soignables). Mais lorsque les arrêts maladie se multiplient, il convient de s'interroger. Loin de permettre le repos et le rétablissement de l'expatrié, les arrêts maladie à répétition témoignent de sa souffrance. L'étude révèle qu'en 2023, 27 % des expatriés sondés ont eu au moins un arrêt maladie à cause de leur souffrance psychologique. Là encore, les jeunes sont les plus affectés (54 %). Les managers étrangers sont aussi plus impactés (38 %). Ils évoquent leur position particulièrement délicate dans l'entreprise, source de pression accrue. Plus vulnérables, les travailleurs étrangers sont davantage amenés à demander un arrêt maladie. L'an dernier, les travailleurs étrangers ont demandé 2 fois plus d'arrêts maladie que les natifs.

Pour préserver leur carrière, les expatriés préfèrent ignorer les signes de leur souffrance mentale. Une souffrance qui peut être psychologique et/ou physique. L'étude rappelle que la détresse psychologique n'est pas moins importante que la détresse physique. Les deux peuvent être d'ailleurs liées. Une récente enquête concernant les soignants étrangers expatriés au Koweït révèle que 85,9 % d'entre eux sont exposés à une forme de violence. 77,3 % d'entre eux ont déjà été exposés à la violence physique. 48,8 % ont subi une violence psychologique. L'enquête a été conduite par le docteur Hoda Al-Gharib, consulat pour le ministère koweïtien de la Santé. Le docteur Al-Gharib préconise un vaste plan pour lutter contre la violence dans la santé.

Faut-il parler de sa détresse psychologique à son employeur ?

S'expatrie-t-on pour survivre ou pour faire carrière ? À qui se confier lorsque le travail devient une souffrance ? Alors que la crise sanitaire a remis la préservation de la santé mentale au cœur des objectifs de l'entreprise, le constat reste mitigé. Des pays restent en avance alors que d'autres stagnent sur la question. Les travailleurs étrangers (comme les locaux) peinent encore à se confier à leurs managers. C'est le cas des répondants à l'enquête : 52 % reconnaissent avoir du mal à parler de leurs problèmes psychologiques avec leur manager. Car la santé mentale touche aussi à l'intime, à la personne. On glisse rapidement vers des aprioris négatifs.

C'est la raison pour laquelle de nombreux salariés préfèrent cacher leur détresse psychologique ou leurs troubles mentaux. Certains n'osent même pas aller consulter un médecin du travail, de peur d'être discrédités et de voir leur carrière entachée. Mais des solutions existent pour anticiper l'impact de sa carrière sur sa santé mentale. Faire carrière à l'étranger tout en se préservant est possible.

Carrière à l'étranger : les conseils pour préserver sa santé mentale

Carrière à l'étranger et bien-être font bien ensemble. Alors que l'OMS continue d'alerter les États sur l'urgence de mieux prendre en compte le bien-être au travail, des entreprises et des travailleurs se mobilisent pour bouger les lignes.

Redéfinir son métier

Toute activité professionnelle peut être stressante. Le stress varie néanmoins selon les tâches à accomplir, le niveau de responsabilité, les échéances à respecter, le danger (secrets professionnels à respecter, soins à prodiguer, enfants à surveiller, matériaux sensibles à transporter, etc.). Quelle carrière souhaitez-vous entreprendre à l'étranger ? Comment définissez-vous votre « carrière » ? Pour certains, il s'agit de diriger une entreprise à l'étranger ou de tout faire pour « monter les échelons ». Pour d'autres, la carrière s'apparente plus à un accomplissement de soi. Ces expatriés recherchent avant tout l'épanouissement personnel pour s'épanouir professionnellement. Vers quelle définition penchez-vous ?

Faire bien, mais pas « trop »

Quelle que soit votre définition de « faire carrière », n'en faites pas trop. Beaucoup d'expatriés dépassent leurs limites dans l'optique de bien se faire voir auprès de leur employeur. Certes, on peut comprendre un dépassement de soi ponctuel, quelques nuits blanches pour boucler un dossier ou achever une mission. Mais lorsque le dépassement et le travail sous stress deviennent votre unique mode d'organisation, vous avez déjà franchi la limite. Gare au surmenage et à l'épuisement professionnel. L'expatriation professionnelle ne signifie pas que toute votre vie doit tourner autour de votre carrière.

Se renseigner sur la prise en compte de la santé mentale dans l'entreprise

Entre les grandes déclarations et les faits, il peut y avoir un grand écart. Comment votre entreprise prend-elle en compte le bien-être de ses salariés ? Avez-vous pu en discuter avec votre employeur ? Certains expats n'hésitent plus à parler de santé mentale dès l'entretien d'embauche. D'autres hésitent, à cause des préjugés que l'on a encore sur le sujet. Les spécialistes eux-mêmes se divisent sur la question. Faut-il parler de santé mentale ? Faut-il dire à son futur employeur qu'on a traversé une dépression ou toute maladie liée à la santé mentale ? Les tenants du « oui » attestent que l'époque a changé et que les employeurs se montrent plus compréhensifs. Pour eux, aborder la question est aussi un bon moyen de « tester » l'entreprise étrangère. S'il sent le moindre malaise, l'expat pourra refuser le poste. Au contraire, les tenants du « non » recommandent de ne pas « se griller » en évoquant sa vie privée.

Parler et se protéger

Votre entreprise a-t-elle mis en place des ateliers de bien-être ? Propose-t-elle des cercles de parole ? Un médecin du travail est-il présent ? Comment les bureaux sont-ils agencés ? Quelle est l'organisation du travail ? Comment est l'ambiance au travail ? La parole est-elle libre ? Toutes ces questions vous permettront de mieux apprécier la prise en compte de la santé mentale et du bien-être dans l'entreprise.

Libérez la parole. S'il vous est trop difficile de parler à votre responsable, rapprochez-vous d'une personne de confiance. Amis nationaux et expatriés, groupes de soutien, associations… Si aucune structure physique n'existe dans votre ville, tournez-vous vers les groupes en ligne. Envisagez de faire une pause dans votre carrière à l'étranger si vous sentez que les choses vous échappent. Mieux vaut avancer plus lentement dans sa carrière, mais rester en bonne santé.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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